Algérie

Garantie des crédits aux PME : un outil ignoré par les banques algériennes



Les banques algériennes n'utilisent pas suffisamment les garanties financières du Fonds de Garantie des crédits aux PME) et de la CGCI (Caisse de Garantie des Crédits d'Investissement aux PME). En cause, la rareté des dossiers bancables. Face à ce constat répété et aux limites des banques commerciales, ne faut-il pas envisager, comme cela s'est fait ailleurs, des structures spécialisées de soutien aux investisseurs : banques de crédit à long terme et des centres d'aides à la préparation de dossiers bancaires ?

La création d'entreprises en Algérie et singulièrement celles de PME est un exercice particulièrement ardu dans un contexte où, pour reprendre une formulation en vogue « l'environnement des affaires » n'est pas particulièrement favorable. L'un des obstacles principaux auquel se heurtent des investisseurs souvent inexpérimentés est celui des garanties et autres sûretés qu'exigent les banques en contrepartie d'un engagement de crédit. Le rapport du groupe tripartite «Garantie des Crédits» élaboré en juillet 2011 est révélateur des difficultés à organiser un secteur essentiel à la dynamisation de l'investissement. Ce groupe tripartite (sic) constitué de banquiers du secteur public, de représentants des organisations patronales, des organismes spécialisés FGAR et CGCI ainsi que de représentants du Trésor, de l'ABEF et de la COSOB, a produit une série de propositions sur la base d'un état des lieux plutôt rigoureux et complet. Le FGAR (Fonds de Garantie des crédits aux PME) et la CGCI (Caisse de Garantie des Crédits d'Investissement aux PME) sont des fonds de garantie financière destinés à améliorer la base de garanties exigées par les banques pour faciliter leur intervention. Ces deux organismes aux missions voisines font partie d'un dispositif censé stimuler la création de PME, entreprises qui forment la trame de base dans toute économie digne de ce nom. Mais comme le reconnaissent eux-mêmes les dirigeants de ces structures de garantie publique la forte croissance de leur activité après quelques années d'activité reste modeste au regard des réalités du crédit bancaire. Et surtout d'un niveau d'investissement privé très en deçà de ce qu'il devrait être dans un marché dominé par l'informel et les importations.

UN TAUX DE DECHET ANORMALEMENT ELEVE

Les auteurs du rapport rappellent que la garantie financière est accordée aux banques après qu'elles ont elles-mêmes décidé de l'octroi du crédit. Il s'agit donc d'une couverture qui profite aux établissements bancaires qui peuvent ainsi dégager une partie de leurs engagements de leurs bilans. Les banques utilisent pourtant assez peu ces mécanismes qui devraient grandement faciliter les autorisations de crédit. Une partie non négligeable (30%) des dossiers qu'elles transmettent à ces organismes spécialisés sont rejetés pour non-conformité ou non éligibilité. Ce taux de déchet est anormalement élevé et traduit une maitrise très insuffisante des procédures du FGAR et de la CGCI. Mais la raison profonde de l'impact réduit des organismes de garanties financières se situe bien plus en amont. Le faible nombre de candidats crédibles, la rareté des dossiers «bancables» et la sous-qualification des demandeurs de crédit constituent le nÅ“ud gordien de la problématique de l'investissement dans le secteur de la PME. Ce constat établi depuis de nombreuses années est confirmé par le rapport qui soumet un certain nombre de recommandations pertinentes, et souvent de bon sens, aux autorités décisionnaires. Ainsi, déplorant le manque de lisibilité par les banquiers des missions de deux organismes, les auteurs du rapport préconisent soit leur fusion soit, au contraire, la création de fonds spécialisés par secteur d'activités.

DES COMPETENCES D'INCUBATEURS DE PROJETS A TROUVER

La préoccupation première des spécialistes du secteur est visiblement de rapprocher ces organismes des banques et des investisseurs, raison pour laquelle ils préconisent une implantation régionalisée afin de minimiser les délais de mise en Å“uvre des garanties. Il reste que le développement des PME s'il est grandement facilité par des mécanismes de soutien financier est conditionné par la multiplication de dossiers d'investissement et de crédit qui répondent aux normes de «bancabilité» minimales. C'est le rôle qui fut dévolu aux banques de crédit à long terme au Japon au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Ces banques ont très efficacement impulsé la reconstruction du pays grâce à un soutien multidimensionnel aux PME. Dans le contexte algérien, il serait donc plus que nécessaire, compte-tenu également des capacités réduites des banques commerciales, d'envisager des structures spécialisées de soutien aux investisseurs qui iraient d'une banque de projets à des centres d'aide à la préparation de dossiers bancaires en passant par des accompagnements techniques et administratifs. Ces compétences d'incubateurs de projets dont la disponibilité est rare sur le marché national pourraient être recherchées à l'étranger où beaucoup de pays (Corée du Sud, Malaisie…) ont mis en place depuis fort longtemps des centres d'appui à l'investissement dédiés aux PME destinés à pallier les insuffisances des banques commerciales.




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