Algérie

Garden partis



La guerre des trois n'aura pas lieu. Et ne peuvent en douter que les doux rêveurs et ceux qui plaquent des fonctionnements démocratiques en vigueur dans les grandes nations qui s'imposent au reste par leur économie, leur technologie, leur rayonnement culturel et universitaire, leur force militaire, leur diplomatie dominante, etc. Ne peuvent en douter que les farouches optimistes qui aspirent à une vie politique ouverte, à des débats médiatiques et publics comme ceux qu'ils suivent, avec la nostalgie au futur, sur les chaînes satellitaires en Angleterre, au Japon, en France, en Espagne, en Australie et dans les démocraties nordiques. La guerre des trois, désormais quatre, ne peut avoir lieu. Et ce ne sont pas les petites phrases de l'époque de la Djahilia, les réflexes parfaitement huilés de l'ère du parti unique et encore moins les envolées bien inaudibles sur le patriotisme, la souveraineté et le nationalisme qui développeront la croissance, les libertés, le rayonnement d'industries culturelles et qui feront gagner des médailles internationales en natation, en boxe, en basket, en volley, en escrime et en patinage artistique...

 Ces domaines et toutes les pratiques qui génèrent des classements par pays comme pour le chômage, le nombre de femmes dans le judiciaire, le politique, le gouvernement et les grandes entreprises ne sont pas au menu de la majorité écrasante des partis, partillons et autres figurants officiels qui remplissent les journaux, le huis clos des salons et permanences entretenues par le trésor public. La guerre des trois et plus avec le développement à ciel ouvert des ventes et achats de sièges au Parlement n'aura pas lieu. Les espaces de la rente sont bien gardés jusqu'à l'épuisement des énergies fossiles, l'effacement naturel d'une génération dont le sérum est encore et toujours la guerre de libération nationale, pratiquement inconnue pour les jeunes. Son enseignement, par méfiance envers les historiens, est confié à un ministère, à des familles dont la présence est légitimée par la hauteur des budgets qui leur sont consacrés par l'Etat.

 Il y a eu la grande pièce de fin d'année jouée par quelques appareils offusqués, pour la galerie, parce que le RND et le PT ont conclu des accords plus ou moins durables pour une ou des élections qui ne disent rien à une majorité d'Algériens laminés par les tenanciers du commerce intérieur qui échappe totalement aux pouvoirs publics, à d'éventuels et virtuels contrôles ou sanctions. La tchipa régule les prix au détriment de ceux qui triment, des retraités sans décret de dix ans d'âge, des chômeurs et des désespérés.

 Dans tous les pays, des alliances sont contractées, des divorces politiques prononcés, des allégeances médiatisées et des postes sont négociés. Or, à l'intérieur d'une même famille politique, l'alliance présidentielle et les autres soutiens du programme de M. Bouteflika, pourquoi et quoi négocier ? A cette vraie question, les réponses coulent de source en Algérie. Les uns et les autres veulent grossir en termes d'élus, de directions dans les grandes administrations, la police, la douane. Certains veulent simplement exister dans la presse et éventuellement avoir quelques strapontins au fond de la salle de spectacle.

 Personne ne sait plus si le MSP soutient toujours ou s'il est dans l'opposition. Quant au FLN majoritaire partout et présidé par le chef de l'Etat en personne, il n'a ni le poste de Premier ministre ni les ministères stratégiques. De son côté, le RND qui, historiquement, avec ou sans «cheveux blancs», n'a rien à voir avec ses deux compagnons de la majorité et encore moins avec le conservatisme économique de l'extrême gauche, on joue la montre, sans pour autant, comme les autres, avoir une stratégie et un programme qui lui soient propres. Alors des alliances pour des sièges au Sénat, dont beaucoup d'étudiants en droit et en sciences po seraient incapables de justifier son existence, ça intéresse qui dans l'Algérie profonde ? C'est une garden partis dans un pays où les fêtes nationales sont lugubres, les fêtes religieuses saluées par la fermeture de tout le pays, et où les championnats universitaires ont disparu avec Boumediène, alors qu'ils faisaient de son temps le bonheur des pages sportives et des facultés.

 Les invités à la garden partis, quatre et quelques figurants, ne proposent aucun programme au pays dans les domaines économique, culturel, politique, social et diplomatique. La Chine a mis en service le TGV le plus rapide du monde, 350 kilomètres à l'heure. La France a enregistré 200 millions de spectateurs en 2009 dans les salles de cinéma. Le pont et l'opéra de Sydney attirent des millions de touristes. L'industrie de la musique en Europe engrange des milliards. Kamel Ouali (d'origine algérienne) a vu sa comédie musicale «Cléopâtre» diffusée à la TV, avant de remplir le palais des sports à Paris le 15 janvier. La France exerce toujours une sorte de «veto» pour l'indépendance du Sahara Occidental, alors que le régime égyptien contribue à la désintégration de Ghaza. Pendant ce temps-là... Occupés à amuser la galerie avec leur garden «halal», les invités n'ont aucune idée, aucune proposition. A part le PT qui suggère la dissolution de l'APN, en espérant l'implosion de l'alliance présidentielle. Pour quoi faire ? Nul ne le sait. Les croustillantes histoires autour de l'autoroute Est-Ouest n'arrivent pas à l'intérieur du huis clos de la garden. Des Algériens empêchés de célébrer la messe de Noël n'intéressent pas les invités. A moins qu'ils soient pour la suppression des articles 36. Mais alors pourquoi ne le font-ils pas savoir, sinon qu'ils défendent cet article ?

 A la fin de la garden, on nous dira que les principes de ces partis sont la souveraineté nationale, les intérêts du pays, le nationalisme, les constantes, le pluralisme, la démocratie, les droits de l'homme... Et que ces principes fondent les alliances et l'action politique. Mais comme tous les partis, y compris l'opposition, sont pour ces principes, pourquoi les sièges s'achètent et se vendent ?








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