Algérie

Gaspillage



«Ce qui me scandalise, ce n'est pas qu'il y ait des riches et des pauvres: c'est le gaspillage.» Mère Teresa
C'est un débat qui opposera toujours les adeptes de la religion et les partisans de la pensée rationnelle ou ceux d'une société sans classe. Avant d'arriver au débat lui-même, il suffit de se référer au comportement du chef de famille pour appréhender les réalités d'une gestion économique. Un bon père de famille qui jouit d'un salaire moyen, gère ses dépenses en fonction des besoins de sa famille et de ses revenus. Une part pour la nourriture, une autre pour les vêtements, une autre pour l'éducation, les loisirs. S'il reste quelques sous, il les épargne pour pouvoir agrandir son habitat ou pour faire face aux aléas de la santé. Les ménages imprévoyants, les gens fatalistes se conduisent autrement: les premiers jours du mois, ils mènent un bon train de vie, ne regardent pas à la dépense, se permettent des libéralités sans se soucier du lendemain, achètent tout ce qui peut satisfaire leurs caprices... Ils ne commencent à ralentir que quand ils voient leur bourse s'aplatir. Quelquefois, ils sont obligés d'avoir recours à des emprunts pour boucler une fin de mois difficile. Il en est ainsi depuis que le monde est monde. Faut-il rappeler l'histoire du rêve du Pharaon que Sidna Youssef décrypta avec une perspicacité toute prophétique: les sept vaches maigres qui dévoraient les sept grosses vaches symbolisaient les années de famine et les années fastes. Cela poussa le souverain égyptien à éviter les gaspillages et à faire des réserves pour affronter les lendemains incertains.
Le gaspillage est l'ennemi de la bonne gestion. Dans certaines sociétés, il est considéré comme une insulte à la divine Providence, comme une atteinte à l'ordre naturel. On décrit souvent dans la Rome décadente les festins orgiaques que donnaient les patriciens romains qui allaient jusqu' à prévoir des «vomitorium» où les convives pouvaient alléger leur estomac surchargé avant de retourner goûter aux plaisirs de la table. Par contre, les Amérindiens ne prélevaient dans la nature hostile que ce dont ils avaient besoin et quand ils tuaient un gibier, ils lui adressaient tout un rituel fait de plates excuses pour expliquer que nécessité fait loi. Dans les années 80, quand le gouvernement opérait de criminelles restructurations qui allaient mettre les entreprises du secteur public à la portée des charognards du privé, la Télévision algérienne faisait des émissions contre le «gaspi». Elle montrait les énormes quantités de pain jetées dans les poubelles. Cela, pour culpabiliser les pauvres travailleurs qui mangeaient dans les cantines et pour dire que la baguette à un dinar, c'était de l'argent jeté par les fenêtres. Mais elle ne montrait point les voitures de luxe que les responsables des administrations utilisaient aux frais de l'Etat, ni les bons d'essence distribués avec une prodigalité inouïe. Elle ne montrait pas aussi les importations de biens de luxe alors que le petit peuple était soumis à une draconienne rigueur. Ce serait trop fastidieux de faire la comptabilité des gaspillages commis par les responsables alors qu'on pouvait aligner les miettes du gaspillage populaire: l'absentéisme et l'incivisme. Actuelle-ment, le débat à la mode porte sur le gaspillage alimentaire dont se rendent coupables les consommateurs et les grosses entreprises de distribution européennes alors que la famine grandit dans le monde: ce débat ne sera pas clos d'ici tôt! Tant que le problème d'une plus juste distribution des ressources ne sera pas résolu.




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