Algérie

G20 : paillettes et communication électorale et réponse sans substance



Le sommet du G20 réuni sur la Côte d'Azur française a été entièrement dominé par la crise grecque et l'annonce d'un référendum par le Premier ministre George Papandréou. Une indésirable «intrusion» de la consultation démocratique étouffée dans l'Å“uf.

Unanimes et mêmes indignés, soutenus également totalement et sans la moindre nuance par les médias, l'initiative du désormais ex-Premier ministre grec de recourir au peuple pour entériner ou rejeter le plan d'aide européen et les mesures de rigueur qui le conditionne a été étripée. Les marchés financiers ne tolèrent par une immixtion démocratique dans un processus qui vise fondamentalement à satisfaire leurs intérêts, observent les plus critiques qui se font rares. Ils notent qu'aucun dirigeant européen ne s'est exprimé sur les raisons de la crise de l'euro, sur les responsabilités des banques et sur la hausse brutale des taux de crédit qui sont à l'origine des difficultés financières des économies les plus fragiles de l'Eurozone. Malgré les va-et-vient diplomatiques télévisés et une théâtralisation évidente, le sommet du G20 n'a rien d'une réussite. Au final, il a systématiquement éludé les réponses à des questions aussi urgentes qu'essentielles. L'association altermondialiste Attac le souligne : «rarement un G20 aura donné une telle image de la démission des dirigeants du monde face au pouvoir des marchés financiers».

UNE TRES VAGUE «AVANCEE»

Face à une tempête spéculative qu'ils ont eux-mêmes contribué à alimenter, les dirigeants politiques ont offert un curieux spectacle où l'exercice de communication l'a emporté sur le fond. La brève mais inédite interview commune des Présidents Sarkozy et Obama ne compense pourtant pas le manque de substance d'un communiqué final qui peut difficilement passer une médication de temps de crise. La taxe sur les transactions financières, présentée comme le point d'orgue de la présidence française du G20, est bien évoquée dans le communiqué final mais en des termes suffisamment vagues pour en stériliser la signification. Aucune date ni aucun objectif précis ne sont associés à ce qui apparaît comme une pure déclaration d'intention. On présente comme une «avancée importante» le seul fait que les Américains ne se soient pas opposés à la mention de cette taxe. «Nous reconnaissons les initiatives de certains de nos pays pour taxer le secteur financier avec plusieurs objectifs, y compris une taxe sur les transactions financières, pour financer notamment le développement» indique le communiqué. Nul besoin de plonger dans des arcanes sémantiques pour relever qu'on est loin d'être devant un engagement contraignant. La régulation financière, thématique récurrente née de la crise de 2008 est tout simplement ignorée. Pour le conseil d'administration de la planète, onze paradis fiscaux (Antigua-et-Barbuda, La Barbade, Botswana, Brunei, Panama, Seychelles, Trinidad-et-Tobago, Paraguay, Vanuatu, Suisse et Liechtenstein), sont cités en tant que territoires «non-coopératifs». Monaco ne fait pas partie de cette liste. Les mauvaises langues disent que sa proximité avec la ville de Cannes lui a peut-être valu cette bienveillante omission. L'évasion fiscale constitue l'unique point de régulation globale mis en avant par le G20. Plus question d'encadrer les activités financières, notamment en matière de produits dérivés et de mécanismes boursiers qui contribuent au périlleux gonflement des bulles spéculatives. Quant à la réforme du système monétaire international, il n'est question que de réviser en 2015 la composition du panier des droits de tirage spéciaux» pour aller, les Chinois ont entendu le message, «vers des taux de change davantage déterminés par les forces du marché».

LES CREANCIERS AVANT LES CITOYENS

Cette session cannoise donne l'impression que le G20, pas plus que le G7, n'est en mesure d'influer sur le cours des événements. L'adhésion de la plupart des dirigeants du groupe des pays riches à la doxa libérale est l'une des expressions concrètes de l'omnipotence des marchés. Face aux désordres financiers et aux déficits publics qu'ils induisent le G20 a montré son impuissance pour ne pas dire son irresponsabilité. La vocation du G20 est celle d'un comité de crise de la globalisation financière. Créé au cours de la crise des subprimes pour renforcer un G7 en déficit de légitimité et de moyens, le G20 est un étrange objet politique dont la fonction première semble purement cosmétique. Le vrai pouvoir est ailleurs que dans ce club d'Etats riches. Ce qui explique, selon des analystes, que l'initiative, étouffée, d'un référendum en Grèce ait été vécue comme une intolérable intrusion de la démocratie dans un débat qui ne concernerait que les créanciers, leurs experts et leurs porte-voix. A ce constat vient s'ajouter une dimension supplémentaire, celle d'une certaine perte de sens. Les appels publics des leaders de l'UE aux BRICS pour venir au secours de l'Euro et du Fonds Européen de Stabilité Financière et le refus nettement exprimé par certains dirigeants, comme Dilma Roussef, la présidente du Brésil, ont dû curieusement résonner dans nombre de régions du monde abandonnées à la misère et à la famine.




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