Une Opep du gaz ? Pourquoi pas, suggère Abdelaziz Bouteflika. Cela mérite au moins un échange devues entre parties concernées. Au niveau des jeuxpoliticiens locaux, ceux qui ont fait de Chakib Khelil leur tête de Turcpourraient y voir un nouvel élément confirmant le «désaveu» présidentiel àl'égard du ministre de l'Energie. En refusant de rejeter a priori l'idée d'uneOpep du gaz, qui sonne désagréablement aux oreilles des Européens enparticulier, le chef de l'Etat prend effectivement le contre-pied de sonministre. Ce dernier, avec force arguments techniques à l'appui, avait montréune certaine constance à en évacuer la possibilité, sans vraiment convaincre.C'est désormais, avec la petite phrase de Bouteflika, un réel infléchissementde la politique énergétique qui semble se profiler. Certes, les proposdu Président demeurent prudents. Ne pas rejeter une idée ne signifie pasqu'elle sera automatiquement mise en oeuvre. Mais ils donnent néanmoins plus delatitude à la «diplomatie énergétique» algérienne pour rester attentive auxévolutions d'un marché mondial en mutation, de la Russie au Venezuela enpassant par l'Iran. Des pays gros producteurs de gaz où l'idée d'une Opep germeet pourrait éclore à terme. Continuer à rejetercette option presque par principe, comme le faisait le ministre de l'Energie,dans un souci évident de conforter les clients européens, est une positiondogmatique obérant sans contrepartie les marges de manoeuvre nationales. Al'heure où le nationalisme économique est une évidence bruyante même chez lespays à l'avant-garde ultralibérale, rester en marge des producteurs ayant desintérêts convergents ne fait pas grand sens. De ce point de vue, le refus derejeter a priori l'option ménage les intérêts futurs du pays. Car, il s'agit biende comprendre où se situerait l'intérêt à être absent d'une éventuelle alliancegazière qui réunirait les principaux, ou tout au moins les plus importantsproducteurs. A plus forte raison dans un secteur gazier dont l'importance estcroissante sur le marché mondial de l'énergie. La sécurité et la stabilité desapprovisionnements des marchés du Nord est une dimension omniprésente de lastratégie nationale depuis l'indépendance. L'Algérie, qui faitpartie de l'Opep, a de très bonnes raisons de ne pas accepter un discoursunilatéral qui voue aux gémonies les «cartels» que l'Occident ne domine pas. Lenon-rejet de l'option d'une Opep du gaz est dans la logique du retournement -salvateur, selon de très nombreux spécialistes algériens - du dispositifjuridique encadrant le secteur des hydrocarbures. La «révision de la révision»de la loi sur les hydrocarbures, qui réaffirme le principe d'une participationmajoritaire de Sonatrach, permet de conserver la maîtrise de ce levieressentiel pour le pays. Il est salutaire que l'intérêt national ait repris ledessus - la réalité du marché pétrolier ayant évidemment contribué àdémystifier la thèse du nécessaire désengagement de l'Etat -, alors que la loicontestée risquait de faire perdre au pays son unique atout. Il n'y a pas à êtretimoré. Etre dans une éventuelle Opep du gaz n'est pas antinomique avec lerespect des engagements commerciaux vis-à-vis des partenaires et des marchésclients. L'idée est en marche et elle ne mérite pas un «non» de principe. Bien aucontraire.
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Posté Le : 15/03/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : K Selim
Source : www.lequotidien-oran.com