Algérie

Gaz algérien vendu à l'Italie



Gaz algérien vendu à l'Italie
« Nous allons obtenir de notre fournisseur algérien une réduction de prix significative courant 2014 », vient de déclarer Marco Alvera, responsable des opérations aval auprès d'ENI devant une commission du Sénat italien.L'année 2014 devrait être déterminante pour l'Algérie en ce qui concerne sa politique d'exportations gazières. En effet, l'Italie, qui est l'un de ses principaux clients, entend absolument renégocier les contrats de livraison de gaz naturel algérien, et cela, en raison d'une baisse de la consommation énergétique sur le marché transalpin mais aussi d'un repli des cours internationaux du mètre cube. « Nous allons obtenir de notre fournisseur algérien une réduction de prix significative courant 2014 », vient ainsi de déclarer Marco Alvera, responsable des opérations aval auprès de la compagnie italienne ENI. S'exprimant devant une commission du Sénat italien, il a aussi expliqué que son entreprise est engagée dans un processus de révision générale de tous ses contrats d'approvisionnement conclus sur le long terme.Cela fait plusieurs années que la question de ces contrats fait l'objet d'âpres discussions entre l'Algérie et l'Union européenne (UE), cette dernière estimant qu'ils doivent pouvoir être renégociés si les conditions économiques l'exigent (baisse de la consommation, forte volatilité des prix...).De son côté, le gouvernement algérien estime que ces contrats à long terme sont une garantie nécessaire pour consentir de coûteux investissements afin de répondre à la demande européenne. Un dialogue de sourds compliqué par le fait que Bruxelles a tendance à considérer que ces contrats faussent la concurrence en limitant la marge de manœuvre des acheteurs européens. A cela s'ajoute aussi le fait que la Commission européenne estime qu'Alger n'a pas le droit d'interdire à ses clients de revendre le gaz qu'ils lui achètent.Une demande énergétique européenne en baisse depuis 2011Dans le cas présent, la compagnie italienne ENI avance deux arguments pour légitimer sa demande de renégociation. Le premier est que la mauvaise conjoncture économique européenne, et plus particulièrement au sud du continent, fait que la demande énergétique est en baisse depuis 2011. Le second concerne l'arrivée sur le marché italien de gaz en provenance de Russie et du Qatar à des prix plus compétitifs que ceux pratiqués par la Sonatrach, la compagnie pétro-gazière algérienne. « C'est un bras de fer récurrent entre ENI et Sonatrach mais, cette fois-ci, l'avantage est pour les Italiens, explique un expert du secteur. La crise ukrainienne ne s'est pas traduite par une diminution du gaz russe sur le marché européen, bien au contraire. La Russie, comme le Qatar, sont décidés à gagner des parts de marché sur leur concurrent algérien et jouent donc sur les volumes. » Une stratégie qui passe par une politique de rabais explicitement dénoncée par les autorités algériennes qui souhaitent une plus grande transparence sur le marché des importations gazières en Italie.Marge de manœuvre algérienne étroiteMais la marge de manœuvre algérienne est étroite. D'abord, il y a la quasi-certitude qu'ENI aurait gain de cause si sa demande de renégociation des prix venait à être traitée par les tribunaux internationaux d'arbitrage. Ensuite, l'Algérie doit ménager ses clients car elle ne peut se permettre de perdre des parts de marché à l'heure où sa production subit de sérieuses difficultés. Les derniers statistiques le montrent : l'envol gazier annoncé au début des années 2000 n'a pas eu lieu. En 2007, les exportations de gaz algérien ont atteint 60 milliards de mètres cubes (m3), contre à peine 51 milliards en 2013 et, encore s'agit-il là d'une estimation optimiste puisqu'à en croire Nordine Aït Laoussine, ancien PDG de Sonatrach et ex-ministre de l'Energie, ces exportations n'ont pas dépassé les 45 milliards de m3. On est donc loin des 80 milliards de m3 espérés au début du siècle.La position algérienne à l'égard de ses clients est donc des plus malaisées. En effet, quand les signes de déclin de sa production se multiplient, un exportateur est bien moins apte à imposer ses exigences en matière de prix, surtout quand il s'agit de s'engager sur le long-terme. Les mois prochains montreront si la Sonatrach aura su ou non imposer ses vues.




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