Algérie

Gagnant-gagnant ou donnant-donnant



Gagnant-gagnant ou donnant-donnant
«Une importante rencontre prévue à partir du 29 mai 2011 à Alger devrait réunir 400 à 450 opérateurs français et algériens avec pour objectif de lancer de nouveaux projets ou des activités... l'objectif de ce forum s'inscrit dans le cadre de la volonté des deux pays à dynamiser les relations économiques par le biais du partenariat... gagnant/gagnant.»Ces propos ne datent pas de la récente visite (novembre) du ministre français des Affaires étrangères et encore moins de ceux échangés ici et là entre des représentants du monde des affaires des deux pays lors de ces deux derniers jours, mais d'une autre visite de Jean-Pierre Raffarin, celle-là datant de 2011. C'est dire «l'intangibilité» de discours faits, bien entendu pour une consommation ponctuelle et immédiate, de part et d'autre et amplifiés à satiété par des communiqués officiels, des articles de presse dont les auteurs semblent briller par une amnésie chronique.En fait les premiers propos sont le fruit d'un article d'Abderrahmane Mebtoul publié par un confrère en mai 2011. Il n'est pas exclu qu'à chaque fois qu'une importante délégation étrangère et plus particulièrement française soit descendue à Alger qu'au lendemain des déclarations du genre, faites évidemment par conviction et construites sur des certitudes professionnelles, pullulent dans tous les journaux, tournent en boucle dans les radios, les chaînes de la télévision publique.Ensuite ' Ensuite... plus rien, il faudra donc attendre soit la énième visite d'une délégation d'hommes d'affaires, la désignation d'un nouveau chef du gouvernement en France et/ou l'élection d'un nouveau président pour que le carrousel reprenne. D'ailleurs, il suffirait de lire le titre d'un confrère «Rencontre d'affaires algéro-française : encourager le partenariat d'entreprise» et mieux encore apprendre que «Mieux comprendre le marché algérien, identifier des opportunités d'affaires, et trouver des partenaires, tel est le thème de la rencontre» pour saisir dans toute son ampleur ce qui semble, depuis plus d'une cinquantaine d'années, relever de la pure fantasmagorie.Lors de l'inauguration de l'usine Renault implantée à l'ouest du pays, Laurent Fabius, ministre des AE, s'est «félicité de l'excellence des relations entre les deux pays certifiant dans la foulée qu'elles étaient à leur meilleur niveau», mais faudrait-il justement que question de niveau le principe du gagnant/gagnant ne soit pas à sens unique. Autrement dit au seul avantage de l'Hexagone comme en témoignent les conditions drastiques du montage de la voiture dans la mesure où si l'usine emploie, selon les informations fournies, 40% de femmes, 30% de jeunes tout ce qui est du domaine de la sous-traitance se fait à l'étranger, à telle enseigne que le taux d'intégration est quasi-nul.Bien entendu, si la France, les dirigeants des entreprises où l'Etat est majoritaire ne rechignent pas, outre mesure, de s'investir en Algérie, cette démarche ne saurait se faire toutefois sans la préservation d'un label... un made in France comme y aurait insisté un de ses anciens membres du gouvernement. Ce n'est certes pas la faute non plus du partenaire français si l'Algérie ne dispose pas de sous-traitants dont l'activité ne répond pas aux normes internationales et que l'essentiel d'un véhicule fabriqué en Algérie soit conçu en Roumanie, mais c'est autant un indicateur du peu d'empressement du partenaire en question de jouer sa réputation de meilleur constructeur automobile du monde en en mettant un qui ne serait pas commercialisable, en dehors du marché national. Contrairement à tout ce qu'elle (France) a consenti jusque-là à des partenaires d'autres pays. La situation économique désastreuse de l'économie européenne veut que tous les moyens soient bons pour que chacun des Etats du Vieux continent retrouve sa stabilité. Légitime et cela l'est encore plus dès lors que ceux concernés conviennent dans un partage équitable toute prise de risque en ce sens. Une équité qui devrait commencer déjà par une levée des contraintes administratives faites aux hommes d'affaires algériens désireux de rejoindre l'autre rive de la Méditerranée dans le cadre de leur activité, des facilitations d'accès aux écoles et universités françaises (un engagement officiel de Sarkozy en 2007 à Constantine), la libre circulation des personnes...À l'issue de la rencontre d'hommes d'affaires algéro-français de ces derniers jours, il a été convenu la réalisation au début de l'année 2015 de quatre écoles de métiers de l'industrie. Tout cela demandera à être jugé sur pièces... un peu comme cela a été le cas en 2008 (visite de François Fillon) de la création de deux écoles nationales des Douanes et du Trésor et d'une école dans le métier des assurances.A. L.




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