Gaspillage, fuites et réseaux vétustes

La vétusté du réseau et les fuites sont les premiers responsables des perturbations dans l'alimentation en eau potable.Même si le spectre de la pénurie d'eau potable dans la wilaya d'Alger n'est qu'un lointain souvenir, le problème n'est pas totalement résolu. Des perturbations dans l'alimentation de cette denrée vitale sont déplorées aux quatre coins de la capitale, comme par exemple dans la commune de Bordj El Bahri, où une coupure d'eau a duré plus de 16 heures cette fin de semaine. D'autres communes souffrent également du même problème, telles que Gué de Constantine et El Harrach. Selon les responsables du secteur, cela est dû au gaspillage, piquages et branchements illicites en milieu urbain et suburbain, ainsi qu'à la dégradation du réseau.La vétusté du réseau mise en causeSelon les derniers chiffres fournis par le directeur des ressources en eau de la wilaya d'Alger, le taux de gaspillage s'élèverait à près de 40% de la quantité d'eau allouée à la capitale, qui est de près d'un million de mètres cubes par jour. La consommation irraisonnée et les fuites sont aussi responsables de la moitié de cette eau gaspillée. Pour ne citer qu'un seul exemple parmi tant d'autres, la fuite d'eau au lotissement Le Dauphin, dans la commune de Draria. Bien que les habitants n'aient pas cessé de la signaler, aucune autorité concernée n'a daigné venir la réparer, laissant l'eau potable se perdre dans la nature depuis plusieurs mois. «Nous avons sollicité la Seaal, ainsi que l'APC afin qu'elles viennent régler ce problème, mais en vain.Quand les agents se déplacent, ce n'est que pour faire du bricolage, car cette canalisation est une conduite principale, qui n'arrive pas à contenir la pression de l'eau au quotidien. Aussi, cela cède à chaque fois. Nous avons proposé aux responsables de rénover cette conduite, mais jusqu'à présent rien de nouveau», explique Yacine, résidant dans le lotissement. Le gros problème des fuites est aussi dû à la vétusté du réseau d'AEP. Certaines conduites datent de l'époque coloniale et n'ont presque jamais été changées. Avec la forte densité de la population à Alger ainsi que l'augmentation du débit d'eau distribuée, plusieurs de ces conduites usées éclatent. En outre, la construction des nouvelles cités privées et le retard de branchement légal de ces nouveaux résidants au réseau d'AEP obligent ces derniers à se débrouiller en improvisant des conduites qu'ils réalisent eux-mêmes à partir du réseau principal. «Nous n'avions pas vraiment le choix, déclare, Kheireddine, résidant dans la commune de Bordj El Bahri. Nous vivons ici depuis des années et malgré nos multiples demandes de raccordement au réseau, nous avons été oubliés. Ne pouvant supporter les charges d'achat de l'eau, nous avons réalisé nous-mêmes nos propres conduites et nous sommes alimentés gratuitement.»L'assainissement, le défi de la capitaleAprès être arrivée à alimenter H/24 en eau potable la population, la wilaya d'Alger s'est lancée dans la rénovation du réseau d'assainissement. Dans le souci d'éradiquer le phénomène des fosses septiques, les responsables du secteur ont entamé la réalisation de nouvelles conduites d'évacuation des eaux usées. Compte tenu du danger de ce moyen traditionnel sur la santé du citoyen et selon les derniers chiffres communiqués par le directeur de l'hydraulique, plus de 70 000 fosses septiques ont été éradiquées depuis le lancement de ce programme en 2009. Dans le même cadre, des efforts sont déployés pour limiter les rejets de ces eaux polluées en mer, en réalisant des stations de relevage, où ces eaux sont collectées puis acheminées vers les stations d'épuration. Ces dernières ont bénéficié d'une large opération de réhabilitation dont, entre autres, celles de Baraki et de Beni Messous. Afin de mieux gérer ces eaux usées, la construction de nouvelles stations d'épuration est en projet.