En colère et bientôt une grève de tous les taxieurs de la wilaya d'oran
Omar - Taxieur - Gdyel, Algérie
06/05/2019 - 401460
LE CYCLISME EN ALGÉRIE AVANT 1962.
Les Algériens qui ont marqué ce sport
Voici, à travers ce reportage des Actualités Françaises, un aperçu de ce qu’était le Tour d’Algérie Cycliste, en 1949, et de ce que représentait le cyclisme nord-africain à l’époque. Trois remarques à partir de ces images.
Tout d’abord, le cyclisme au seuil des années 1950 en Algérie est un sport suivi et populaire : la foule, européens et algériens au bord des routes et dans le stade.
Ensuite, le TAC, comme toute boucle nationale, est une conquête ou reconquête rituelle du territoire algérien et nord-africain. Le tour veut enseigner le pays. Mais, en même temps, avec la participation d’équipes métropolitaines et de coureurs étrangers il revêt une dimension internationale. C’est en quelque sorte un espace de rencontres multiples, en Algérie et entre l’Afrique du Nord et l’Europe.
Enfin, le cyclisme est un récit et sa représentation à travers les médias (non seulement actualités cinématographiques, mais également la radio, et la presse coloniale, métropolitaine et européenne) y est pour quelque chose.
Cette communication fait partie de mon projet de recherches intitulé ‘Cycling Identities’ sur la problématique de la sportivisation de l’espace algérien au XXème siècle. Ce projet se situe au carrefour de l’histoire de la construction de l’identité nationale, de l’histoire culturelle des sports et de l’histoire des médias. Il s’agit d’un travail d’archives et d’un projet d’histoire orale, en Algérie et en Europe. Je tiens à souligner que l’apport et le soutien d’anciens sportifs, présents ce soir, me sont très précieux.
Deux questions s’imposent :
– Dans quelle mesure le cyclisme ouvre-t-il un espace de sociabilité intercommunautaire et dans quelle mesure favorise-t-il en même temps l’affirmation d’identités distinctes : musulmanes, pieds-noirs, nord-africaines?
– Qu’en est-il du discours médiatico-sportif dans la construction de ces identités ? Quelles images des sportifs sont transmises (de souche algérienne, européenne) à travers la presse ?
Sur un plan général, a été amplement étudiée la manière dont le sport permet aux Algériens l’accès à de nouveaux espaces qui leur étaient jusqu’alors peu accessibles : la sphère sportive est un espace public. Dans le système colonial, il permet également un côtoiement avec le milieu européen. Le sport peut être perçu à la fois comme un acte transgressif et comme un espace de revendications. Mais je pense que l’histoire du cyclisme d’Algérie est non seulement l’histoire de la construction de l’identité nationale – algérienne, perspective dominante dans l’historiographie, mais avant tout et pour la période qui nous intéresse ce soir, l’histoire de la construction de multiples identités qui se croisent, s’entremêlent, et parfois, se heurtent. Ainsi, comment cette sportivisation de l’espace colonial s’articule-t-elle avec ces enjeux identitaires ? Qu’en est-il de la signification du sport dans la construction des identités (« construction of identities ») Qu’en est-il de la place du cyclisme dans la construction sociale des identités
L’étude la plus importante nous est fournie par les journalistes Rabah Saâdallah et Djamel Benfars: Annales du cyclisme d’Algérie (Alger 1990). Une chronique riche et dense, source incontournable. Ce projet, entamé dans les années 1980, était basé sur un travail de presse et de dizaines d’entretiens avec des anciens coureurs cyclistes algériens. Parallèllement au livre, sortait aussi un documentaire télévisé intitulé : Les gloires du passé. L’historique du cyclisme algérien 1903-1980. Il s’agit d’une série documentaire en 13 épisodes.
Ces Annales constituent une analyse du sport dans son contexte national, tout comme l’étude réalisée par le journaliste sportif Chehat Fayçal (Le Livre d’or du sport algérien 1962-1992 (1993) ou les écrits de Youcef Fatès (Sport et tiersmonde (1994); De l’Indochine à l’Algérie: la jeunesse en mouvements des deux côtés du miroir colonial, 1940-1962 (2003)). Fayçal aussi bien que Fatès consacrent quelques lignes au cyclisme.
Cette perspective intra muros, nous la retrouvons également chez bon nombre d’auteurs, journalistes et historiens, qui ont fait l’analyse du cyclisme français. Le contexte national domine. Cette approche classique et connue, qui lie le sport à la construction d’identité nationale, est à compléter dans une perspective transnationale.
Effectivement, je pense que “the transnational turn”, c’est-à-dire l’analyse de l’objet culturel dans son contexte international, approche en vogue depuis quelques années, pourrait être une approche riche en matière d’histoire du sport dans un contexte colonial. L’historien irlandais Philip Dine, travaillant dans le domaine de French Cultural Studies, figure parmi les collègues qui s’intéressent aux constructions sociales et culturelles à travers le sport qui favorisent une approche interdisciplinaire et placent leur objet d’étude aussi bien dans le contexte de la France métropolitaine qu’outremer.
De même pour l’ouvrage L’Empire des sports. Une histoire de la mondialisation culturelle (paru en 2010) de Pierre Singaravélou et Julien Sorez, qui s’interrogent notamment sur les “circulations des pratiques sportives en situations impériales”.
Dans ces approches théoriques et ces études empiriques, le cyclisme dans son contexte colonial, est marginalisé. Mis à part un article sur le Tour d’Algérie Cycliste de Philip Dine dans L’Empire des Sports, les universitaires du sport portent leur attention sur d’autres disciplines que celle du vélo (souvent le football, ou la boxe). Ainsi, dans un numéro spécial de la Revue algérienne d’anthropologie et de sciences sociales Insaniyat de 2006 intitulé « Le Sport : Phénomène et pratiques », le cyclisme est absent. Absence d’autant plus remarquable que sur ce sport dans un contexte colonial français, il existe l’analyse d’Évelyne Combeau-Mari, Sport et Décolonisation.
La Réunion de 1946 à la fin des années 60 (1998). L’on retrouve quelques passages consacrés au cyclisme dans les travaux de Bernadette Deville-Danthu sur le sport colonial en Afrique occidentale, Le sport en noir et blanc (1997), et ceux de Sébastien Verney sur le tour d’Indochine, L’Indochine sous Vichy (2012).
Sur l’histoire du vélo en général, il existe une vaste historiographie, tant sur le cyclisme comme pratique sociale que sportive. Le Tour de France, par exemple, à été amplement étudié sous ses aspects commerciaux et ses structures mythiques à travers ses représentations dans la presse. Il en va de même pour le Giro d’Italia ou le cyclisme flamand, également considérés comme puissants symboles identitaires. Dans tous ces cas, ce sport s’est révélé un puissant vecteur d’identification régionale et/ou nationale.
De là, il est tout à fait légitime d’étudier le cyclisme, souvent considéré le sport “le plus français qui soit”, dans son contexte colonial, en l’occurrence l’Algérie française.
Une dernière remarque dans cette introduction concerne l’essence même du cyclisme. Comment caractériser ce sport par rapport aux autres pratiques sportives ? Souvent, on souligne sa singularité. Celle-ci tient au fait que, d’abord, il s’agit d’un sport mécanique : il exige l’usage d’un matériel coûteux qui entraîne ensuite sa maintenance.
Ensuite, c’est un sport qui ne se conforme pas au modèle de diffusion républicain classique : scolaire et orchestré par l’État. Le cyclisme est une activité a-scolaire, contrairement au football, à la natation ou à la gymnastique ; il ne figure pas au rang des disciplines sportives éducatives de par sa proximité avec le monde de l’argent (les grandes marques cyclistes) et de par sa dimension de spectacle (notamment à travers sa relation avec la presse). Enfin, sport atypique parce que, plus que le football, le cyclisme « vit dans la narration ». J’y reviens encore.
