Appartenant à une famille de résistants de gauche, George Mattei était un militant de l’indépendance de l’Algérie, de toutes les causes anticoloniales. Il est un des premiers témoins, en 1957, de la torture en Algérie. Rappelé en Algérie en 1956 - après avoir participé aux manifestations des réservistes contre leur rappel -, il est affecté en zone opérationnelle en Kabylie.
Il avait 23 ans. Il est revenu en France en 1957 avec un témoignage Jours kabyles, écrit à la demande de Jean-Paul Sartre, directeur de la revue Les Temps modernes. Ce numéro est saisi comme tant d’autres publications traitant alors de la torture. George Mattei adhère à la Fédération de France du FLN après sa démobilisation d’Algérie. « J’ai découvert que la torture n’était pas anecdotique dans les détachements opérationnels de protection et les unités spéciales », affirmait-il dans une des interviews qu’il nous avait accordées.
Le premier témoignage sur la torture, en 1956, a été celui de Jean Muller, un catholique de gauche. Le numéro a été saisi. Il y a eu ensuite le témoignage de Robert Bonnaud dans la revue Esprit. Le numéro a également été saisi. Le témoignage de George Mattei est repris par Témoignages et Documents et Vérité et Liberté, les deux revues qui publiaient systématiquement les articles saisis. Avec des camarades, George Mattei crée l’Association d’anciens d’Algérie contre la guerre d’Algérie.
A la demande de l’avocat Jacques Vergès, il témoigne à des procès de nationalistes algériens. « Cela relèverait de l’hypocrisie que de donner à croire que l’on découvre la torture cinquante ans après. Les Français ont eu l’occasion de dénoncer, de se battre contre la torture au moment où elle se pratiquait. Certains l’ont fait. C’est la même chose pour le 17 octobre 1961, passé sous silence pendant des années.
Toutefois, tout ce qui peut être dit, même avec cinquante ans de retard, me semble nécessaire », nous disait encore George Mattei. Le journaliste Robert Barrat le met en contact avec Francis Jeanson. Il a été un des collaborateurs de Henri Curiel. Trois semaines avant la manifestation du 17 octobre 1961, il est mis au courant par un responsable de la Fédération de France. Il est chargé de trouver des Français pour qu’ils soient sur les lieux des rassemblements, le 17 octobre, afin de témoigner d’éventuelles violences policières contre les manifestants.
Il met à la disposition de Jean-Luc Einaudi les archives de la Fédération de France du FLN relatives à la manifestation du 17 octobre 1961 qu’il détenait. Après un long travail d’enquête, Jean-Luc Einaudi a écrit en 1991 La Bataille de Paris - Le 17 octobre 1961, éditions Le Seuil. George Mattei fait partie des quelques personnes qui ont réintroduit le 17 octobre 1961 dans la mémoire collective française. George Mattei a écrit, entre autres, en 1982, un roman intitulé La Guerre des gusses (réédité en 1995 par les éditions de L’Aube) ; une pièce de théâtre On n’a pas la médaille mais on a les yeux bleus, sur la torture en Algérie, diffusée par France-Culture en novembre 1998, et une autre pièce de théâtre Le Fantôme de Mohamed D, sur le 17 octobre 1961.
Il est décédé le 12 décembre 2000 d’un arrêt cardiaque à 67 ans.
L’écrivain Jean-Luc Einaudi, qui avait bien connu George Mattei, vient de lui consacrer un livre Franc-tireur - George Mattei, de la guerre d’Algérie à la guérilla, éditions Danger public, septembre 2004. Biographie d’un homme. Portrait d’une époque.
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Posté Le : 25/11/2007
Posté par : hichem
Source : dzlit.free.fr