Suffirait-il d'une réunion des dirigeants des 20 pays les plus riches au
monde pour que le capitalisme financier mondial «s'assagisse» ? Pas si sûr que
cela. Et s'il redoublait de voracité ?
La répétition des sommets des 20 pays les plus riches de la planète
serait-elle l'arbre qui cache la forêt (la jungle) du monde de la finance
internationale ? Sinon pourquoi les 20 chefs d'Etat et de gouvernement réunis
jeudi et hier matin à Pittsburgh ont-ils répété dans leur communiqué final,
exactement, les mêmes slogans d'ordre général pondus depuis la première réunion
de Londres de janvier 2008, c'est-à-dire avant l'annonce de la crise mondiale
en septembre 2008 à partir des USA ? Rappelons-nous qu'en janvier 2008 le
Premier ministre britannique, Gordon Brown, avait réuni à Londres un
mini-sommet regroupant la France, l'Italie, l'Allemagne et l'Angleterre pour
décider de: revoir le système des agences de notation bancaires ; d'instaurer
plus de régularité dans le fonctionnement du marché mondial de la finance ; de
revoir la question des bonus ; de s'attaquer aux paradis fiscaux ; etc.
Pittsburgh du 24 septembre 2009
n'a pas fait mieux. On enregistre plutôt un recul, puisque les USA ont exclu du
débat la question du niveau des bonus attribués aux traders. Ce qui fait dire
aux analystes financiers que ce sont les banques, et seulement les banques, qui
sortent indemnes de cette crise internationale. Dans ce même ordre d'idées, le
sommet de Pittsburgh s'est penché sur le rôle du FMI dans cette histoire. Là
encore, après s'être vu renflouer les caisses pour plus de 250 milliards de
dollars sur les 750 demandés par le G20 de Londres, le FMI a tout de suite
adopté une nouvelle méthode de prêt: les prêts à court terme. C'est ainsi dès
le début de 2009, l'institution financière internationale a avancé des prêts à
court terme à l'Islande de 1,65 milliard d'euros ; 13 milliards à l'Ukraine et
12,5 milliards à la Hongrie. Le dernier des économistes vous dira combien les
prêts à court terme sont ceux qui comprennent le plus de risques, parce qu'ils poussent
leurs bénéficiaires à vouloir générer (pour rembourser) une plus-value
immédiate en augmentant les taux d'intérêt.
Par ailleurs, si tant est qu'il
faut investir l'argent dans les économies qui présentent de vraies opportunités
de rendement, y aurait-il mieux que les pays africains ? Ces derniers ont, à ce
jour, un taux de croissance de plus de 6,5% et des segments de production
parfois vierges (agriculture, infrastructures de base, services, etc.). Ce qui
est paradoxal, c'est que les dirigeants du G20 autant que le FMI déclarent
qu'il est primordial de soutenir les pays du tiers monde contre les effets (à
venir surtout) de la crise, alors que dans les faits rien de sérieux n'est
entrepris.
L'autre chapitre lié à la crise
internationale et dont le sommet de Pittsburgh en a fait l'impasse est celui
relatif au rôle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette
organisation mondiale qui regroupe 153 membres (l'Algérie négocie encore son
entrée) prône la libéralisation totale du marché de la production mondiale au
même moment où les dirigeants du G20 appellent à la régulation du marché
financier. La réunion des ministres du Commerce de l'OMC tenue à New Delhi
(Inde) les 2 et 3 septembre dernier s'est soldé par un autre échec, puisque les
USA ont rappelé leur choix pour des négociations bilatérales et ont affirmé
viser les pays émergents (Chine, Inde, Brésil) pour assurer des débouchés à
leur économie. Cette attitude traduit en fait un retour au protectionnisme et
au chacun pour soi. Les difficultés apparues dans les négociations actuelles de
l'OMC traînent depuis 2001, année de l'ouverture de ce qui est appelé «Cycle de
Doha». Prévues pour être conclues en trois ans, elles traînent depuis.
Pour toutes ces raisons et bien
d'autres, le sommet du G20 de Pittsburgh apparaît comme un simple coup d'épée
dans l'eau... trouble du marché de la spéculation financière internationale. Le
dérèglement du marché capitaliste nous offre aujourd'hui des tableaux indécents
et «immoraux» de par le monde: des dizaines de millions de litres de lait frais
déversés dans les égouts en face d'un enfant africain ou sud-asiatique
agonisant sur le sein de sa mère.
Les journaux télévisés ouvrent
avec le voyage d'agrément vers la station spatiale internationale de tel
milliardaire et clôture, brièvement, sur l'interception en haute mer, par les
patrouilles maritimes européennes, de femmes, enfants et jeunes africains
faméliques embarqués dans des coquilles de noix. Pittsburgh n'est en fait qu'un
épisode dans la saga historique du capitalisme financier mondial.
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Posté Le : 26/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com