Dans ce qui suit, je fais le tour de mes recherches en vous proposant trois volets. Le premier porte sur un événement sportif précis: le Tour d’Algérie Cycliste en tant que ‘marker of identity’. Un deuxième volet s’interroge sur le lien complexe qu’entretient le cyclisme musulman avec le sentiment national, notamment à travers l’association sportive VSM. Enfin, un troisième volet porte sur l’ambivalence des identités sportives à travers l’étude d’une personnalité cycliste, Ahmed Kebaïli.
Le TAC
Tout comme en France métropolitaine, le cyclisme en Afrique du Nord prend ses origines dans le dernier quart du XIXème siècle. Sans pour autant évoquer l’histoire du cyclisme en Algérie, faute de temps, voici quelques remarques qui résument son avènement. Le cyclisme devient rapidement un sport populaire. Des courses et critériums sont organisées sur piste d’abord – le premier vélodrome est créé à Alger en 1897, sur la route ensuite. Dans les grands centres urbains des clubs sont créés : Club Olympique Algérois ; Vélo Club Oranais. Les coureurs qui se font connaître en Algérie et en métropole sont des colons. Pendant les premières décennies du XXème siècle, le cyclisme, dans le processus d’appropriation sportive du territoire algérien, est le signe privilégié d’une identité française.
Après la Première Guerre Mondiale, graduellement, des coureurs musulmans se font remarquer. Parmi les premières vedettes, signalons dans les années 1920, Abdelkader Kebylène, qui court et termine le premier Tour d’Algérie Cycliste en 1929 , et dans les années 1930 Abdelkader Abbès, le premier Algérien à courir et terminer le Tour de France en 1936. La même année, sont créés les premières associations musulmanes cyclistes parmi lesquelless le Vélo Sport Musulman (VSM), à Alger, à l’initiative d’un européen et avec l’aide des fondateurs du Mouloudia Club Algérois (‘le doyen’, date de 1921 – dans la vie associative le football précède le vélo).
Au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, le cyclisme nord-africain est intégré à la Fédération Française de Cyclisme (FFC). Décision administrative qui témoigne de cette « deuxième occupation coloniale », une volonté de la part de ‘Paris’ d’investir en Algérie. D’après l’hebdomadaire de la FFC, La France Cycliste, au seuil des années 1950, l’Algérie compte quelque 2000-2500 licences et le nombre de clubs se situe autour de 75. À titre comparatif, en métropole, il y a environ 2000 associations et 60.000 licences. Impossible d’évaluer, faute de sources, parmi les licences nord-africains, le partage entre musulmans et européens, mais il est hors de doute que les algériens étaient très minoritaires – je pense quelques centaines tout au plus.
Les années 1945-1954 peuvent être considérées comme l’âge d’or du cyclisme d’Algérie. Pendant cette période, selon Chehat Fayçal, le vélo « disputait sans complexe la vedette au football. Les épreuves les plus connues (les critériums de L’Echo d’Oran, de l’Echo d’Alger ainsi que la reprise du Tour d’Algérie en 1949) voient la participation des marques métropolitaines (Terrot, Automoto, Alcyon, Mercier) et de coureurs européens (belges, hollandais, suisses et italiens) parmi lesquels les plus grandes vedettes, tels Coppi et Bobet. Ces épreuves intègrent l’Algérie plus qu’auparavant dans le cyclisme international, c’est-à-dire, à l’époque, européen. La rencontre va dans les deux sens : pendant quelques années, le sport arrive même à un certain degré de professionnalisation, ce dont témoigne la participation des meilleurs algériens et pieds noirs aux épreuves européennes (Dauphiné Libéré, Le Tour de Suisse) et la participation à la grand-messe du cyclisme, le Tour de France, d’une équipe nord-africaine mixte comprenant les meilleurs nord-africains. Comment cette équipe a-t-elle été perçu e par la presse coloniale et métropolitaine ? L’anecdote Zaaf dans le Tour de 1950 est à elle seule très connue et fait partie de la mythologie du Tour et constitue en soi un objet d’étude.
Le phénomène est apparemment très suivi en Algérie, en témoigne la création d’un Club de Supporters de l’Équipe Nord-Africaine présidé par Vincent Ferrer (famille d’Hubert Ferrer, personnalité connue dans les milieux d’anciens cyclistes d’Algérie), dont le siège social est la brasserie Le Coq Hardi. Plus que jamais, au seuil des années 1950, le cyclisme nord-africain intègre le cyclisme européen et, inversement, le cyclisme continental découvre le Maghreb. Il y a toute une analyse à faire sur ces rencontres, ces échanges, pour ne pas dire ces ‘migrations sportives saisonnières’ et leurs représentations, leurs mémoires et leurs significations sportives, culturelles et identitaires À titre d’exemple, les rencontres et l’amitié entre le coureur cycliste flamand, Hilaire Couvreur, et Abdelkader Zaaf. Zaaf est allé à Bruges, et inversement,
Couvreur, le double vainqueur du Tour d’Algérie Cycliste, appelé dans le peloton ‘Hilaire l’Africain’, s’est installé pendant quelques mois avec sa femme et son enfant chez Zaaf à Chebli. Le fils de Couvreur, qui m’a apporté son témoignage, se rappelait, alors même qu’il était tout jeune, son séjour en Algérie. Cela m’intéresserait de savoir comment Zaaf a été perçu par la presse Flamande – la Flandre étant un haut lieu de cyclisme à l’époque (et l’est toujours aujourd’hui).
Plus généralement, aller en Afrique du Nord, pour des cyclistes métropolitains et plus encore pour des Européens, souvent issus de couches modestes, répétons-le, à une époque où l’Europe ne se remettait que lentement de la Deuxième Guerre Mondiale, c’est lourd de sens et c’est bien plus qu’une simple aventure : pour ces jeunes c’est la découverte d’un monde inconnu, nouveau, exotique. Il est par exemple fascinant d’analyser les discours fabriqués sur l’Algérie (sur l’Orient pour se référer à Edward Said) par des coureurs néerlandais : l’Algérie fascine (références de type Mille et Une Nuits) et inspire la crainte. Ils se reconnaissent dans la culture citadine et littorale, les grandes villes de côte, Alger, Oran, Bône, la France, mais dès qu’ils traversent l’arrière-pays (étapes vers Bou-Saada, Biskra), ils perdent leurs références et leurs repères : le paysage (désertique) aussi bien que la population locale (arabophone) font peur. Ils veulent surtout ne pas être lâchés par le peloton !
Le Tour d’Algérie, preuve de francité
Le cyclisme peut être analysé comme un puissant « marker of identity » qui se rapporte, parmi d’autres, aux multiples interactions spatiales. Le TAC est une épreuve de ‘francité’:
1) Une ‘célébration’ de l’Algérie française. Les villes et villages des départements d’Oran, d’Alger et de Constantine sont liés à tour de rôle en tant que lieux de passage ou ville-étapes. Ils soulignent à la fois la cohésion, les ressemblances et différences entre régions et paysages ;
2) Une reconquête rituelle du territoire nord-africain.
Comme l’a souligné Phil Dine, le TAC est d’abord et avant tout « une course hautement symbolique. » L’arrière-fond, c’est l’optimisme renouvelé de l’Algérie française d’après-guerre. Toujours selon Dine, cette course se veut la démonstration de la stabilité et de la permanence française en Algérie, malgré les signes de plus en plus évidents de la contestation nationaliste.Cette épreuve sur plusieurs semaines se veut la copie conforme du modèle métropolitain, le Tour de France. Il s’agit de « calquer, le plus possible l’organisation de l’illustre modèle. Pour en arriver là, le TAC, selon le journaliste sportif Tony Arbona de La Dépêche Quotidienne, sollicite le support de L’Équipe et de Jacques Goddet.
