Algérie

Gaïd Salah face à son obstination



Tout au long des deux mois qui ont suivi la démission d'Abdelaziz Bouteflika, le chef d'état-major de l'armée n'a pas voulu entendre parler de la solution politique.à la surprise générale, le Conseil constitutionnel annonce que deux postulants à la magistrature suprême ont déposé leur dossier pour l'élection projetée le 4 juillet prochain. Ce qui retardera, d'une dizaine de jours tout au plus, l'annonce d'un report ou de l'annulation du scrutin plus que jamais compromis. L'annonce dans la journée d'hier du dépôt des deux candidatures de citoyens qui n'ont probablement pas réuni les conditions nécessaires ne changera probablement rien à la donne. Le pouvoir, notamment le chef d'état-major de l'ANP, a perdu son pari d'imposer au pays une solution constitutionnelle. La tenue de l'élection présidentielle, avec les mêmes têtes qui appartenaient au régime Bouteflika et surtout avec les mêmes pratiques, était pourtant un pari impossible. Ni la rue, qui gronde depuis maintenant plus de trois mois, ni la classe politique n'ont refusé des élections dans l'absolu. Le refus a notamment porté sur la manière d'organiser ce scrutin et surtout du régime qui le supervise. Le camouflet est d'autant plus grand que les tenants du pouvoir insistent dans leurs interventions sur la nécessité de tenir l'élection présidentielle dans "les délais constitutionnels". Ni les réponses des Algériens, qui sortent plusieurs fois par semaine pour dénoncer cette élection, ni les avertissements de la classe politique ne semblent être entendus. Discours après discours, les deux hommes qui se présentent face aux Algériens, à savoir Abdelkader Bensalah, mais surtout Ahmed Gaïd Salah (qui se déplacera aujourd'hui à Tamanrasset pour prononcer probablement un nouveau discours demain), insistent sur le respect des délais constitutionnels comme condition sine qua non pour sortir de la crise. L'engagement d'Ahmed Gaïd Salah en faveur d'une sortie constitutionnelle de la crise est tellement important que le report du scrutin pourra être perçu comme un échec personnel. L'homme a jeté toutes ses forces dans la bataille. Cela risque de plonger le pays dans un vide constitutionnel dangereux et de lui faire perdre un temps précieux. Car, si le scrutin du 4 juillet est désormais enterré, le pouvoir risque d'être tenté par un nouveau rafistolage constitutionnel qui conduira au même résultat : le report de l'élection pour une courte période, dans les mêmes conditions que celles qui président au processus actuel. Mais cela ne marchera certainement pas parce que la crise est politique et nécessite donc une solution politique. Devant la ténacité des Algériens, le chef de l'armée, qui se présente tantôt comme "accompagnateur" du mouvement populaire, tantôt comme "protecteur" des institutions de l'Etat, change son discours au gré des slogans scandés par les manifestants. Mais tout au long des deux mois qui ont suivi la démission d'Abdelaziz Bouteflika, Ahmed Gaïd Salah n'a pas voulu entendre parler de la solution politique. C'est pourtant la seule voie qui s'offre au pays.
Ali Boukhlef


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