Algérie

Générosité limitée



Générosité limitée
La solidarité n'est pas conjoncturelle», déclare Mme Benhabylès Saïda, présidente du Croissant-Rouge algérien. Pourtant, l'élan de générosité constaté à l'approche du mois sacré laisse entendre le contraire. Durant cette période de l'année, toutes les franges de la société se mobilisent pour aider ces familles démunies. Selon des chiffres communiqués par la direction de l'action sociale de la wilaya d'Alger, quelque 93 000 familles sont déclarées défavorisées.Ce chiffre ne représente que les familles recensées. Il en existe des centaines, voire des milliers, qui souffrent en silence des affres de la misère. Considéré comme première cause de cette pauvreté, le taux de chômage est toujours en hausse. Selon l'Office national des statistiques (ONS), il est estimé globalement entre 10% et 14% chez les personnes de moins de 35 ans. Les licenciements des employés et la rareté des postes d'emploi pour les jeunes diplômés rendent la vie difficile à plusieurs familles.Avec la cherté de la vie et l'érosion du pouvoir d'achat, même ceux qui travaillent ne peuvent pas se permettre des extras. Pour un salaire moyen de 30 000 DA, payer son loyer, nourrir sa famille, répondre à leurs besoins en matière d'habillement et de soins relève presque de l'impossible. Pour une famille sans ressources, le constat est catastrophique. La souffrance est à son comble durant le mois sacré, où la mercuriale atteint son summum, mettant à mal toutes les bourses, même les plus fournies. Les commerçants considèrent ce mois dit de piété comme l'ultime occasion de faire des gains inimaginables et n'hésitent pas à placer très haut la barre des prix. Même l'Etat se montre incapable d'intervenir dans cette hausse des prix sous prétexte que le marché obéit à la loi de l'offre et de la demande.L'aide dérisoire de l'étatLa seule chose qu'entreprennent les hautes autorités est de donner des couffins aux familles nécessiteuses à l'occasion du mois sacré. Cette année, ils ont changé de méthode en privilégiant les allocations financières qui vont de 4000 à 12 000 DA. «On dirait que ces responsables ne vivent pas en Algérie, rétorque Djamila, veuve et mère de 5 enfants. Que pourrait nous faire cette maudite somme durant le mois le plus cher de l'année ' Même si on limite notre repas du f'tour à une simple salade et une hrira, les 4000 DA vont finir en deux jours.» Ces aides dérisoires sont en effet loin des besoins réels de ces familles qui ont besoin de l'assistance des responsables toute l'année.Même le mouvement associatif fait une apparition spectaculaire durant cette période de l'année. Des associations dont on ignorait complètement l'existence sortent de leur cachette et montrent leur grande générosité pour disparaître au 1er jour de l'Aïd. Même le Croissant-Rouge est incapable à lui seul d'assumer la charge d'aider les nécessiteux durant ce mois, et encore moins tout au long de l'année.Selon le président du comité de la wilaya d'Alger, Bensmina Tahar, les donateurs se font de plus en plus rares.«Avec les conditions de vie difficiles et les salaires qui ne suffisent pas, la générosité de l'Algérien se dévoile de moins en moins», explique notre interlocuteur, avant d'appeler les industriels, les hommes d'affaires et les personnes fortunées à extirper les oursins de leurs poches et participer au mouvement de solidarité tout au long de l'année. Selon Mme Benhabylès Saïda, présidente du CRA, les Algériens ne manquent pas de générosité. La réticence est due essentiellement à l'absence de transparence dans l'acheminement de ces dons.




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