Algérie

Gaz de schiste, un cache-misère



Gaz de schiste, un cache-misère
Les «leaders de l'opposition» algérienne ont marché, hier, contre l'exploitation du gaz de schiste, en se joignant, opportunément, aux manifestants d'In Salah. À Alger, Constantine, Béjaïa et d'autres villes encore, quelques centaines de personnes ont scandé leur opposition à l'extraction de ce fameux gaz de schiste, en énumérant les risques encourus pour l'environnement et la santé des populations riveraines. C'était suffisant à certains chefs de parti pour parler de «journée historique» et d'«action d'éclat». À l'occasion, les membres de la Cnldt, l'alliance partisane qui plaide pour la transition démocratique et le changement de régime, profitent de l'aubaine pour déployer aussi leurs propres mots d'ordre, en chargeant excessivement le gouvernement de tous les maux que vit le pays.Dans ce dossier brûlant et très technique du gaz de schiste, ce sont les politiques, d'un côté comme de l'autre, qui monopolisent toujours la parole. Si les ministres se veulent rassurants en évoquant le développement des technologies employées et la précision des protocoles adoptés, leurs contradicteurs adoptent des accents franchement catastrophistes. On a très peu écouté les experts et les spécialistes qui connaissent parfaitement le sujet pour nous éviter tant d'approximations et de propos passionnés. Si les gens du métier jugent que le projet est sans risque majeur, alors à quoi bon les contredire sur de simples présomptions. Il serait même intéressant de maîtriser, d'ores et déjà, la technique et de la développer pour pouvoir agir plus tard avec une longueur d'avance. Dans le cas contraire, pourquoi s'entêter à vouloir exploiter ces gisements «difficiles», alors que les potentialités du pays en gaz et en pétrole conventionnels demeurent, de l'avis même du gouvernement, considérables.Cette fixation obsessive sur un sujet, foncièrement scientifique et technique, dissimule les vrais défis qui se posent réellement au pays. Par ces temps de «vaches maigres», l'opposition comme le gouvernement devraient, en principe, ouvrir des débats autrement plus intéressants pour le simple citoyen et plus décisifs pour le développement du pays. La diversification de l'économie, la lutte contre l'informel, la réduction de la facture des importations et l'amélioration des performances du service public sont, à cet égard, des sujets qui se posent avec plus d'acuité à l'ensemble du peuple algérien. Dans les domaines politique, social et culturel, il y a aussi tant d'avancées à faire ensemble et d'élans rassembleurs à encourager.Une Algérie forte profiterait à tous les Algériens, qu'ils soient au pouvoir ou dans l'opposition. Un pays affaibli et miné par de faux débats ne profite à personne quel que soit son rang dans la hiérarchie sociale. Dans tout ce brouhaha incandescent, on a l'impression qu'on perd de vue l'essentiel. Tous ces acteurs n'ont visiblement d'intérêt que pour leurs petites personnes ou, au mieux, les petites idées qui sont les leurs. Se sentant marginalisé et oublié, le simple citoyen se retire volontiers de la chose publique. Il se garde d'émettre la moindre opinion, sachant pertinemment que les débats sont faussés. Non, l'histoire ne se fait pas par le défilé bruyant de quelques centaines de personnes. Il faut pour cela amener des millions d'algériens à retrousser les manches, à travailler avec abnégation et à servir sincèrement leur pays dans la joie et la bonne humeur. Et cela exige, à son tour, beaucoup d'intelligence, d'imagination, d'espoir et de volonté.Cette histoire du gaz de schiste ne peut pas cacher éternellement la faillite et la misère de notre classe politique. L'élite algérienne, doit absolument se remettre en question pour se rapprocher du citoyen et de ses préoccupations réelles. C'est à ce niveau que réside la clé du succès et celle de l'Histoire aussi.K. A.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)