Pendant les 5 ans de son existence, 1949-1953, le tour en tant que « célébration » de l’Algérie française lie à tour de rôle les villes et villages des départements d’Oran, d’Alger et de Constantine en tant que lieux de passage ou ville-étapes. L’épreuve sportive souligne ainsi à la fois la cohésion (ressemblances) mais aussi les différences entre régions et paysages. Le Tour d’Algérie c’est une valorisation du sol algérien, mais non pas des géographies idéales, puisque le grand sud n’est jamais inclus dans l’épreuve. Pas une boucle à la française mais plutôt un rectangle, de l’Est à l’Ouest et retour. Les itinéraires successifs du TAC sont des variantes de ‘beating the bounds’, une version moderne d’une randonnée rituelle par laquelle, dans le passé, une communauté villageoise affirmait l’intégrité de son territoire. Comme reconquête rituelle du territoire nord-africain, cette épreuve véhicule ses propres rites et symboliques.
Parenthèse : les maquettes des affiches après-guerre sont réalisées par l’illustrateur et écrivain Gaston Ry (René Rostagny). Surtout l’affiche 1949, très réussie, une véritable œuvre d’art. Notons, et je pense que ce n’est pas anodin, que Rostagny publia en 1967 La Grande honte, une histoire de la guerre d’Algérie on ne peut plus revancharde.
Ces deux épreuves constituent une exception puisque par la suite, aucun tour d’Algérie n’arrive à s’organiser sur une durée trois semaines sur cet axe ; les boucles deviennent non seulement incomplètes, mais imparfaites. Signalons que dans deux boucles seulement, celles de 1951 et 1952, l’intégrité du territoire est affirmée, et paradoxalement par des excursions à l’étranger, respectivement en Tunisie (avec des villes étapes Bizerte et Tunis) et au Maroc (ville étape d’Oujda).
Le parcours désigne un territoire dont il le met en scène et en accentue, au passage, la beauté. L’expérience du Tour d’Algérie se veut esthétique. L’Algérie traversée est une Algérie magnifiée : La Dépêche le 17 mars 1953 : « Si le Tour est un spectacle pour les pays qu’il traverse, ces pays le lui rendent bien. (…) Montagnes, campagnes, visages, voix humaines (…) l’Algérie toute entière. » Tout comme son modèle, le Tour de France, le Tour d’Algérie exprime une volonté d’illustrer le territoire, d’affirmer « un sentiment d’appartenance ». Il veut « enseigner le pays ».
De 1949 à 1953, les reportages de la presse écrite démontrent cette francité essentielle du territoire. Un exemple tiré de l’Écho d’Alger [je cite] : « Dans le moindre hameau, le passage du Tour d’Algérie était comme le jour de fête nationale : on a placé les enfants des écoles agitant des petits drapeaux tricolores le long du trottoir ; on a pavoisé comme pour le 14 juillet ; on a sorti précautionneusement son costume des dimanches ; on a convoqué la fanfare pour jouer la ‘Marseillaise’ au passage des coureurs. » Et le journaliste Finaltéri, dans sa rubrique ‘Tout autour du Tour’, d’écrire [je cite]: « Nous avons retrouvé hier matin, l’ambiance des grands départs sur l’immense place du Gouvernement d’Alger. (…) la foule s’était massée derrière les barrières tricolores, les mêmes que celles utilisées lors des défiles des grandes fêtes nationales (…) Séparément, ou par groupes, les coureurs pénétrèrent dans l’enceinte, sportivement applaudis. Ce fut surtout le cas pour les algérois Zelasco, Chibane et Zaaf. » (La Dépêche, 1950).
Dans l’évocation des différents paysages, la Métropole, la mère-patrie, n’est jamais loin. Dans le tour de 1952, est évoquée la ville-étape de Ténès. Suivons le texte dans le Livre d’or [je cite]: “Ténès, située à mi-chemin entre Alger et Mostaganem sur la route du littoral est certainement l’une des stations côtières les plus agréables à connaître et à fréquenter. Édifiée à l’endroit où le rivage s’amollit brusquement, après les escarpements vertigineux qui le caractérisent depuis Cherchell, elle offre à l’Est comme à l’Ouest une extrême variété de cirques couronnées de pins, comparables aux plus beaux coins de la Côte d’Azur, alternant avec des rives sablonneuses ou rocheuses, paradis des baigneurs et des amateurs d’oursins et de pêche.” [Fin de citation].
Une manière différente, mais récurrente, de se référer au passé et aux systèmes de valeurs français, sont dans le Tour même, les rites du départ. Ainsi, l’exemple d’une cérémonie devant le monument aux morts à Sidi Bel-Abbès. Il y en avait aussi à Tunis et à Mostaganem. Plusieurs lectures possibles : la commémoration d’un passé glorieux, partagé, les tranchées de 14-18 ? Et, à travers le souvenir de la guerre, les références symboliques : virilité, honneur, persévérance
Le TAC et la modernité
Cette francité du cyclisme s’exprime également à travers sa modernité. Déjà, en tant que sport européen introduit par les colons au 19e siècle, le cyclisme incarne le progrès et l’avenir, la modernité occidentale. Il s’agit, d’un point de vue historiographie, d’une analyse assez classique.
Plus que tout autre épreuve cycliste en Algérie au seuil des années 1950, c’est le Tour d’Algérie qui devient la pierre angulaire du mariage commercial de la presse et de l’industrie du vélo en Algérie, en l’occurrence La Dépêche Quotidienne d’Alger et la marque Terrot. Celle-ci sponsorise l’équipe qui comprend le plus de vedettes nord-africaines, indigènes et européens. Plus que dans les critériums, c’est d’abord le Tour d’Algérie, et ensuite bien évidemment le Tour de France, qui servent d’espaces d’héroïsation. Pour La Dépêche / Champion et Terrot c’est, parmi d’autres coureurs, Ahmed Kebaïli qui sera lancé comme vedette. J’y reviens dans un instant.
À la fin des années 1940, plus que jamais, le cyclisme d’Algérie est visualisé et enseigné à travers l’écran. Nous constatons autour des épreuves sportives une médiatisation accrue : à part la radio et la presse coloniale déjà présentes, le nombre de titres de la presse métropolitaine qui couvrent les événements sportifs en Afrique du Nord augmente considérablement. Chose importante également, le Tour est couvert par les actualités cinématographiques. Manière moderne de montrer l’œuvre française : l’infrastructure et l’industrie, mais aussi des institutions telles que l’Armée et l’Eglise. C’est classique – cf. la photo de 1929 – mais beaucoup plus médiatisé.
Dans le discours médiatico-sportif, aussi bien en 1929 que dans les années 1950, nous retrouvons de nombreuses juxtapositions ou plutôt oppositions des deux sphères, indigène et française ou occidentale. La photo issue du Miroir des Sports 1929 ressemble à la photo du tour dans les années 1950 et les imagettes tirées des Actualités Françaises montrent bien les Temps Modernes face au Moyen-âge : le coureur cycliste face à l’indigène monté sur un dromadaire ou une caravane d’ânes ; le vélo face à une charrette à âne ou à une charrue à bœuf
Le discours de la modernité apparaît aussi à travers la réclame, la participation de marques cyclistes et publicitaires. La promotion pour les marques commerciales va de pair avec la promotion du pays, ce dont témoignent leslivres d’or, innovation d’après-guerre, aussi bien guides sportifs que guides touristiques.
Après l’exploitation du journal, suit l’exploitation de la route avec la “caravane blanche” comme “un nouveau mécanisme de propagande” (La Dépêche, 11 mars 1950). Spectaculaire le Tour l’est en effet, avec son peloton et sa caravane publicitaire, véritable procession. Les voitures, les camions, les haut-parleurs, les slogans, le chronométrage, les annonces, tous indices d’avenir. Peloton et caravane véhiculent avec eux l’image du progrès, de la nouveauté, du modernisme. Avec les années, la caravane publicitaire s’amplifient et en 1953, elle compte 250 personnes.
