Algérie

Gesticulations inutiles d'un partant


Gesticulations inutiles d'un partant
Même lorsqu'elle est diplomatique ou, peut-être, surtout parce qu'elle est diplomatique, la gifle doit faire malLe bon sens, la morale la plus commune, aurait commandé de se faire discret pour essayer de terminer sur une note plus ou moins neutre à défaut de le faire sur des tons plus gais.Hollywood a généralement produit d'excellents films du point de vue commercial, mais pour ce qui est de l'aspect éthique, je crois plutôt que le fiasco a toujours été total dans cette gigantesque industrie du cinéma. Comment en serait-il autrement lorsque dans tous les films, c'est le sens américain de la morale qui est sauf en fin de compte, comme s'il était le seul bon et le seul valable d'entre tous' Comment en serait-il autrement lorsque, au prix de distorsions extraordinaires, les réalisateurs arrivent à nous fabriquer des héros dans des guerres injustes comme, par exemple, ces vétérans de la guerre du Vietnam où tout le poids de l'injustice américaine fut mobilisé pour anéantir une nation, fragile et à peine sortie d'une guerre ou comme ces snipers en Irak. Et comment en serait-il autrement lorsque, même pour les pires exactions qu'ait jamais connues l'Humanité, ces mêmes réalisateurs trouvent toujours des héros à tirer de leurs pellicules, à l'image, par exemple, de celui qui avait largué le «Little Boy» (quel doux nom pour une atroce bombe) sur Hiroshima. C'est, malheureusement, cet esprit qui frappe toujours et c'est tout ce qui reste de l'Amérique aujourd'hui. Même au plus haut sommet de la hiérarchie, on emprunte les mêmes sentiers qu'Hollywood avec les mêmes artifices et les mêmes couleurs. Subterfuges obligent!L'actuel président des Etats-Unis doit quitter sa fonction dans quelques jours. Le bon sens, la morale la plus commune, aurait commandé de se faire discret pour essayer de terminer sur une note plus ou moins neutre à défaut de le faire sur des tons plus gais. Mais au lieu de cela, Obama - puisque c'est de lui qu'il s'agit - a préféré s'agiter jusqu'au bout. En réalité, beaucoup de choses lui sont restées au travers de la gorge durant son dernier mandat qui a coïncidé avec un ensemble de changements géostratégiques majeurs au plan mondial. Et, comme dans les films d'Hollywood, les héros américains n'acceptent pas de perdre sauf que, entre le cinéma et la réalité il y a beaucoup de différences à ne pas sous-estimer. C'est ce qu'Obama n'a sans doute pas compris. Sinon, il n'aurait jamais couru après de nouvelles humiliations, juste à quelque jours de son départ de la Maison-Blanche, lui qui en subit, au moins, trois grandes.La première eut lieu lorsqu'il fut contraint par les Russes de se raviser de déployer ses forces navales en vue de frappes contre la Syrie. La seconde, il l'eut lorsque sa candidate fut battue par un populiste totalement inexpérimenté en politique. La troisième c'était lorsque cette même candidate, et lui, s'aperçurent qu'elle était passée par la trappe d'une manipulation informatique énorme. C'est cette dernière humiliation qui parait avoir le plus blessé le président sortant. Et pour cause! Certains lui ont coupé l'herbe sous les pieds, comme on dit chez nous et, s'il vous plait, dans son propre fief!Le bon sens commande bien à ce que les responsables d'une telle situation soient sanctionnés et c'est ce qu'Obama a voulu faire mais, à l'aune d'Hollywood qui s'arrange pour trouver des héros parmi les coupables et les criminels de guerre, Obama est allé chercher «ses» coupables loin très loin... en Russie! Est-ce possible'Il dit au monde sa colère d'apprendre que ce sont les Russes qui ont manipulé les médias en dévoilant les mails de Clinton et que, pour ce fait, les Russes seront sanctionnés. Il prit alors sur lui de renvoyer des «diplomates russes», de fermer deux centres russes et, dans une gesticulation ubuesque qui échappe à tous les cadres de la tradition de par sa tonitruance et de par son... inutilité, il alla jusqu'à lancer des avis de recherche contre des présupposés hackers (en réalité sans doute quelques agents des services russes) en diffusant leurs photos et leurs noms. Quadruple erreur!Tout d'abord, il y a erreur sur les coupables car si, effectivement, il y a un problème de sécurité informatique aux Etats-Unis ce n'est pas par la faute des Russes, mais des Américains eux-mêmes. Leurs services de sécurité sont pénalement comptables et administrativement responsables d'une telle bavure. Il fallait demander la démission de tous les chefs de service de sécurité car subir une telle manipulation démontre à quel point l'Amérique est dépassée sur ce plan et à quel point elle s'est avérée fragile. L'intrusion n'a concerné que des