Garçon manqué ou fille épanouie !

Elle préfère la voiture à la poupée ou encore le football à la danse. Elle s'habille en pantalon plutôt qu'en jupe ou robe. Elle court dans la cour de l'école derrière les garçons plutôt que de jouer à la marelle avec les autres petites filles ; bref, elle ne fait rien comme l'exige son statut féminin. C'est un garçon manqué ! Et c'est ce sujet qu'a décidé de traiter Soirmagazine en proposant un éclairage sur sa notion, ses origines et quelle attitude adopter.Définition de garçon manqué
Garçon manqué (tomboy en anglais) est une expression, comme notée sur Wikipédia, désignant une fille qui ressemble ou adopte des caractéristiques ou des comportements considérés comme typiques d'un garçon. Et cela peut se manifester par le port de vêtements «masculins», la pratique de sports et d'activités traditionnellement réservés aux garçons (notamment les jeux et des activités de nature physique considérés dans beaucoup de cultures comme étant contraires à la féminité ou du domaine des garçons), un grand intérêt pour la science et la technologie et une préférence pour s'entourer de copains du sexe opposé.
Dr Benyachou Mouhcine, psychiatre psychothérapeute, ne s'arrête pas à ce stade, il explique : «A partir de l'âge de trois ans, l'enfant commence à se découvrir. Mais garçon et fille ne vont pas vivre cette découverte de la même façon. Pour la fillette, la maman demeure le premier et unique modèle à suivre. Même si parfois elle ne lui ressemble pas, elle peut, de toute façon, continuer à s'y identifier. Pour le garçon, c'est un peu plus difficile. Mais, en général, après la séparation avec la mère, petit à petit, il commence à trouver en son père l'exemple à suivre. Parfois, la règle change et c'est le contraire qui se passe.»
Et d'ajouter : «J'invite les parents à bien observer le comportement des enfants. Il existe beaucoup de facteurs qui peuvent entraver ce processus de structuration et d'identification. Par exemple, un père violent poussera la fille à s'identifier à un garçon.»
Appréhension des parents
Gisèle George est pédopsychiatre à Paris. Elle est l'auteure de nombreux ouvrages destinés aux parents, notamment La confiance en soi de votre enfant, aux éditions Odile Jacob. Elle explique que les inquiétudes des parents ont changé : «Il y a trente ans, leur inquiétude était qu'elles ne trouvent pas de mari. Aujourd'hui, l'inquiétude principale des parents est que leurs enfants s'en sortent professionnellement. Alors, ils se rassurent en se disant que plus tard, ces petites filles sauront se défendre et auront la force de se battre !» Et pour cela, elle conseille ces parents : «Je leur dis que leur fille ne sera jamais un cheval de manège, mais un étalon. Son éducation est peut-être plus délicate, mais c'est ce genre de tempérament qui concourt au prix d'Amérique ! Le vrai problème, ce sont les autres petites filles, qui ne tolèrent pas la différence et n'acceptent pas qu'une fille ne joue pas de la même manière qu'elles. Il peut y avoir un problème de jalousie aussi, puisque ces filles sont très populaires auprès des garçons.»
Gisèle George relève, de même, la frustration de certaines mères de ne pas être le modèle de leur petite fille. Pour ce pédopsychiatre, celles-ci confondent «fille» et «poupée», mais pour les autres, ça ne pose en général aucun questionnement.
Changement de genre sexuel
La plus grande peur des parents reste le fait qu'il y ait une tendance sexuelle lesbienne. Au cours du XXe siècle, la psychologie freudienne et des réactions contre les mouvements sociaux LGBT a entraîné des craintes dans la société sur la sexualité des garçons manqués, ce qui a poussé certains à se demander si le tomboyisme conduit au lesbianisme.
Au cours de l'histoire, le tomboyisme a été perçu comme corrélé au lesbianisme. Par exemple, les films d'Hollywood présentaient les garçons manqués adultes sous le stéréotype «predatory butch dyke».
Dans son essai, la psychanalyste Dianne Elise a rapporté qu'il y a plus de lesbiennes parmi les garçons manqués que de femmes hétéros. Cependant, même si certains garçons manqués se découvrent une identité de lesbienne dans leur adolescence ou à l'âge adulte, le comportement typique des garçons affiché par les jeunes filles n'est pas un véritable indicateur de l'orientation sexuelle.
Lynne Yamaguchi et Karen Barber, éditeurs de Tomboys ! Tales of Dyke Derring-Do, soutiennent que «tomboyhood est beaucoup plus qu'une phase pour beaucoup de lesbiennes», il «semble faire partie de la fondation des adultes que nous sommes». De nombreux contributeurs à Tomboys ont lié leur auto-identification en tant que garçons manqués et lesbiennes en se plaçant hors «des limites culturelles du genre».
Réactions adaptées de l'entourage
Dr Benyachou Mouhcine, psychiatre psychothérapeute, explique : «Il faut d'abord éviter tous les facteurs pouvant altérer les processus d'identification, notamment les conflits conjugaux, l'hyperprotection des enfants? Par ailleurs, en cas de constatation et de persistance de garçon manqué, il faut réagir en urgence et surtout ne pas banaliser les faits qui sont très graves. Essayez d'analyser les choses en cherchant les facteurs aggravants et l'absence d'amélioration. Parfois, la situation peut être tellement compliquée qu'il faut s'orienter vers un médecin spécialiste pour essayer d'analyser, comprendre, trouver un diagnostic, car ces problèmes d'identité peuvent être en rapport avec des causes profondes parfois graves comme dans le cas d'une psychose ou d'un abus sexuel ou autre chose. Il ne faut pas avoir peur du psychiatre dont le travail est d'aider vos enfants.» Et d'ajouter : «En l'absence de réactions et de réponses adaptées des parents et de la société, ce comportement ne peut que se consolider à l'adolescence. Dans ce cas, cela peut être une phase tardive pour essayer d'équilibrer les choses et de permettre un réaménagement car, à cette période, l'identification est déjà bien structurée. De plus, on assiste à une libéralisation et à une inversion des concepts autour des identifications ce qui crée souvent des confusions.» n
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