Algérie

Gare à la pénurie de pétrole !



«La demande croissante en Asie signifie que l'ère du pétrole n'est pas encore terminée, bien que la consommation dans les économies occidentales développées ait eu tendance à baisser au cours de la dernière décennie.» Les propos sont de Karin Kneissl, la nouvelle patronne du conseil d'administration de Rosneft, le géant pétrolier russe.Il faudrait beaucoup plus pour convaincre des spécialistes des questions de l'énergie que le pétrole a perdu de son «attrait» auprès des grandes économies du monde.
La réflexion de la présidente du conseil d'administration de la compagnie russe n'est pas du tout «isolée» tant des voix de spécialistes et d'acteurs majeurs du marché mondial de l'énergie en général et du pétrole en particulier soutiennent fort que «la croissance continue de la demande de pétrole en Asie, en raison de la prospérité économique accrue et de l'augmentation de la population, façonnera la tendance mondiale de la demande de pétrole», a affirmé lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg, la patronne du CA de Rosneft dans des propos rapportés par l'agence de presse multimédia Sputnik.
Pour tout dire, l'analyse de Karin Kneissl rejoint dans une large mesure celles, entre autres, des banquiers de JP Morgan ou Goldman Sachs dont un des éminents analystes, Jeff Curry, déclarait au Financial Times, il y a quelques semaines, que l'hypothèse selon laquelle le pétrole se négocierait dans la fourchette de 80 dollars ou même plus cette année est réel en raison de la forte demande attendue.
Pour la directrice du CA de Rosneft, ce sont la poussée mondiale actuelle vers l'énergie verte et la stigmatisation des combustibles fossiles et du financement des combustibles fossiles qui pourraient entraîner un nouveau supercycle pour le pétrole.
Des propos de la même veine ont été tenus par le patron de BP qui, lors du même forum de Saint-Pétersbourg, soutenait que la demande mondiale de pétrole devrait rebondir et rester robuste pendant un certain temps, allant ainsi dans le même sens que la plupart des prévisionnistes et des analystes qui voient en la réouverture des principales économies, l'approche prudente de la part de l'Opep+ et le ralentissement observé chez les producteurs de schiste américains. Ils suggèrent que la demande de pétrole reviendra incessamment à des niveaux qui pourraient faire non pas oublier la crise certes mais la reléguer au placard des mauvais souvenirs, comme l'augurent les prévisions des 23 membres de l'Opep+ qui voient la demande de pétrole augmenter de 6 millions de barils par jour (bpj) pour atteindre en moyenne 96,5 millions de bpj cette année.
Le secrétaire général de l'Opep, Mohamed Barkindo, affirmait pas plus tard que la semaine dernière «(que) la demande dépassera 99 mb/j au quatrième trimestre, ce qui nous ramènerait dans la fourchette des niveaux pré-pandémiques».
Ce serait un grand mensonge d'affirmer que le secteur des énergies renouvelables n'est pas en train de prendre une tendance qui a de quoi faire naître des soucis chez les pétroliers tout particulièrement, mais les affirmations d'analystes de partout et les convictions de producteurs d'or noir ne manquent pas d'avertir que «le sous-investissement dans le pétrole préparait le terrain à un grave déficit d'approvisionnement» pour alerter contre une offre réduite, comme le fait le patron de Rosneft qui soutenait, samedi dernier à Saint-Pétersbourg, que le monde court le risque de faire face à un déficit aigu de pétrole et de gaz, mettant en garde contre une transition énergétique précipitée qui priverait les énergies fossiles d'investissements et, en conséquence, ferait monter les prix du pétrole et du gaz à des niveaux affolants.
Azedine Maktour


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)