Algérie

Générale de la pièce El Khich Ouel Khiacha, au TRO : Un spectacle divertissant inspiré des techniques allouliennes



Une prestation collective, mêlant indifféremment, d'un comédien à l'autre, les aspects narratifs de l'intrigue, ses dialogues, ses jeux de rôle et même, pour ce cas précis, certains aspects décoratifs, à l'exemple de ces comédiens qui se transforment en tables, etc.La comparaison s'arrête néanmoins là, car les préoccupations soulevées par cette jeune troupe, Malaïkat el khachaba (Les anges des planches), dépendant de l'association Nadjdat Chabab E Bahia, sont loin de rivaliser avec la profondeur de vue développée dans l'?uvre du célèbre dramaturge, mais surtout dans la cohésion qui caractérise ses spectacles qui, tout en suscitant de la réflexion, sont souvent orientés vers un idéal.
C'est peut-être ce qui manque à cette jeune troupe, qui reste néanmoins prometteuse, autant pour la qualité de l'écriture (texte de Kadour Brahim Abdelfattah) et pour la mise en scène (Fares Abdelkrim), que pour le jeu souvent convaincant des comédiens (Mohamed Amine, Mohamed Belkroui, Brahim Abdelfettah et Brahim El Khalil).
Comme pour établir un pont entre le titre et la pièce, les costumes (très bien conçus par Khadidja Oumoussa), portés par les quatre jeunes comédiens, sont confectionnés en toile de jute qu'on appelle «el khicha», mais ce terme pris dans son acception populaire signifie également mais approximativement «roublardise».
Hormis tout un bestiaire, comme s'il s'agissait de convoquer les fables de la Fontaine, même si la culture populaire regorge aussi de ce type de récits mettant en avant des animaux, il est aussi beaucoup question de «bouffe» dans ce spectacle, qui semble dédié à la gastronomie et le registre de la langue n'est pas neutre, passant des tournures populaires particulièrement marquées par des codes locaux, à des envolées lyriques inspirées de la poésie traditionnelle.
Entre «lkicota», déformation linguistique de la «cocotte minute», au mets traditionnel «lamhadjeb» et la constitution d'une association de restaurateurs, toute une intrigue avec ses ramifications se joue devant les spectateurs, desquels on exige d'être particulièrement alertes pour ne rien rater, car au rythme insoutenable, il faut ajouter une espèce de «polyphonie» de la mise en scène alloulienne qui veut que pendant que quelqu'un raconte, d'autres miment des dialogues ou illustrent des passages, et le contraire est aussi vrai.
C'est cette façon de faire qui confère au spectacle tout son charme. Pas de décors matériels, mais les comédiens remplissent l'espace et leur présence ne laisse aucune place au vide ni au silence, faisant que le spectateur ne sent en fin de compte pas le temps passer. De la pure comédie.


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