Ce match des demi-finales de la CAN-2019 est probablement le plus difficile pour les Verts. Certes, les autres n'ont pas été faciles et le plus dur physiquement restera celui joué contre une agressive et coriace équipe de Côte-d'Ivoire aux conséquences désastreuses sur certains joueurs comme Youcef Atal, absent pour un mois, et Feghouli, blessé également mais disponible pour le match de ce soir. Sans compter les autres petits bobos causés par l'engagement physique, au-delà du tolérable, d'un Onze qui voulait gagner par la force.Ce soir, nous affronterons une nation qui a été la première sélection africaine à arracher la médaille d'or olympique (1996) et dont le palmarès en CAN est riche de trois trophées (1980, 1994, 2013) ! Rappelons que la finale de 1980 fut gagnée contre l'Algérie dans des circonstances peu sportives et devant 85 000 supporters déchaînés (3 à 0). L'épisode fut connu sous l'appellation d'enfer de Surelere, nom du stade national de Lagos! Les nôtres pensaient beaucoup plus à sauver leur peau qu'à jouer au football !
Autre preuve de la force des Super Aigles, leur présence à quatorze reprises sur le podium de la CAN et cela pour dix-sept participations. Si nous nous amusons à faire des comparaisons avec les parcours des Verts en CAN, nous serions loin du compte. Le match de ce soir ne sera pas donc une partie de plaisir pour les coéquipiers de Mahrez, terriblement affectés physiquement par la rude bataille de jeudi contre les Eléphants mais aussi terriblement motivés par les nouveaux défis qui s'imposent à eux. Pour cela, ils ont les ressources nécessaires en termes de capacités mentales. Le travail psychologique du staff technique a déjà montré ses énormes possibilités dans la «remontada» du moral des joueurs. Ces derniers auront besoin de cette âme de battant pour conquérir la citadelle nigériane. Toujours dans la cohésion, la solidarité et l'enthousiasme. L'autre atout restera cette force individuelle qui réveillera le talent de chaque joueur et, pour certains, ce talent est énorme ! Le match peut basculer sur des coups d'étincelle venant d'un Mahrez, Belaïli, Bounedjah ou Feghouli, d'un bolide de Guedioura, voire d'une tête de Mandi ou Bensebaïni...
Certes, l'adversaire ne sera pas physiquement brutal comme la Côte-d'Ivoire mais il dispose d'une très bonne organisation tactique qui le rapproche des grandes nations du football mondial. Et s'il n'a plus les talentueux Rashidi Yekini, Emmanuel Amunike, Nwankwo Kanu, Victor Ikpeba de la formidable génération des années 90, il faudra se méfier toutefois de cette nouvelle génération de footballeurs venant d'un extraordinaire réservoir qui se renouvelle chaque année ! Odilon Ighalu Ahmed Musa et Chidozie Awaziem sont les meilleurs exemples de ce perpétuel renouvellement qui permet au Nigeria de se maintenir constamment dans le gotha du foot planétaire.
Belmadi aura quand même quelques soucis à se faire pour sa défense d'autant plus qu'elle sera privée des services de l'un de ses piliers : Youcef Atal, très efficace sur le flanc droit. Doublement efficace puisqu'il apporte aussi sa précieuse contribution en attaque dans le doublage de Mahre, allant parfois jusqu'aux dix-huit mètres par ses dribbles déroutants. Son objectif est de chercher le penalty et c'est d'ailleurs sur l'un de ces débordements qu'il reçut la charge fatale. Pour l'arbitre du match Algérie-Côte d'Ivoire, une clavicule brisée en surface de réparation ne vaut pas un penalty !
Prudence et vigilance donc. Il s'agira de jouer comme d'habitude en reproduisant les mêmes schémas tactiques et en comptant toujours sur la cohésion des lignes et la solidarité du groupe. Défendre ensemble et attaquer ensemble et ne pas perdre son temps dans les longues balles latérales ou le jeu de possession de balle à travers la répétition des passes. Si je dois faire une rétrospective des différents styles de jeu adoptés par les Verts depuis deux décennies et les évaluer, je dirais que Saâdane a donné une assise tactique aux joueurs mais son défaut fut qu'il leur imposait un schéma défensif. C'est Halilhodzic qui cassera cette option défensive pour libérer les attaquants et maîtriser le milieu du terrain. Il faudra attendre l'arrivée de Gourcuff pour que cette ligne d'attaque collectionne les buts, se permettant même de gros scores. L'école de Nantes, «philosophiquement» opposée au jeu défensif, est passée par là !
Et voilà Belmadi, venu de si loin, qui complète ce véritable travail, entre-temps remis en cause par le mauvais choix d'autres entraîneurs; un Belmadi qui redonne aux joueurs ce qui leur manquait le plus : la confiance en soi et la joie de jouer. Il réussit même à insuffler à ses joueurs un esprit guerrier qui étonne tous les observateurs ! Quant au style de jeu choisi par l'entraîneur des Verts, il ne s'éloigne pas trop de cette école moderne qui casse les tabous et revient aux fondamentaux du foot : jouer sans fioriture pour gagner ! La possession de balle est battue en brèche par un jeu plus direct, plus rapide, plus beau fait certes de la nécessaire cohésion collective mais reposant aussi sur le génie créateur des joueurs talentueux qui, d'une improvisation, peuvent créer une victoire et... une qualification!
Match difficile ce soir mais nous serons tous avec les Verts ! Ici, en Egypte et partout dans le monde où bat un coeur algérien !
M. B.
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Posté Le : 14/07/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Maâmar Farah
Source : www.lesoirdalgerie.com