GALERIE LOTUS D'ORAN Le sculpteur-peintre Aurigh expose

À 49 ans, le sculpteur-peintre Kouider Medjahed, alias Aurigh, est au sommet de sa maturité. L'occasion est offerte au public de découvrir l uvre de l'artiste, composée de 15 tableaux et 24 sculptures où son génie est palpable. 'J'ai commencé à mater la glaise dès l'âge de 12 ans. La poterie est ma préférée bien que la peinture et la sculpture me font vibrer', affirme l'enfant de Sabra.
Après des journées rudes avec les chiffres, le contrôleur fiscal se décompresse dans son modeste atelier pour nous faire rêver avec des tableaux et des sculptures où la femme est toute son énergie. 'J'insiste beaucoup sur l'avortement et la femme comme symbole. Mais j'exprime l'avortement des idées, des visions, des énergies, des projets, de la recherche , indique Aurigh. Son art est primitif et dégage la fierté du montagnard où la fabrication des crosses de fusils est un art. L'artiste est anticonformiste et déteste le plagiat. Son code : Aurigh, sonne juste. L'espace Lotus d'Oran vient de donner l'occasion aux admirateurs de l'art pur de déguster du Medjahed avec modération. Cependant, les difficultés des artistes freinent leur inspiration. 'Difficile de trouver des espaces pour présenter nos fruits de l'imagination et de la création. J'aurai accepté le qualificatif de rebelle mais, Allah Yarhmou, Matoub Lounes mérite plus ce qualificatif. En effet, je suis contre les idées reçues et les concessions car l'artiste a besoin de sa liberté', confie Kouider Medjahed. Ces sculptures, notamment Harmonie, Maternité, Femme au fardeau, Beauté, 8 mars, montrent la place de la femme et le symbole qui s'en dégage. 'Ça peut être le pays, l'imagination, la création. La femme est un repère, un thème d'une longue marche. Après 13 ans de création, la sagesse a pris le dessus', déclare 'le montagnard'. Ses quatre enfants ont suivi le chemin tracé, involontairement, par le papa. 'Quant je les vois se diriger vers l'atelier, je sais qu'ils ont besoin d'un peu d'évasion', dit-il.
Par ailleurs, Kouider Medjahed nous a signalé qu'il avait déjà exposé à Tlemcen et Maghnia, 'mais celle d'aujourd'hui est la plus réussie', a-t-il renchéri. Toutefois, il n'est pas prêt à oublier la vingtaine de sculptures qu'il a brulées pour en faire un feu de bois suite à un coup de colère provoquée par la bureaucratie. 'Je regrette toujours ce geste. Mais que voulez-vous, l'artiste est mal compris', se désole Aurigh, l'homme aux mains rudes qui forment et déforment la glaise et le bois.
Noureddine Benabbou