Dernier signe de progrès, les tentatives de développer le cyclisme féminin. En tant qu’espace public, la sphère sportive a occasionnellement permit aux femmes, surtout européennes, d’y accéder. Il n’y a que très peu de renseignements sur cette thématique. Le travail, à travers la presse coloniale, n’est pas encore fait. À Alger, c’était notamment Madame Christine de Stampa. Avec son mari très engagé dans le milieu cycliste, elle présidait le Vélo Club de Birmandreis, qui était à l’origine du développement de sections féminines dans les clubs algérois : notamment l’Union Cycliste Algéroise (présidé par M. de Stampa), le Vélo Sport Algérois, l’Olympique d’Hussein Dey et le Sport Cycliste Enfantin de Belcourt. Dès 1950, se déroulent des épreuves réservées aux dames dans le Département d’Alger. C’est beaucoup dire : les femmes qui pratiquent ce sport dans l’Algérois ne dépassent pas la dizaine. Dans le sillage du Tour d’Algérie Cycliste de 1950, il est organisé un Trophée féminin qui engage neuf participantes et qui relie Castiglione à Alger.
À part l’Algérois, c’est l’Oranais qui a connu quelques initiatives dans ce sens. C’est à Oran qu’évoluait une sportive musulmane : Blalta Kheira, cousine d’un coureur localement connu, Latbaoui. Dans les travaux de Mériem Belabed-Mouhoub et de Ryme Seferdjeli, on retrouve des éléments sur sa vie et son parcours sportif. Ces informations nous renseignement également sur l’accueil qui lui fut réservé. Écoutons d’abord son témoignage sur ses débuts dans le sport et la manière dont elle fut accueillie [je cite]: “J’ai commencé à faire du vélo à 12 ans, toutes les filles de mon âge avaient un vélo. Pour ma famille ce n’était pas un problème mais pour les autres, si. J’habitais Eckhmül [il y avait une piste – NP].
Quand il y avait les compétitions masculines, j’allais voir au vélodrome Pierre Gay. Ce n’était pas loin de chez moi. Je partais seule voir mon cousin qui courait à l’époque. Pour eux, c’était un déshonneur, ils disaient à mon père : « Tu laisses ta fille faire du vélo, faire du sport ce n’est pas bien ». Mon père ne tenait pas compte de ces propos. Lui aussi était un sportif.” [fin de citation] À en juger la presse oranaise de l’époque – mais encore une fois, un travail plus sérieux à ce sujet reste à faire, elle était bien accueillie : “L’Oranie peut se targuer de posséder l’unique licenciée franco-musulmane de l’AFN (…) elle est devenue une des meilleures routières de notre département. » La presse l’a décrite comme une « jeune fille dont la gentillesse et l’amabilité ont été vite remarquées dans les milieux cyclistes de chez nous. »
Poignée de femmes ou cas isolé, au fond, peu importe, puisque ces tentatives au début des années 1950 ont existé. Le cyclisme se voulait moderne. Avec la démonstration de la stabilité et de la permanence française, le cyclisme en général, le TAC en particulier, traduit aussi un souci de professionnalisation, d’émancipation et de reconnaissance de la part de la population européenne. Plus d’une fois, celui qui organise le TAC, Tony Arbona, soupire dans les colonnes de La Dépêche [je cite] : « Il faut détruire cette légende de nos Nord-Africains considérés comme des domestiques des Métropolitains, comme il faut détruire aussi ce complexe d’infériorité qui fait qu’on désespère de voir un jour le TAC gagné par un Nord-Africain. » [Fin de citation] (La Dépêche, 1951).
Deux ans plus tard, Arbona en rajoute [je cite] : « Je vous assure qu’un jour vous n’aurez pas à rougir de la comparaison Métropole – Afrique. Pour ma part, j’estime qu’une race comme la nôtre qui a pu fournir des [Marcel] Cerdan [boxe], [Larbi] Ben Barek [footballeur marocain], [Georges] Vallerey [nageur, né en France mais ayant grandi au Maroc], [Marcel] Salva [footballeur, Alger], [Mohamed ou Patrick] El Mabrouk [athlète], dominant dans d’autres sports, doit briller aussi fort en cyclisme. » [Fin de citation]. L’emploi du mot ‘race’ peut surprendre. Est-ce qu’il l’emploie dans un sens strictement ethnique voir biologique ? Mais pourquoi mentionner des sportifs de tous bords : d’origine métropolitaine, pieds noirs, marocaine et algérienne ? Ils représentent la société nord-africaine dans toute sa diversité. Donc, ‘race’ dans un sens géographique : nord-africaine ? Ce qui me paraît sûr c’est que ce discours masque un complexe d’infériorité vis-à-vis de la Métropole et du sport métropolitain.
L’historien belge Stijn Knuts a brillamment démontré dans sa thèse sur cyclisme et identité flamande, la manière dont l’aspect territorial importe dans cette construction identitaire. Cette identité se forge à la triple rencontre du local, (sub)national et international. L’analyse du niveau local – micro storia, montre l’importance des lieux de sociabilité (la culture des bars) et de la presse locale. Cette dernière crée l’événement sportif, et cela vaut peut-être plus encore pour le cyclisme que pour tout autre sport, puisque le cyclisme, jusqu’à l’apparition de la télévision, est un sport qui se lit dans le journal. Parce que rares sont les spectateurs qui voient l’épreuve du départ et à l’arrivée, le récit et la narration sont d’une importance cruciale. Le coureur du village devient la vedette locale, à travers la couverture de presse et les rites (l’accueil du vainqueur). En guise d’exemple, l’identification au héros dans l’Oranais. Les 3 fédérations algériennes d’Oran, d’Alger et de Constantine, étaient continuellement engagées dans une concurrence sportive.
Quant à l’histoire du cyclisme pieds noirs, elle est tombée dans un oubli total, hors de la communauté pieds-noirs. Son discours est celui de la « nostalgérie » sportive : la création d’un lieu de mémoire, d’une histoire commune à travers la publication de mémoires, des rencontres des amicales, de la communauté web et des sites internet, autant des vecteurs qui permettent à cette communauté de reconstruire “un passé et un univers rêvés”. La dernière qui existe encore, c’est l’amicale de l’Oranie Cycliste. Elle organise, depuis 38 ans, des retrouvailles annuelles. À travers ces rencontres, cette communauté sportive réaffirme son identité locale (oranaise) plutôt que nord-africaine.
Le VSM ou les rapports entre le cyclisme musulman et l’algérianité
La manière dont les pratiques sportives ont été empruntées puis appropriées par les sportifs musulmans et utilisés contre la domination française a été amplement analysée. Le sociologue Yousef Fatès à souligné à propos du sport algérien en général qu’il s’agit d’un « véritable terrain de résistance nationale pour le colonisé » et que les clubs musulmans furent « de véritables écoles de formation de cadres du mouvement national ». Comment et pourquoi sport et sentiment national entretiennent « avec la relation franco-algérienne des liens complexes, ambivalents et même ambigus » a été particulièrement bien étudiée pour les mouvements de jeunesse dont les scouts musulmans et le football.
Qu’en est-il des rapports entre le cyclisme et le sentiment national algérien des années 1945-1954 ? Quel est l’apport des associations sportives musulmanes au nationalisme algérien ?
