Algérie

GAZ : L'Algérie ne signerait plus de contrats à long terme



Le gaz algérien est soumis à une rude concurrence sur le marché européen, depuis l'arrivée du gaz américain produit à partir du schiste.Or, il se trouve aussi que selon le Commissaire européen chargé de l'action climatique et de l'énergie " l'Algérie est un partenaire énergétique important et nous avons besoin de son gaz pour le mix énergétique pour permettre à l'UE de réduire ses émissions de CO2 de 40% à l'horizon 2030 ".
Or, il se trouve que les contrats à long terme signés avec les partenaires de l'Algérie expireront cette année. L'Algérie compte donc désormais ne plus signer de contrat à long terme tout en refusant également d'indexer le prix du gaz sur celui du pétrole comme cela s'effectue jusque-là.
Il est utile au passage de noter que Sonatrach prévoit d'investir plus de 73 milliards de dollars entre 2016-2020. Les deux tiers de ce volume seront investis dans l'exploration et la production.
D'ailleurs pas plus tard que mardi dernier, le ministre de l'Energie, M. Mustapha Guitouni, s'est entretenu à Doha (Qatar) avec le secrétaire général du forum des pays exportateurs de gaz (Gas Exporting Countries Forum-GECF), M. Yury P. Sentyurin, sur le projet de mise en place de l'institut de recherche du gaz du GECF en Algérie.
Durant cette entrevue, les deux parties ont ainsi examiné la feuille de route élaborée par le GECF en vue de mettre en œuvre la décision d'implémenter l'institut de recherche du gaz en Algérie dans les meilleurs délais.
Pour rappel, lors de la 19ème réunion du GECF tenue en octobre dernier à Moscou et sur proposition de l'Algérie, les membres de ce forum avaient décidé de la création de l'Institut de recherche du gaz du GECF en Algérie.
Cette décision a été entérinée lors du sommet des Chefs d'Etat du GECF tenu en Bolivie en novembre 2017.
D'autre part, M. Guitouni et le secrétaire général du GECF ont discuté des objectifs stratégiques de ce forum et des mécanismes à mettre en place en vue d'assurer aux pays membres la possibilité de planifier et de gérer, de façon autonome, le développement, l'utilisation et la conservation des ressources en gaz.
Il est important de signaler donc que l'Algérie, qui fournit environ 25% des besoins en gaz naturel de l'Europe du Sud, y compris la France, se doit donc de redéfinir sa stratégie de coopération énergétique avec les pays de l'UE. L'Italie et l'Espagne, avec les gazoducs Transmed et GME, en attendant celui de Medgaz qui desservira le marché espagnol par mer (Ghazaouet-Almeria), sont les deux plus importants clients de Sonatrach, outre le Portugal dont les approvisionnements sont assurés par le GME (Gazoduc Maghreb-Europe, qui traverse le Maroc).
Le nouveau rapport de force, qui se profile à l'horizon, se décline en sécurité des approvisionnements en gaz et en pétrole des pays de l'UE, inquiets de la tournure des événements en Europe de l'Est. Selon le spécialiste M. Mékidèche, ce nouveau rapport de forces entre exportateurs et consommateurs de gaz s'articule sur trois éléments stratégiques pour l'Algérie.
D'abord, l'Algérie qui dispose d'excédents financiers considérables, peut prendre en charge, complètement ou en partenariat, le financement des nouvelles infrastructures énergétiques pour la commercialisation du gaz.
Ensuite, les fondamentaux des marchés énergétiques donnent l'opportunité à l'Algérie de mieux vendre son gaz à court terme face à la hausse des prix du pétrole et revenir à une stratégie de commercialisation à court terme de son gaz, au lieu des contrats à terme ou long terme, ce qui pourra améliorer ses recettes.
Dernier élément d'importance : les approvisionnements de gaz algérien sont, en quelque sorte, sécurisés et sûrs, contrairement au gaz en provenance de l'Europe de l'Est, notamment de Russie.
Ainsi l'Italie prend bien ses devants en voulant des relations énergétiques durables avec l'Algérie notamment en matière d'approvisionnements en gaz. En effet, lundi dernier, l'ambassadeur d'Italie en Algérie, Pasquale Ferrara., a déclaré que "Comme il s'agit d'un investissement très important, les entreprises dans le secteur de l'énergie cherchent par définition une relation durable dans le temps. J'ai beaucoup de confiance que les négociations en cours (concernant les contrats de livraison du gaz arrivant à terme) vont produire un bon résultat", a-t-il estimé en marge d'une rencontre organisée par le Club d'affaires algéro-italien (CAAI). L'ambassadeur était interrogé par la presse sur les récentes déclarations du P-dg de Sonatrach Abdelmoumen Ould Kaddour considérant que l'Europe "n'était pas très claire" sur ses objectifs d'approvisionnement en gaz et continuait d'imposer des conditions "inacceptables" à la partie algérienne.
"Je ne peux pas parler au nom des Européens, mais nous concernant, les discutions se déroulent très bien (..) C'est une perspective de longue haleine. Après, on peut négocier des petits détails et des contraintes", a-t-il souligné. M. Ferrara a fait part également de l'intérêt du groupe énergétique italien ENI pour l'investissement dans le domaine pétrochimique et dans la prospection du pétrole et du gaz en offshore afin de "chercher de nouvelles possibilités énergétiques pour l'Algérie".
Pour lui, ces projets en cours de négociations, traduisent une "diversification des intérêts des entreprises énergétiques italiennes en Algérie".

Questions chiffres
Pour rester d'abord avec les Italiens, il est utile de rappeler que l'Italie est le premier client de l'Algérie et son troisième fournisseur, avec un volume global d'échanges de près de 9,3 milliards de dollars en 2017.
Les exportations algériennes vers l'Italie ont atteint 5,548 milliards de dollars, en hausse de 6,4% par rapport à 2016, tandis que ses importations ont diminué de 19,4 % pour s'établir à 3,754 milliards de dollars, selon les statistiques des douanes algériennes.
Ensuite et sur le plan général, l'Algérie a nettement amélioré ses recettes pétrolières en 2017. Depuis le début de cette année en cours, ses recettes ont augmenté pour atteindre 24 milliards USD à fin septembre 2017, soit une hausse de 23% par rapport à la même période de l'année 2016.
Selon le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, qui a révélé ces chiffres, cette hausse des recettes est due à l'augmentation du prix de pétrole algérien qui s'est établi autour de 51 dollars le baril à la fin de septembre 2017, contre 43 dollars/baril durant la même période de l'année 2016, soit une hausse de quelque 20%. Ceci dit, il est urgent de réviser l'actuelle loi sur les hydrocarbures, a précisé Mustapha Guitouni selon lequel "Sonatrach ne dispose pas des moyens de prospection, d'exploration, de forage, d'exploitation et d'exportation et que le groupe n'est pas en mesure de faire face, tout seul, à l'augmentation de la demande locale en énergie". D'après le ministre de l'Energie, "La loi actuelle n'encourage pas les investisseurs étrangers à établir des partenariats avec le groupe à l'instar de ce qui se fait dans les grands pays exportateurs de pétrole". "La consommation locale en pétrole est passée de près de 210.000 barils en 2010 à 420.000 barils en 2017", a fait savoir Mustapha Guitoni qui a confié enfin que Sonatrach avait réalisé 26 découvertes d'hydrocarbures à fin septembre 2017 contre 28 découvertes durant la même période de l'année 2016 ce qui est de nature à consolider les réserves nationales de pétrole et de gaz.


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