élections, c'est-à-dire, une opération où rien n'est définitif ni irréversible. Imaginons que cela ait eu lieu dans des domaines plus sensibles comme les armes nucléaires par exemple! Au lieu de sanctionner les vrais responsables, c'est-à-dire ses propres services de sécurité qui ont visiblement plus que failli, Obama présente de vrais faux coupables à l'opinion américaine et au monde et s'en prend à des... moulins à vent.Deuxième erreur: il a rendu publics les noms et les photos de plusieurs hackers (sans doute des agents des services russes) qu'il soupçonne, à tort ou à raison, d'être derrière l'opération. Une telle action, et en plus d'être totalement inutile, peut s'avérer très dangereuse car elle appelle à une opération réciproque sauf que l'autre partie, les Russes, a toute la latitude de choisir les données de qui dévoiler. Et si Obama a déclassé des agents dans un endroit de paix, rien ne dit que Poutine ne le fera pas pour des agents américains en zone de guerre, et même en période chaude! L'asymétrie des conséquences n'en sera que catastrophique pour les Etats-Unis d'Amérique.Troisième erreur: au moment de partir, Obama engage un bras de fer qu'il sait ne pas pouvoir continuer car dans quelques jours, il redeviendra un simple citoyen. Quel serait donc l'utilité d'un tel acharnement' Certains prétendent que le président sortant veut aller le plus loin possible dans ce jeu de sanctions pour rendre toute chance de retour impossible pour son successeur. Pour forcer Trump, en quelque sorte, à avoir les mêmes oeillères que lui. Si telle est réellement son intention, cela veut dire qu'il piétine volontairement le plat de Trump et qu'il ne croit pas son successeur capable de réfléchir correctement. Que d'égoïsme déplacé et que d'audace insolente! Si, cependant, telle n'est pas son intention, c'est qu'il agit sous l'emprise d'une grande colère, celle de s'être rendu compte, juste maintenant, qu'il a été éjecté du dossier du Moyen-Orient et que des accords de paix sont en train de se négocier sans lui ni son pays! Un camouflet pour la diplomatie américaine et pour l'administration Obama dans son ensemble.Quatrième erreur: lorsqu'on est à la tête d'un Etat puissant, on n'a pas le droit d'être petit ou faible. Or Obama semble tout à fait en proie à une faiblesse prégnante. Celle de la colère, qui le diminue et lui fait faire autant d'erreurs. Je veux pour preuve cette nouvelle erreur pour laquelle il vient de recevoir sa dernière humiliation de la part de Poutine qui, malgré le geste déplacé d'Obama, préféra ne pas chasser de Moscou ni de St-Pétersbourg les Américains dont lui avait donné la liste à son ministre Lavrov. Mieux, il les a invités à la fête du Nouvel An au Kremlin. Cette manière de se détourner de son adversaire, qui rappelle le comportement des adultes vis-à-vis des bêtises des enfants turbulents, laisse beaucoup à réfléchir sur la véritable capacité d'Obama à être un grand chef d'une grande nation.Cette autre asymétrie de comportement rehausse le président russe et enfonce Obama un peu plus dans une boue dont il ne s'est, en réalité, jamais sorti.Même lorsqu'elle est diplomatique ou, peut-être, surtout parce qu'elle est diplomatique, la gifle doit faire mal. Dans un jeu auquel il n'excelle nullement, le président sortant des Etats-Unis d'Amérique s'est pris les doigts des deux mains dans un engrenage qui lui échappe et qui fait mal. La réaction de Trump, qui semble apprendre vite la diplomatie, est aussi une grande gifle en ce sens que, en déclarant que «la réaction de Poutine est intelligente», Trump ignore son propre président dont il ne cite même pas le nom et désapprouve totalement son comportement alors qu'il apprécie celui du président russe.Obama a-t-il enfin compris les quelques leçons de ses années passées à la Maison-Blanche' La première, c'est qu'on ne grandit pas en vociférant, mais par l'action. La seconde, c'est qu'on ne grandit pas en un jour, mais au bout de longs moments de dur travail, la troisième c'est que, si durant deux mandats on n'a fait qu'accumuler échec sur échec, il n'est pas du tout indiqué de courir après des succès à une semaine du départ. Finalement, Le danger qui guette les nations n'est pas toujours celui qu'on croit. Il n'y a pas pire menace, en effet, que l'indigence des idées et la bassesse des comportements de ceux qui sont censés être grands.La morale de tout cela c'est que le président sortant américain remplissait mal, peut-être même très mal, le fauteuil de président du pays le plus puissant du monde et je parie que s'il était à la tête d'un quelconque pays africain, par exemple, ou même d'un pays européen, il l'aurait conduit à une déroute irréversible.
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