Parmi d’autres structures et organisations, le nationalisme s’est forgé dans le mouvement sportif. Pour le cyclisme musulman, l’association phare depuis 1936, c’est le VSM. La forme associative est un moyen d’émancipation, mais en même temps, selon le témoignage de l’ancien coureur cycliste Amari dans Annales du cyclisme d’Algérie, un passage obligatoire [je cite]: « Tout cycliste musulman où qu’il se trouvait devait rejoindre le VSM. De gré ou de force. Il y avait eu une propagande (…) C’était un premier ralliement. Un premier novembre avant l’heure. » fin de citation]. Comme Fatès l’a également démontré, ces associations sportives jouent « la fonction d’une véritable institution pédagogique destinée à l’éducation et à la protection morale des jeunes musulmans ». Il a analysé à travers différents statuts, parmi lesquels ceux du VSM, comment ces associations visaient « une expérience sociale de formation ». La discipline et le bon comportement sont importants.
L’Association sportive musulmane met en avant le communautarisme et est un lieu de construction de l’identité du « nous », de l’algérianité. La formation politique y a également sa place mais plutôt de manière indirecte. Avec le club sportif, émerge une nouvelle sociabilité, qui renforce l’identité algérienne. Dans cette vie sociale, culturelle et politique des associations sportives, l’espace et la localité jouent un rôle important.
En premier lieu, le bar sportif. Avec le café et brasserie, il joue un rôle important dans la création et le développement des clubs sportifs musulmans. Un lieu de sociabilité et de politisation d’une très haute importance.] Le VSM est créé en octobre 1936 dans le bar du Tabargo (ou Tabarys), rue de la Flèche (proche des Arcades). Les Conseils d’Administrations annuels se tiennent dans des bars différents, selon leur disposition.
Un deuxième endroit de sociabilité et de politisation sont les rédactions des journaux.
L’exemple le plus manifeste c’est Alger républicain qui organisait des rencontres hebdomadaires. Tous les mardis soir, la salle de rédaction se transforme en hall de réception pour les « mardis » d’Alger Sprint, le titre général des pages sportives. Le journal reçoit des membres et dirigeants de clubs, des équipes gagnantes – ou perdantes – et des champions de toutes disciplines de passage à Alger. Les plus grands de l’époque y viendront : des boxeurs, des coureurs comme [Alain] Mimoun, des internationaux de foot (…) des basketteurs, des nageurs ainsi que des cyclistes et pas des moindres ! – comme les italiens Bartali et les frères Coppi, l’espagnol Bahamontes, les français Jean Robic et Bobet, les nord-africains Kebaïli, Zaâf, etc. Selon le journal communiste, qui accueille aussi les artistes de passage, ces rencontres sont [je cite] « l’occasion de reconnaître et de faire se connaître des gens séparés par la barrière qu’excelle à dresser le régime colonial. » [Fin de citation]
Un troisième endroit de sociabilité c’est le ‘Cercle des Sports’, situé au 2, Place de Chartres (actuellement la Place Amar El Kama). À la même adresse, siègent également le Cercle du MCA ainsi que le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques. Ce parti développe à la fin des années 1940 un réseau de sections et prend appui sur les medersas (écoles théologiques), les cafés, les mouvements de scouts et les clubs sportifs.
C’est dans le Cercle des Sports que le VSM organise ses soirées culturelles. Ainsi, en février 1948, est organisé un événement qui, à en croire les sources, aurait été attendu par quelque 500 personnes. Cette foule ne comprend pas uniquement de coureurs cyclistes. C’est festif. On y chante, on y prononce des allocutions. Ainsi Eddina Naceur, speaker de Radio Alger et rédacteur du journal Echabiba – journal que je n’ai d’ailleurs pas repéré dans des archives, prend la parole en arabe, fait l’historique du sport musulman et s’exclame [je cite] : « Tous les musulmans Algériens devaient s’unir et s’intéresser aux sports, car (…) les exercices de force sont une vieille création musulmane et il est de votre devoir de redoubler d’efforts afin de dépasser les Français, les Américains, etc… ». [Fin de citation] Naceur termine son discours en exhortant l’auditoire à faire de son mieux pour le sport musulman et surtout ne pas compter sur une aide des « colonialistes ». La soirée continue avec une vente aux enchères et une collecte de dons des différentes sections PPA d’Alger, offerte au nom de Messali Hadj. Ensuite joue l’orchestre Scandrani de l’Opéra. Un sketch comique prévu au programme n’a pas lieu, interdit par l’Administration Française.
Malheureusement, nous ne disposons que de très peu d’informations sur ce genre de rencontres et soirées. ] Il serait intéressant d’analyser les liens et l’enchevêtrement entre le monde du sport (le cyclisme) et celui du spectacle à l’époque.
Les archives internes du VSM demeurent jusqu’à aujourd’hui, introuvables – il est d’ailleurs peu probable qu’elles aient été conservées. Et à part les quelques comptes-rendus sur le VSM dans la presse coloniale, nous n’avons retrouvé que peu de rapports de la police des renseignements généraux. Est-ce que cela tient au fait que le cyclisme en Algérie était considéré comme un sport atypique dans sa dimension sociale et publique ?
Dans un rapport sur le sport musulman, qui date de 1948, le cyclisme avec la boxe et le football, sont considérés comme les sports « les plus populaires » auprès des musulmans. Si des rencontres sportives donnent lieu à des ‘incidents’ ou des ‘troubles’, c’est surtout à l’occasion des rencontres de football et dans une moindre mesure, autour des matchs de boxe. Le cyclisme n’est pas mentionné. Comment l’expliquer ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’il n’y avait tout simplement pas d’incidents ? Et s’il n’y avait pas d’incidents, le sport n’était-il pas systématiquement suivi par les services français des renseignements généraux ?
Identités multiples ? : le cas d’Ahmed Kebaïli
Dans un troisième et dernier volet, si le temps me le permet, quelques mots sur les cyclistes nord-africains et cette problématique de l’identité sportive dans un contexte colonial. Pour le cas du cyclisme, il manque d’études sur ce point, contrairement au football où nous disposons à titre d’exemple, d’une analyse très fine sur le footballeur Larbi Ben Barek. À travers une analyse qualitative de contenu de deux quotidiens français, l’historien suisse Stanislas Frenkiel a illustré l’ambivalence du discours médiatico-sportif concernant Ben Barek lorsque celui-ci arrive en France, en 1938. Ce discours construit imaginairement sa ‘primitivisation’ tout en s’efforçant de l’« héroïser ». Frenkiel explique cette ambivalence par une volonté métropolitaine de régénération du ‘national’ par le ‘colonial’, justement à une époque, la fin des années 1930, où la France est en crise.
Après 1945 la France a de nouveau besoin de s’affirmer. Qu’en est-il des coureurs algériens qui traversent des trajectoires sportives exceptionnelles, non seulement à travers leurs passages en Europe, mais également à travers leurs participation aux épreuves nord-africaines ?
Et comment la presse coloniale contribue-t-elle à l’héroïsation des sportifs ? Pourquoi crée-t-elle un espace de légende autour d’eux ? Ensuite, dans quelle mesure, cette héroïsation se concilie-t-elle avec une volonté de stigmatiser, de typifier ? Est-ce qu’on peut parler d’ambivalence dans cette couverture médiatique ?
Je vous rappelle que c’est La Dépêche Quotidienne avec Tony Arbona qui lance Kebaïli, « la vedette de Terrot ». Selon Arbona, la presse « a ‘un rôle’ à jouer pour modeler l’esprit sportif ». En analysant les articles sur le cyclisme dans la Dépêche et son supplément sportif Champion dirigé par Tony Arbona, il est hors de doute qu’Ahmed Kebaïli est magnifié. Il est considéré par Arbona comme l’une des grandes vedettes du cyclisme d’Algérie. Kebaïli « possède indéniablement la classe internationale » (26-27 février 1950), c’est « la vedette de Terrot » (9 mars 1950), “de grande classe » (14 mars 1950), « hors classe » (20 mars 1953) et “notre ‘numéro un’ dans la Grande Boucle” (27 mars 1951). Kebaïli devient un héros.]
