Gasoil, essence La contrebande «carbure» aux frontières Est

Ne jouissant pas spécialement d?un parc roulant important, comparable à celui des grandes villes du pays, les wilayas frontalières sont pourtant réputées grandes consommatrices de carburants et particulièrement le gasoil. Sur les frontières Est, El-Tarf, Souk Ahras et Tébessa, limitrophes du territoire tunisien, se révèlent surtout ces dernières années par un large trafic de gasoil et d?essence qui crée, en période estivale, une tension permanente sur ces carburants, malgré un approvisionnement soutenu par les différentes unités de Naftal. Cette année, la wilaya de Tébessa s?est particulièrement illustrée par la mise au jour d?affaires de contrebande de gasoil et d?essence qui révèle l?ampleur qu?est en train de prendre ce trafic vers la Tunisie. Pour le premier trimestre de l?année 2007, nous saurons auprès du groupement de la gendarmerie nationale de la wilaya de Tébessa que 15.181 litres de gasoil et 2.721 litres d?essence ont été saisis, lors d?opérations de contrôle de véhicules lourds et légers se dirigeant vers le territoire tunisien. Des saisies qui ont également concerné le passage de ces carburants à dos de mulets à travers des pistes au niveau principalement des localités d?El-Meridj, Bouchebka et Bir El-Ather. Pour le second trimestre de l?année, nous saurons de mêmes sources qu?une quantité de 20.437 litres de gasoil et 3.314 litres d?essence ont été saisis par les services de la gendarmerie au niveau de la wilaya de Tébessa. On apprend, par ailleurs, que dans le cadre de la lutte contre la contrebande du carburant, 12 personnes, dont trois de nationalité tunisienne, ont été placées sous mandat de dépôt. Dans ce cadre, il y a lieu de rappeler la spectaculaire affaire de trafic de gasoil éventée par la gendarmerie en début d?été et qui mettait en cause une entreprise tunisienne de distribution de gaz en bouteille qui s?approvisionne par camions à partir de la ville de Aïn El-Beïda dans la wilaya de Oum El-Bouaghi. En effet, lors d?un contrôle routier de routine, l?attention des éléments de la gendarmerie a été attirée par certaines modifications opérées sur le camion de cette entreprise tunisienne transportant du gaz en bouteilles. Le pot aux roses sera alors découvert et une alerte sera donnée pour intercepter tous les camions de l?entreprise tunisienne se trouvant sur le territoire algérien. La prise sera conséquente et préfigurait d?un large trafic sachant que cette entreprise activait depuis déjà quelques années entre les deux pays.Nos sources indiquent en outre que nombreux sont les Algériens qui versent dans la contrebande de carburant en faisant des passages à travers les postes frontières réguliers, en arrivant à passer des quantités non négligeables dans les doubles réservoirs dont le contenu est écoulé en dinars tunisiens. D?autres empruntent des pistes en chargeant des jerricans dans des véhicules utilitaires. Enfin certains utilisent un moyen aussi vieux que la contrebande, celui du transport par mulets. Il faudra savoir que le gasoil coûte trois fois moins cher que dans le pays voisin. Acheté en Algérie au niveau des pompes à 13 dinars 70 centimes, il est cédé l?équivalent du double en dinars tunisiens. Le phénomène reste assez inquiétant si l?on sait que les 40.000 litres environ saisis par la gendarmerie dans la wilaya de Tébessa représentent en fait un faible pourcentage des quantités qui arrivent à se soustraire de la vigilance des services de sécurité. Quand on sait que la demande en Algérie est passée de 3,6 millions de tonnes en 2000 à 6,1 millions de tonnes obligeant les autorités à importer pas moins de 100.000 tonnes de gasoil en 2007 pour une enveloppe financière de 52 millions de dollars, la contrebande de ce carburant vers les pays voisins reste quand même un sujet de préoccupation.