Algérie

Gestion des conflits et des crises



«Le rôle des intellectuels» en débat à Sidi Bel-Abbès «Le rôle des intellectuels dans la gestion des conflits et des crises» est le thème générique d’une conférence-débat animée, hier, à l’université Djillali Liabès de Sidi Bel-Abbès par le docteur Mustapha Daidj, enseignant à l’institut des sciences de théologie et des religions (ISTR) de Marseille. «Au-delà de l’érudition des experts, des références au connu et de la transmission d’un certain savoir élaboré et figé», le conférencier s’attachera d’abord, dans sa communication, à faire de manière très discursive un rappel de définitions sur un certain nombre de notions-clés (intellectuel, conflit, crise, bonne gouvernance...) et répondre par la suite à un ensemble de questions sous-tendues par le sujet thématique de cette édifiante conférence-débat organisée à l’initiative commune de l’Académie de la société civile algérienne et du rectorat de l’université hôte.Le docteur Daidj tiendra d’emblée à faire remarquer que «la position actuelle de l’intellectuel est très ambiguë, voire paradoxale. Elle n’est pas des plus faciles non plus». «Pourquoi?» s’interrogera le conférencier avant de poursuivre: «Parce que l’intellectuel est tout simplement tiraillé de tous côtés. Certains disent qu’il n’est pas engagé, d’autres au contraire qu’il a trahi. On parle de plus en plus de la trahison des clercs... Pour ainsi dire, chacun a sa propre opinion de l’intellectuel. Et puis, il y a d’autres personnes qui vous diront par ailleurs: Attention! l’intellectuel a trahi en ce sens qu’il est entre les mains d’un pouvoir quelconque qui essaie toujours de le manipuler pour en faire finalement ‘sa chose’.» «Il nous appartient donc, soulignera le conférencier, d’être au clair avec ce concept d’intellectuels. Et lorsque l’on parle d’eux, il faut se dire qu’il n’y a pas des intellectuels mais tout simplement des individus qui se prennent pour tel. Beaucoup de gens continuent de s’attribuer à tort cette qualité. Pour moi, un intellectuel n’est pas celui que l’on qualifie communément d’expert. C’est d’abord et avant tout un homme producteur d’idées, de la même façon que l’ingénieur en travaux publics arrive à construire des ponts et ouvrages divers.» En illustrant son propos d’exemples très imagés, l’intervenant arrivera ainsi à expliquer qu’»il en est justement de même dans le domaine de la pensée qui est éminemment concrète». «Ce n’est pas de l’abstraction pure. Quand je me meus à l’intérieur de ma pensée, c’est réellement un décor, des situations... L’intellectuel est loin d’être cette personne idéaliste, utopiste, détachée de la réalité, mais bel et bien quelqu’un de très solidement enraciné dans l’endroit où il évolue», explique-t-il. Sans pour autant proposer un modèle de conduite à tenir en ce qui concerne la gestion des conflits et des crises, le docteur Mustapha Daidj ne manquera pas moins de faire observer que «ces conflits et ces crises sont en réalité à l’intérieur de nous-mêmes et non à l’extérieur comme veulent le faire accroire certaines officines». «Il appartient donc à l’intellectuel, dira-t-il, après avoir fait un travail sur soi, de transmettre une approche et une méthodologie à qui de droit pour être en mesure de contribuer à la gestion, voire même à la résolution de conflits». Il ajoutera que «la bonne gouvernance comme elle est imposée, de l’extérieur, sous forme de documents de la BIRD ou du FMI, n’est pas faite pour changer à elle seule l’état des choses. «Nous avons aujourd’hui suffisamment d’outils pour penser autrement. C’est le retour vers soi, en somme par la ‘réflexion’, qui va permettre de générer les transformations tant souhaitées», soulignera-t-il à ce propos. Le conférencier plaidera en quelque sorte pour la réappropriation responsable de ce champ par les intellectuels, car, conclura-t-il, «les conflits et les crises ne sont pas forcément négatifs, ce sont les éléments essentiels de la vie».


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