Cette vedette sportive, passe aussi vedette commerciale et publicitaire. Ainsi, il figure dans une publicité Coca Cola. La peinture publicité de la camionnette, réalisée par L. Siksik, montre ‘le lion de Blida, l’aigle de Chréa’, en gros plan, en chemise et en pull, style moderne, occidental, l’air décontracté, en train de boire une bouteille de Coca. À ce jour, nous n’avons pas trouvé d’autres exemples de ce genre pour les autres sportifs nord-africains. Ce texte traduit tout un système de références : culture de masse version américaine, incarnation des valeurs occidentales (c’est l’époque de la ‘coca-colonisation’, terme qui dans ce contexte, prend un sens assez particulier). Et Kebaïli, à travers cette effigie qui traverse l’Algérie, éduque le pays et est un signe visible de la modernité.
Ainsi, il incarne la réussite du modèle républicain français. La vedette de Terrot est assimilée à la nation française. Il a ouvert un magasin cycles Terrot à Blida, il maîtrise parfaitement la langue française (contrairement à plusieurs collègues algériens au VSM, parfois analphabètes). La campagne publicitaire et son apparence vestimentaire renforcent l’idée d’acculturation.
À en juger la cohérence des articles de La Dépêche, le journal a réussi a construite l’image d’un français ou plutôt d’un sportif assimilé. Nulle part le journal n’insiste sur son identité musulmane. Donc, pas de discours médiatico-sportif ambivalent mais bien plutôt respectueux, homogène. Mais de plus amples recherches dans la presse sont nécessaires pour savoir si l’assimilation de l’aigle de Chréa se limite à la sphère sportive et/ou à la nation française.
Dans un entretien, Norbert Massip, jeune coureur cycliste au début des années 1950, m’a raconté à quel point il admirait Kebaïli. Il était pour lui un sportif exemplaire. En plus, comme Massip n’avait pas beaucoup de moyens, Kebaïli l’a aidé avec son équipement. À part ces bribes d’informations et les récits de presse, il est difficile de saisir la réputation et la célébrité de Kebaïli, faute de sources algériennes. Par exemple, comment les vedettes algériennes étaient-elles perçues par la population musulmane?
Reste à savoir à quelle profondeur ce processus d’occidentalisation et de francisation a-t-il été intériorisé. Ce qui est certain, c’est que la guerre d’Algérie confirme son algérianité, comme il en a été le cas de beaucoup de cyclistes musulmans. Son arrestation en juillet 1955 provoquera une rupture médiatique. Avant que le procès n’ait lieu, la Dépêche Quotidienne qui l’a toujours soutenu, le condamne et prend ses distances. La vedette de Terrot, sera condamné à 5 ans de prison.La juxtaposition de la une est tout à fait intéressante : entre Yasef Saadi et Ali la Pointe d’un côté, et le Tour de France 1956 de l’autre.
Après 1962, l’ancien sportif figure parmi les personnalités qui sont à la base de la renaissance du cyclisme d’Algérie et du Tour d’Algérie, puisque celui-ci est appelé à renaître de ses cendres.
Huertas Guy - Ingénieur - ALICANTE, Espagne
19/04/2019 - 400513
CREATION DU PREMIER CENTRE AGRICOLE : SAINT CLOUD C’est par ordonnance du 4 décembre 1846 que fut créé le Centre de Saint-Cloud. Mais l’origine de cette localité remonte à 1 845. À cette époque, un Espagnol, Joseph Huertas Campillo, ayant organisé un service de voitures d’Oran à Mostaganem, avait établi un relais à Saint-Cloud, qui portait alors le nom arabe de Gdyel. Il fit construire sur le bord de la route un baraquement en planches pour servir d’écurie aux chevaux et de gîte à leurs gardiens. Cet abri ne lui parut pas suffisant lorsqu’il eut aperçu pendant plusieurs nuits un lion rôder aux alentours. Il remplaça le baraquement par une construction en maçonnerie, espèce de redoute qu’il flanqua de deux échauguettes pour se défendre à la fois contre les fauves et contre les malfaiteurs. Huertas joignit dès lors à son entreprise de voitures publiques le commerce des comestibles et établit à Gdyel un magasin pour les militaires, allant de Mostaganem à Oran et vice versa, et sur la façade duquel il fit mettre comme enseigne « A la ville de Saint-Cloud. Cette dénomination que l’ordonnance de 1 846 devait consacrer, est due à une circonstance assez singulière. M. Huertas confia le travail de l’enseigne à un peintre de nationalité espagnole, de passage dans la « localité ». Celui-ci avait fait son Tour de France et le Saint-Cloud de la capitale l’avait tellement impressionné qu’il demanda et obtint l’autorisation de rappeler en quelques lettres, qui ont eu un effet auquel il ne songeait sans doute pas, un souvenir qui lui était cher. Dans le courant de cette même année 1846, un Français, M. Laville, était également venu à Saint-Cloud dans le but d’y établir une filature de laine. Une chute d’eau lui avait été promise pour mettre en mouvement les machines nécessaires à cette industrie ; mais il ne put réaliser son projet parce qu’il n’y avait en fait de chute d’eau qu’une modeste source. Il obtint cependant une concession et se fixa à Saint-Cloud pour y pratiquer la culture. Mais ni Huertas, ni Laville n’avaient encore défriché aucun espace de terrain appréciable à l’arrivée du « détachement ». Tout restait à faire comme travaux de colonisation, et l’on peut dire que la création du village de Saint-Cloud date réellement de 1848. Le détachement qui devait peupler le Centre de Saint-Cloud partit de Paris, plus exactement de Bercy, le 8 octobre 1848. On communiqua aux colons qui le constituaient le plan du pays où on les envoyait. C’était superbe. Saint-Cloud y était représenté comme un vrai pays de cocagne. Une grande rivière arrosait la contrée et entretenait la vie de nombreux arbres d’une riche végétation. Des routes larges et commodes mettaient Saint-Cloud en communication avec les centres existants ou à créer. Sans doute les auteurs du plan n’avaient-ils jamais vu Saint-Cloud mais ils sentaient le besoin de stimuler les indécis par des appâts trompeurs. Au cours de leur long parcours fluvial et ferroviaire, les émigrants – cruelle prédestination - reçurent parfois un très mauvais accueil. On les prit pour une troupe d’insurgés, condamnés à la déportation. Ils durent essuyer de la part d’un grand nombre de spectateurs placés sur les ponts au-dessus desquels ils passaient, une pluie d’injures et de pierres. Ils n’échappèrent même pas au coup de pied de l’âne. Les détenus de la Maison Centrale, édifiée sur la rive du fleuve près de Melun, leur envoyèrent un salut fraternel, témoignage délicat de la sympathie qu’ils éprouvaient pour des « copains ». Heureusement, à partir du passage dans les canaux du Loing et de Briare, les riverains firent généralement aux émigrants un accueil enthousiaste qui vint adoucir quelque peu leur amertume du départ. Mais voici le compte rendu de ce départ, paru dans le numéro du 19 octobre 1848 du Moniteur de Paris. Ce matin, à 7 heures, les colons composant le premier convoi que le gouvernement dirige vers l’Algérie étaient réunis à Bercy. Le ministre de la Guerre présidait celle réunion et il a gratifié nos braves émigrants d’un discours et d’un drapeau autour duquel la troupe doit se regrouper pendant le voyage et à son arrivée dans la colonie. Cinq remorqueurs chauffaient, ils étaient attelés à dix bateaux qui contenaient cent soixante individus chacun, soit mille six cents habitants allant en Afrique fonder une nouvelle France. Le capitaine du génie Chapelain fut désigné pour prendre le commandement du convoi puis de la colonie agricole de Saint-Cloud. Six grands bateaux de 30 mètres de long, dits « toues de la Loire », et couverts d’un cabanage en planches sont affectés aux huit