La technologie de l'Osmose inverse pour le traitement du "lixiviat", ne fait pas l'unanimité à Oran. Pendant que ses partisans la qualifient de solution "avérée", ses détracteurs, eux, la jugent "coûteuse" et "fragile". L'osmose inverse est un procédé de filtration, qui consiste à passer les "lexiviats" dans une machine pour les débarrasser de l'humidité.Ces affluents étant composés à 70% d'eau, leur traitement permet de réduire leurs quantités de manière significative. Il en résulte des boues, nommées "concentras", fortement chargées en toxines, explique-t-on. Le Directeur général de l'Agence nationale des déchets, Karim Ouamane, et le Directeur local de l'environnement, Mohamed Mekakia, ont considéré l'osmose inverse comme une "technologie efficace", qui a fait ses preuves dans d'autres pays. Par contre, des chercheurs des Universités d'Oran et de Tlemcen ont estimé que l'osmose inverse, qui a donné de "bons résultats" pour le dessalement de l'eau de mer, "n'est pas forcément appropriée pour le traitement des +lixiviats+". C'est le cas du Mohamed Hedjel, professeur à l'USTO-Mohamed Boudiaf (Oran) et Directeur du laboratoire Science et technologie du génie des procédés, qui a estimé que le succès d'une station d'osmose inverse est tributaire de plusieurs paramètres, la charge polluante notamment. Si le "lixiviat" est fortement chargé, la station risque de se colmater au bout de quelques mois seulement, a-t-il mis en garde, ajoutant que ces stations ont été conçues pour traiter des lixiviats répondant à certains paramètres.Un surdosage de polluants peut diminuer l'efficacité des traitements et endommager les équipements très rapidement. Dans ce cadre, le DG de l'AND a précisé que le choix de la technologie est intimement lié à la nature des composants du lixiviat et que des études ont été menées avant d'opter pour l'osmose inverse à Oran. Pour le Pr. Hedjal, "une seule analyse n'est pas suffisante", estimant qu'il est indispensable d'analyser régulièrement les lixiviats pour s'assurer que leurs charges répondent aux paramètres de la station. Il a préconisé également de recourir à des prétraitements biologiques ou physicochimiques, avant de les filtrer via l'osmose inverse. De son côté, le Pr. Ali Mansri, directeur du laboratoire Application des Electrolytes et des Polyélectrolytes Organiques de l'université de Tlemcen, rejoint cet avis estimant qu'"il n'y a pas de traitement type pour le lixiviat car, ces affluents étant de nature complexe et irrégulière", a-t-il expliqué. Une technologie coûteuse En plus du retard pour la mise en exploitation de la station de traitement de lixiviat de Hassi-Bounif, la directrice de l'EPIC CET Oran s'interroge sur d'autres questions en rapport avec son fonctionnement et sa maintenance coûteux. "Les membranes sont très coûteuses", s'inquiète-t-elle tout en s'interrogeant sur le sort de cette station en cas de panne. "S'il a fallu deux ans et demi pour démarrer une station sensée être fonctionnelle, combien de temps faudra-t-il pour la réparer en cas de panne '", s'est elle exclamée. Le directeur local de l'environnement ne partage pas ces appréhensions, car le fournisseur, l'entreprise algéro-allemande Amenhyd, garantit et assure le service après vente de la station pour dix ans. Pour le Pr. Mansri, ayant une longue expérience en tant qu'expert dans le domaine du dessalement de l'eau de mer par osmose inverse, il a estimé que cette technologie est "à peine efficace pour l'épuration des eaux de mer, mais ne peut aucunement présenter une solution pour les CET". Selon lui, l'osmose inverse est un système très coûteux et très sensible et il ne représente qu'une phase finale qui doit intervenir après des prétraitements encore plus chers. De son côté, Mme Chellal évoque un autre problème, en rapport avec la capacité de traitement de cette station. Alors que les capacités maximales de cette station ne dépassent pas les 80 m3/jour, les quantités du lixiviats générées au CET de Hassi-Bounif, à elles seules, dépassent, dans certaines périodes les 150 m3/jour. Le problème du sous-dimensionnement pourrait donc se poser, selon elle. Pour le directeur de l'environnement, les quantités des lixiviats n'atteignent leur maximum qu'au cours des périodes pluvieuses. Le climat de la région étant semi-aride, ces périodes ne dépassent pas les quelques semaines par an. Le problème de sous-dimensionnement n'est donc pas posé, selon lui, puisqu'il serait possible de stocker les lexiviats au cours des périodes pluvieuses pour les traiter durant les périodes sèches.
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Posté Le : 30/03/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Salim H
Source : www.lemaghrebdz.com