Algérie

Génuflexions


L'Alliance présidentielle telle qu'elle est menée par le triumvirat Ouyahia, Belkhadem et Soltani nous renvoie l'image la plus aboutie du déclin de la politique en Algérie. Les trois partis de cet attelage hétéroclite enterrent subitement leur hache de guerre pour se rabibocher à la petite semaine. Et c'est souvent pour porter aux nues les « réalisations » de Bouteflika qui dicte le calendrier de leur réunion et même son invariable ordre du jour. Le soutien. Jamais ce mot n'a connu ses heures de gloire comme durant les 10 années de pouvoir de Bouteflika. Avec lui, les partis, les associations, les personnalités et même les clubs sportifs n'ont pas le droit d'hésiter, ne serait-ce pour entretenir un peu le suspense.A tel point que l'Algérie, ce pays qui a dompté la puissance de feu de la France coloniale, est devenue par une formidable escroquerie politique un immense comité de soutien à un homme à l'ego décidément débordant. Il faut croire que ces théâtrales mises en scène des allégeances devraient procurer des moments rares de jubilation à Bouteflika qui s'extasie devant ces fausses ferveurs populaires. Question à un dinar : est-il politiquement acceptable et moralement sain de soumettre son peuple à ces vaudevillesques séances ininterrompues quand on déclare soi-même son échec ' Les Algériens méritent tout de même mieux que d'être réduits à faire la claque ' et de force ' au maître du moment.C'est une suprême injure à leur intelligence de considérer que les citoyens de ce pays ne savent rien faire d'autre que chanter les louanges à Bouteflika et lire les motions de soutien. La meilleure preuve est que ce sont ces mêmes thuriféraires de Bouteflika qui furent les partisans les plus zélés de Zeroual. Mais l'éthique politique fait cruellement défaut dans un pays où les délices du pouvoir et l'ivresse des hauteurs font tourner la tête au plus réticent des hommes politiques. Ils se mettent alors à chanter, comme si de rien n'était, le tube en vogue de la réconciliation nationale, du deuxième et maintenant du troisième mandat.C'est que la proximité du pouvoir tient lieu de seul étalon des arrangements et des copinages, voire concubinages politiques.C'est pourquoi Bouguerra Soltani, qui réclame vainement d'être admis dans le cercle fermé de la décision via la « promotion » de l'Alliance présidentielle, a fini tout de même par rentrer dans les rangs, motus et bouche cousue.Il lui a été signifié de jouer le seul rôle qui lui a été assigné. Moussa Touati a même reconnu que si le pouvoir lui demande de surseoir à sa candidature, il s'y astreindrait sans problème ! Après tout, nos partis politiques n'ont pas vocation à prendre le pouvoir, juste à jouir de quelques privilèges de la cour proportionnellement à la sonorité de leurs soutiens.La réunion du trio FLN, RND, MSP pour laquelle la presse fait inutilement ses choux gras, n'est au bout du compte qu'une consécration de la politique de génuflexion en vigueur sous Bouteflika. C'est pourquoi Ouyahia a raison de dire et de prédire un « succès retentissant » de Bouteflika, alors même que celui-ci n'a pas encore annoncé sa candidature'
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