cent quarante-trois colons de Saint-Cloud. Quatre de ces bateaux contiennent chacun cent quatre-vingts colons et l’ambulance. Un cinquième en contient quatre-vingt, un sixième est affecté aux bagages. Chacun des colons a pu joindre à ses bagages les outils les plus essentiels et les moins encombrants de sa profession. Durant le voyage, ils étaient formés en groupes de douze individus avec un chef chargé de maintenir l’ordre, de recevoir et de distribuer les vivres aux heures des repas. Un livret a été remis à chacun des colons chefs de famille. Il renferme, outre le décret de l’Assemblée nationale qui a constitué les colonies agricoles, toutes les indications relatives à l’état civil du colon et de sa famille, et aux diverses prestations qu’il recevra (habitation, jardin, terres, effets de couchage, ustensiles de campement, semences, instruments de culture, cheptel, rations de vivres et salaire pour les ouvriers d’art). Le voyage doit s’effectuer de Paris à Roanne par la Seine, les canaux du Loing et de Briare et le canal latéral à la Loire. De Roanne à Givors le trajet se fera par chemin de fer, de Givors à Arles, par bateaux à vapeur et d’Arles à Marseille par chemin de fer. Le voyage jusqu’à Marseille durera de huit à neuf jours. De Marseille à Oran, la traversée se fait normalement en soixante-quinze heures. Le 26 octobre 1848, on parvint au terme du voyage à Saint-Cloud. Des soldats du 12e régiment d’infanterie légère, en détachement dans le futur village, reçurent les colons l’arme au bras, persuadés eux aussi qu’ils avaient affaire à un troupeau d’insurgés. Comme il fallait s’y attendre, l’arrivée à Saint-Cloud fut une cruelle déception. On se trouvait dans un pays inculte et inhabité. La rivière, vue de Paris, n’existait que sur le papier. Seul un mince filet d’eau venant de la colline voisine traversait le « village » et allait se perdre dans les lentisques et les palmiers nains qui représentaient les grands arbres annoncés. À l’aspect de ce pays, couvert de broussailles et dépourvu d’habitations, ce furent des plaintes et des récriminations haineuses contre les trompeurs qui avaient préparé ce guet-apens. Et c’était pitié de voir ces combattants pacifiques mesurant de l’œil cet ennemi invisible et qu’on devinait pourtant sous chaque pied de lentisque ou de palmier. La lutte avec la charrue menaçait d’être aussi impitoyable que celle avec le sabre. Quelques-uns désespérèrent en songeant à la somme d’efforts nécessaire pour vaincre cet ennemi et dont ils ne se sentaient pas capables. Jamais, pensaient-ils, des récoltes ne pousseraient dans ce terrain en broussailles, jamais la charrue ne féconderait ce sol aride et n’y développerait de mamelles assez puissantes pour nourrir des habitants. La terre promise était le désert, la solitude et la mort. Le nom même de Saint-Cloud donné à ce pays leur semblait une cruelle dérision, et ne leur rappelait le Saint-Cloud de la capitale que pour les plonger dans une douleur abîmant tout leur être dans le regret et le désespoir. Trois mois avant l’arrivée de la colonie, l’armée avait exécuté les travaux nécessaires à l’établissement d’un village. Les colons furent logés dans des baraquements en planches formant dix corps de bâtiments. La démoralisation ne tarda pas à produire ses funestes effets. Quelques jours à peine écoulés, des demandes de rapatriements furent faites. Le découragement avait surtout gagné les ouvriers d’art. Il y eut en effet deux catégories de Français bénéficiaires des crédits affectés à l’implantation de colonies agricoles : les cultivateurs et les ouvriers d’art. Ces derniers étant les moins favorisés partirent à la première occasion. Ceux qui restèrent reçurent chacun une concession d’un terrain qui n’appartenait à personne, le pays étant pratiquement désert. Chaque concession était de six ares dans le village et un lot de jardin de vingt ares et, en outre, dans le périmètre de la commune, un lot variant de deux à dix hectares selon l’importance de la famille. Après détermination de ces lots, chaque cultivateur reçut un bœuf, un porc, des semences, une charrue et les outils agricoles nécessaires ainsi que les ustensiles de ménage indispensables. Cette distribution était gratuite. Il n’y avait plus qu’à se mettre à l’œuvre. On s’y mit résolument. Les difficultés commencèrent. À celles de mettre en valeur des terres entièrement en friches, vint s’ajouter le changement de climat, avec l’atteinte des fièvres. Les premières récoltes furent décevantes : production insuffisante, mévente des produits. Les colons cherchèrent à vendre le bois des arbustes venant du défrichage. Mais lorsque, après un long trajet sur une piste pleine d’ornières et de rochers, on parvenait à Oran, on y vendait la charretée de bois pour 5 ou 6 francs et parfois même on l’abandonnait faute d’acquéreur et il fallait revenir rompu et le ventre creux. Pour comble de malheur, le choléra vint frapper la population, dès 1849, la plongeant dans la consternation et l’angoisse. L’année 1 851 fut terrible : cent quarante-deux décès dont cent au mois d’août et dix-neuf en un seul jour. On en fut réduit à entasser les morts dans une charrette pour les emporter au cimetière. Beaucoup s’enfuirent pour échapper au terrible fléau, seuls les plus courageux, laborieux et patriotes restèrent à Saint-Cloud. Leurs efforts et leur héroïque persévérance ne furent pas déçus par la suite. L’autorité militaire leur construisit trois cents maisons d’un type unique et, peu à peu, avec une meilleure connaissance du pays et du climat, ces premiers Français d’Algérie commencèrent à récolter le fruit de leurs peines et de leurs souffrances. Ils s’habituèrent au pays qui était alors infesté de lions, de panthères, de hyènes et de très nombreux chacals et sangliers, ce qui permit à quelques-uns d’exercer leurs talents de chasseurs. On cultivait surtout des céréales, puis on en vint à l’écorçage du chêne vert et à la récolte de l’alfa et du palmier nain pour la fabrication du crin végétal et de la vannerie. Le premier essai de viticulture date de 1 851. On. avait fait venir des plants de France, mais les ceps avaient beaucoup souffert et étaient arrivés presque desséchés. La plantation fut ainsi retardée puis la sécheresse acheva l’œuvre de destruction et l’essai en resta là. En 1862, un nouvel essai fut tenté par trois colons, mais on n’obtint d’abord que du raisin de table. En 1864, après une sélection des meilleures qualités et un travail opiniâtre, on parvint à planter deux hectares. Dès lors, les innovateurs de cette culture distribuèrent gratuitement des boutures à leurs voisins, les encourageant à planter à leur tour. En dépit de difficultés multiples, dont l’inexpérience des cultivateurs, la sécheresse, les sauterelles, etc., en 1868, il y avait dix hectares de vigne. Mais le grand essor ne se produisit réellement qu’à partir de 1872-1873, époque où M. Louis Laurent obtint une première récompense à l’exposition de Vienne (Autriche), pour ses vins et ses eaux-de-vie de marc. Tous les colons se mirent dès lors à défricher leurs terres et à planter de la vigne. Mais, par manque de capitaux et d’outillage de vinification, la qualité des produits laissa longtemps à désirer. La confiance et la persévérance opiniâtre des colons furent cependant récompensées par le succès. Un hommage particulier doit être rendu à ces rudes travailleurs qui ont changé ces plaines et ces coteaux arides, ces friches de broussailles inextricables, en luxuriant vignoble. En 1894, Saint-Cloud comptait au total 2 964 hectares de vigne en plein rapport. Que de chemin parcouru en trente ans !. À la viticulture qui devint