Algérie

Germaine Tillion centenaire



« Des vies à la recherche du vrai et du juste » Pionnière de l?ethnologie, résistante de la première heure, opposante à la torture en Algérie, « femme de réflexion et d?action à la recherche du vrai et du juste », Germaine Tillion fêtera ce mercredi ses 100 ans avec ses proches dans sa maison à l?orée du Bois de Vincennes. Président de l?Association Germaine Tillion, créée en 2003 pour protéger et diffuser son ?uvre, Tzvetan Todorov raconte à l?AFP qu?elle a « toujours combiné ses activités d?ethnologue et d?historienne avec une action politique sur des causes particulières comme la torture en Algérie ou les sans-papiers ». Née le 30 mai 1907 à Allègre (Haute-Loire), Germaine Tillion fêtera son centenaire dans sa maison de Saint Mandé (Val-de-Marne) où elle vit depuis un demi-siècle, avec sa s?ur, âgée de 98 ans, sa nièce et quelques proches.Tzvetan Todorov ajoute que Germaine Tillion, « encore assez active, n?a rien perdu de son activité intellectuelle et suit l?actualité avec intérêt ». Les chanteurs, qui interpréteront à partir de samedi au Théâtre du Châtelet à Paris Le Verfügbar aux Enfers, une « opérette-revue » dont elle a écrit le texte à Ravensbrück, viendront chez elle pour lui en chanter quelques passages. « Germaine Tillion a toujours eu beaucoup d?humour même dans les moments les plus difficiles, comme lors de sa déportation et la mort de sa mère Emilie également déportée », dit Tzvetan Todorov. « Elle n?est jamais devenue une donneuse de leçons et a toujours traversé les pires épreuves avec le sourire, ce qui fait d?elle un personnage si lumineux », assure Tzvetan Todorov intarissable sur les nombreuses vies de cette femme inclassable. De 1934 à 1940, la jeune ethnologue réalise quatre missions dans le massif montagneux des Aurès (Sud-Est algérien) sur la population berbère chaouia. De retour en métropole en juin 1940, lors de la débâcle, Germaine Tillion, révulsée par le discours de Pétain annonçant l?armistice, cherche dès le 17 juin à résister et participe à la fondation du Réseau du musée de l?homme, le tout premier des réseaux de la résistance. Dénoncée et arrêtée en 1942, elle est déportée l?année suivante à Ravensbrück où elle résiste en restant ethnographe et décrivant l?univers concentrationnaire. Cachée dans une caisse, elle écrit son « opérette-revue » sur l?enfer des prisonnières, pour distraire ses compagnes. Germaine Tillion est « toujours restée une observatrice engagée pour la cause de l?humanité et pas une militante encartée dans un parti », dit Tzvetan Todorov. « Elle n?est pas seulement une héroïne de la résistance et de la guerre d?Algérie, mais surtout une femme de réflexion et d?action », dont il a rassemblé une soixantaine d?interventions dans un ouvrage intitulé A la recherche du vrai et du juste, en 2001. En 1957, en pleine bataille d?Alger, elle réussit à obtenir, pour quelques semaines, l?arrêt des attentats contre l?arrêt des exécutions capitales de militants du FLN, après une rencontre secrète avec Yacef Saâdi, chef militaire de la région d?Alger. En même temps, Germaine Tillion s?élève avec véhémence contre la torture avec l?historien Pierre Vidal-Naquet ou le journaliste Henri Alleg. Depuis 2005, une école de Saint Mandé porte le nom d?Emilie et Germaine Tillion, par ailleurs l?une des cinq Françaises à avoir été élevée à la dignité de grande croix de la Légion d?honneur.


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