Algérie

Gestion de la ville: le constat d'échec



« L'expérience algérienne dans le domaine de la gestion de ville durant les trois dernières années affiche clairement un échec ». Un coup de gueule poussé par la directrice de l'école polytechnique d'architecture et d'urbanisme (EPAU) d'Alger, professeure Tsouria Kassab, le mardi 17 avril à la bibliothèque nationale d'El-Hamma. C'était dans le cadre d'un symposium sur l'architecture, l'urbanisme, développement durable, réhabilitation et patrimoine culturel, organisé par l'ambassade d'Espagne en Algérie, l'Institut Cervantès d'Alger, le Ministère de la Culture et l'EPAU, en collaboration avec le Ministère de l'Habitat, la wilaya d'Alger et la Casa Mediterranéo.Au cours de son intervention Tsouria Kassab a dressé un état des lieux de l'urbanisation anarchique de la wilaya d'Alger. « L'image de nos villes à travers les équipements de référence, comme la minoterie d'Hussein Dey, au vu de leur forme et leur structure et leur fonctionnement, suscite des interrogations », s'est-elle exclamée. Elle a ainsi ajouté que la qualité de vie et l'identité se perdent.
D'ailleurs selon elle, « les conséquences sont désastreuses sur les modes de vie et les usages des espaces urbains qui se transforment». Pour faire face à ce phénomène qui dépare la ville d'Alger, elle propose de s'engager « dans des démarches qui placent la ville dans un nouveau contexte, celui de la durabilité ».
L'Algérie connaît un véritable bouleversement du paysage urbain, qui est pour rappel dénoué de toute esthétique ou de beauté. Encouragés par la permissivité, l'absence de contrôle et l'absence de lois régulant l' « urbanisation », certains constructeurs font preuve d'euphorie insouciante. Cette réalité a été rapportée aussi par la représentante du ministère de l'habitat, de l'urbanisme et de la ville, Madame Rachedi. Pour elle, l'Algérie est en chantier, même « les textes de régulation sont en chantier ». Et la priorité du moment est de « faire d'Alger une ville durable, métropolitaine » .

Urbanisme et adaptation
De son côté, l'ambassadeur d'Espagne en Algérie, Santiago Cabanas Ansorena a indiqué que « les villes qui nous définissent exigent de nous une adaptation continue ». Pour lui il s'agit d' «une réalité dynamique qui change, qui reflète le caractère des habitants et des politiques. »
Un fait palpable à travers la politique d'urbanisme menée à la ville de Bilbao, du nord de l'Espagne, thème de la conférence d'Inmaculada Jiménez, docteure en architecture et directrice de l'institut Cervantès d'Oran. Elle est revenue au cours de son intervention sur les mesures visant à améliorer le cadre de vie dans cette ville. « La perfection finale du bâtiment, c'est à dire le niveau d'excellence du résultat a donné à Bilbao cette idée d'un pôle de haute technologie », a-t-elle indiqué. Et d'enchérir que n'est que le résultat d' « un travail conjoint entre le public et privé et toutes les administrations ». Toujours à propos de projet de reconversion urbaine, l'architecte a ajouté que c'est grâce à « l'engagement des entreprises dans le projet de la ville, que ça soit celles de constructions ou de commerce. On les a convaincus que c'était l'opportunité de faire renaitre la ville ».
La conférence s'est étalée sur toute une journée, où plusieurs sujets liés à l'architecture et l'urbanisme ont été abordés, entre autres les solutions architectectoniques, le développement durable dans nos sociétés et la possibilité d'une dimension éthique de l'architecture.

Imène AMOKRANE
@ImeneAmokrane


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