prédominante dans le pays, vint s’ajouter la meunerie. Durant les premières années la petite colonie devait faire venir de Mostaganem ou d’Oran la farine nécessaire à sa consommation locale. Puis, en 1852, M. Huertas fit bâtir un moulin à vent qui fonctionna jusqu’en 1 883 et que l’on pouvait encore voir sur la propriété Brière vers la fin des années 1920… Par la suite, un sous-officier d’intendance d’Oran, M. Lanoé, eut l’idée d’installer, en 1884, un petit moulin à vapeur. Deux ans plus tard, ne pouvant suffire à la demande, il agrandit son usine et l’équipa de moteurs plus puissants. En 1890, enfin, il dut procéder à de nouveaux aménagements et construisit une belle usine qui fournissait toute la. région. En cinquante ans, aidés par l’armée, les colons français auxquels s’étaient joints de nombreux ouvriers agricoles espagnols et arabes transformèrent un désert hostile et insalubre en une jolie commune verdoyante. En 1867 eurent lieu les premières élections et l’installation du premier conseil municipal. En 1874, les musulmans votèrent avec les Français aux nouvelles élections municipales. Dès lors, la commune de Saint-Cloud devenait majeure et commençait le chemin de sa croissance qui devait la conduire à se transformer au cours de notre siècle jusqu’à devenir une charmante petite ville de dix mille habitants. Le lecteur sera peut-être surpris que ce récit laisse si peu de place à la population autochtone. Au début, celle-ci n’était constituée, pour la région de Gdyel, que d’un ou deux douars assez éloignés de l’implantation de la colonie française. Leurs habitants logeaient sous des tentes et vivaient misérablement du produit de leur troupeau et de mauvaises et rares récoltes arrachées à un sol plein de rochers et de cailloux par un travail des plus sommaires et archaïque. Incrédules et méfiants, voire hostiles, ils observaient de loin les travaux refusant toute collaboration. Puis, les résultats s’affirmant, ils se rapprochèrent peu à peu de ces hommes qui savaient transformer le désert en « paradis ». Ils furent bien accueillis et on leur offrit, avec du travail, une nourriture plus abondante et des soins. Leur méfiance s’évanouit et leur incrédulité aussi. Ils vinrent de plus en plus s’embaucher pour les travaux des champs et apprendre comment obliger cette terre sauvage et rebelle à nourrir les hommes. Peu à peu, certains abandonnèrent le douar et la tente pour une maison plus confortable dans le village et ainsi la population de ce dernier prit son aspect humain et social définitif où les deux communautés, sans s’interpénétrer, vivaient en bonne intelligence et se sentaient solidaires dans la tâche à accomplir pour l’amélioration du sort et la prospérité de tous. Un sentiment de reconnaissance et de fidélité envers la France qui leur avait permis ce miracle, s’implanta au cœur de chacun et c’est ainsi que le monument aux morts de ce village devenu une petite ville portait des noms français, espagnols et arabes fraternellement unis dans le même sacrifice pour la mère patrie. Des noms d’Algériens devenus français qu’étaient devenus les descendants des pionniers et des autochtones des débuts.
Guy HUERTAS - Ingénieur - ALICANTE, Espagne
28/03/2019 - 399376
En principe si on ne règle pas ses factures on a une coupure d eau dans mon cas on possède un haouch a elhammar gdyel un arrière petit neveu qui était dans le besoin s est installé gratuitement depuis 3ans il n a pas payé une seule goutte d eau il n a jamais eu de coupures d eau ou de relèvements du compteur d eau m étant adresse a Seor gdyel on m a signaler qu il faudrait que je fasse une lette a seor pour une coupure d eau et arrêt du compteur. y aurait t il 2 poids et 2 mesures . Merci de vous investir sur ce sujet
Benali brahim - Retraite - Gdyel, Algérie
29/11/2018 - 391045
existe-t-il à gdyel une famille qui répond au nom de Doukali?
Guergour Hacne - cadre supérieur - alger, Algérie
04/08/2016 - 306291
Bonjour à tous et très bon ramadan.
mimoun sakina - sevran, France
27/06/2015 - 264293
bonjour mes amis mais j dit une chose pour les encienne de gdyel. porquoi gdyel a changè ? cette question seulemmet pour les gens de siant cloud. ahhhhhhhh pour siant cloud
tennah youcef - ingenieur d'etat en genie mecanique - gdyel, Algérie
08/05/2015 - 256692
Bonjour Fatima, j'ai tenté de t'envoyer un message voie ta boite mail, mais il m'est revenu, je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Alors voici la mienne : mimounsakina@gmail.com
Je t'embrasse.
Mimoun Sakina - sans - sevran, France
01/12/2014 - 224810
Bonjour Sakina,
Merci pour ton invitation!
Si tu veux échanger des messages un peu plus personnels, tu peux me contacter à infologe@yahoo.com, il me fera plaisir de te lire et qui sait... on se verra peut être un de ces jours...
Allez, passe une excellente journée!
Fatima - Montréal,, Algérie
30/11/2014 - 224678
Bonjour Fatima,
Encore merci pour tes mesages, je ne manquerai pas d'embrasser mes enfants de la part d'une dame sympa, moi aussi je t'embrasse et qui sait, peut-être que l'on se verra un jour si toutefois tu viens dans la région parisienne.
Mimoun Sakina - Sans - sevran, France
28/11/2014 - 224362
Bonjour Sakina,
Depuis ton message et... n'ayant pas eu d'autres nouvelles, j'ai conclu que tu avais tout simplement jeté une bouteille à la mer... J'ai quand même fait le message à mon cousin et je suis contente d'apprendre que tout est entré dans l'ordre...
Bien à toi et embrasse tes enfants de ma part.
Fatima - Montréal, Algérie
28/11/2014 - 224243
Bonjour Fatima,
Désolée pour ma réponse tardive, je ne viens pas souvent sur le site. Oui, j'ai enfin retrouvé Mohamed Khalfa, mes enfants ont repris contact avec lui. Je te remercie vivement.
Sakina.
Mimoun Sakina - sans - sevran, France
26/11/2014 - 223919
bonjours à tout Gdyel anciennement St Cloud ayant quitté l'Algérie depuis l'année 1954, il paraît que j'aurais peut être encore une grande soeur ! née en 1944 ou 43 ??? merci de m'envoyer les infos par mail " bagdad.klaa@wanadoo.fr "
klaa bagdad - retraité - florange, France
26/11/2014 - 223877
boujour a tous je recherche la famille goujille ou koujil le toubibe de st cloud le prmier dans la coumun st cloud souvenir souvenir merci cordialment votre frero voiture americain et le reste avec niblock
chergui - san - gueret, France
18/06/2014 - 200320
merci pour cette page
touabi mohamed - administrateur - oran, Algérie
04/02/2014 - 174511
moi Hami mustapha je cherche les cordonè de drider abdelhak
ou tamps possible svp ??????......
drider abdelhak - fonctionère - gdyel, Algérie
02/01/2014 - 164515
moi mustapha de tiziouzou
drider abdelhak - fonctionère - gdyel, Algérie
02/01/2014 - 164507
Je voudrai connaitre la distance de sécurité entre le canal d'eau véhiculant les eaux pluviales et un mur de clôture de maison sur la route de sidi benyebka Merci
ryadamghar - étudiant - gdyel, Algérie
12/12/2013 - 156818
Aujourd'hui 25/10/2013, restera a jamais gravee dans nos coeurs puisque c'est le jours ou nous a quitte notre cher et regreter Hmida ACHOUR repose en paix tres cher cousin Allah yarahmek. Une chose est sure c'est que tes interventions sur ce site nous manquerons bcp
bbcheikh - fonctionnaire - st cloud, Algérie
25/10/2013 - 141202
Bonjour Sakina,
Je viens de lire votre message. Je ne sais pas si depuis le temps ou vous avez posté votre message vous avez réussi à contacter Mohamed Khalfa... si c'est le cas, tant mieux pour vous et surtout pour son fils, si c'est le contraire, contactez-moi à infologe@yahoo.ca, je vous mettrez en contact avec lui.
Bonne soirée et... Saha Ftourek!
Fatima,
Fatima - Montreal, Algérie
22/07/2013 - 109490