Algérie

Gestion des contentieux et anticipation des risques: Le juriste souvent appelé en pompier



En dépit des appels et de la sensibilisation auprès des entreprises, les opérateurs économiques continuent à recourir à l'expertise du juriste ou avocat-conseil en dernier ressort. C'est-à-dire en cas de contentieux inévitable.Les participants, hier, à «Légal Business Forum & Awards», un rendez-vous africain qui a eu pour thème cette année «Les grandes tendances juridiques 2023», tenu au Centre international de conférences Abdelatif Rahal (CIC), à Alger, ont plaidé à l'unanimité pour le renforcement de la position du juriste au sein de l'entreprise et au sein de l'équipe managériale. Autrement dit, le juriste ou l'avocat-conseil doit agir en amont et doit être mobilisé au début des projets pour des conseils, afin d'éviter les contentieux.
Maître Mohamed Baghdadi, bâtonnier d'Alger, a affirmé en marge de cet évènement, «qu'effectivement, le juriste est appelé en pompier chez nous.
Il s'agit là d'une petite déformation au niveau de nos différents opérateurs et au niveau des administrations, au niveau des opérateurs économiques». Et d'enchaîner : «On croit faire l'économie d'un juriste ou d'un avocat-conseil pour préparer des actes, des traités ou des contrats. Les opérateurs croient souvent qu'ils vont économiser de l'argent, mais quand il y a un contentieux, ils payent beaucoup d'argent». C'est une question de mentalité, dit-il, en précisant qu'il y a beaucoup d'entreprises en contentieux. «Les chefs d'entreprises croient faire l'économie de la rédaction d'un contrat en calquant un vieux contrat, souvent procuré chez un collègue ou une administration en faisant du copier-coller». «Alors qu'en principe, ces opérateurs doivent faire appel à des juristes ou des avocats-conseils». Il précise qu'un contrat ou un traité est un costume sur mesure qu'on taille selon la nature du projet ou de la relation qu'on veut établir». Ce qui explique, souligne-t-il, en grande partie l'échec de nos entreprises lorsqu'elles sont confrontées à des contentieux au niveau de l'arbitrage. Et de souligner «c'est parce qu'on ne donne pas suffisamment d'importance à la fonction juridique que ce soit dans le cadre de l'entreprise ou dans le cadre de la relation avec les véritables professionnels chargés de prendre en charge ce type de contrat et de relations économiques».
Pour ce qui est de l'arbitrage, Maître Baghdadi affirme que souvent les opérateurs économiques ont peur de l'arbitrage traditionnel, «la justice traditionnelle officielle». Il dira : «C'est une mentalité et c'est une réalité que je dis avec amertume».
La solution, selon ses propos, réside dans la spécialisation. C'est ce qui est en train de se faire. «Le ministère de la Justice a décidé de procéder à la spécialisation en mettant en place des juridictions spécialisées commerciales». Il précise : «Ça commence à se faire, c'est une bonne chose, les magistrats seront moins encombrés et feront certainement bien leur travail et la justice sera bien rendue».
Le bâtonnier d'Alger a, en outre, déploré le nombre très réduit des avocats qui font dans le conseil et l'absence de sociétés d'avocats spécialisés. Il a aussi appelé à la nécessité de renforcer la formation des avocats notamment la gestion et le traitement des contentieux.


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