Algérie

Fusion mystico-moderne GAÂDA DIWAN BECHAR AU THEÂTRE DE VERDURE



La belle Aïcha Lebgaâ
Broshing Events a gagné, encore une fois, le pari de transformer le Théâtre de verdure durant ce mois de Ramadhan, en une véritable arène de spectacle.
On ne saura peut-être jamais le secret du succès du groupe Gaâda Diwane de Béchar qu'il fait exercer depuis des années sur le public et comment naît l'attrait quasi-mystique qui fait qu'à chaque fois qu'il se produit en Algérie, il exerce sur le nombre de fans incalculables qu'il a un drôle de magnétisme et ces derniers viennent l'écouter yeux fermés. Broshing Events a gagné, encore une fois, le pari de transformer pour sa part, le Théâtre de verdure durant ce mois de Ramadhan en une véritable arène de spectacle où se pressent au portillon des milliers de jeunes gens pour admirer, soit le groupe de rap IAM, Tinariwen et cette fois encore Gaâda diwane de Béchar qui, en dépit du fait de leur fréquentation assez assidue du pays, continue à attirer un monde fou!
Malgré l'absence de l'emblématique meneur du groupe Abdelaâti Laâoufi et du percussionniste Amar Chaoui, le groupe n'a pas du tout démérité sur scène. Il déploiera une énergie folle en présentant sur scène quasiment les mêmes compositions, mais avec des réarrangements un peu différents plutôt modernes mêlant du son rock, blues et même zouk avec quelques airs de notes des îles que créaient la basse, lequel instrument fusionnait parfaitement avec le bendir, le tambourin, le karkabou, qui se mélangeaient à la perfection à la guitare et la batterie.
Dès les premières notes du morceau Djilala, les jeunes s'amassent en bas de la scène pour se donner frénétiquement à la danse. Sans trop de surprise, le groupe égrènera les morceaux phares de son répertoire et les derniers issus de son nouvel album sorti l'année dernière au titre bien rafraîchissant Ma hlou qui fait référence aux citernes d'eau que l'on croise dans le désert et sur lesquels on peut lire «maâ saleh lichrob» c'est-à-dire «eau potable» de la poésie qui vient surgir au milieu de l'aridité et la chaleur étouffante du soleil du Sud. Car la musique du groupe Gaâda Diwane Béchar s'apparente à un vrai bain de jouvence dans lequel viennent s'abreuver des milliers de gens pour se purifier l'âme ou mieux se brûler les ailes afin de renaître de ses cendres et bien de sa peau. Dib el Ghaba, Amine, Sobhane alh seif wela chetwa, Baba hamouda, N'hebk yal, entonné par la voix somptueuse de Aïcha Lebgae, Gourara etc, autant de titres connus, revus et corrigés qui n'ont pas pris une ride malgré les années. Le public exulte et la température, ajoutée au siroco du soir a atteint un pic jamais égalé. Le public continue à danser jusqu'à cette fameuse reprise de Khelifi Ahmed, El Ourban qui conciliera le public avec les paroles patriotiques de cette chanson.
D'aucuns s'arrêtent de danser et s'assoient pour écouter les paroles poétiques de cette chanson. Avant que la scène ne s'enflamme encore et encore vers la fin, quand le groupe interprétera Ben bouziane sur la demande persistante du public. Interrogé dans les coulisses sur la vivacité du groupe, Tayeb Laâoufi nous explique avec le sourire: «On fait les choses qui nous font plaisir. On n'est pas dans la pression du marketing. Et apparemment, l'émotion passe, c'est-à-dire que nous, on fait les choses avec plaisir et on arrive peut-être à transmettre cette émotion. Les gens nous le rendent bien.» Evoquant Khelifi Ahmed, notre artiste avoue que cette reprise «est une manière de rendre hommage à ce grand monsieur pour qui on voue un grand respect. Le style «aiyeye» est quelque chose de très fort pour nous parce qu'on n'est pas que dans le Sud, le Gnawa, le Gourara etc, non! On touche à tout, car nous avons des héritages qui s'entrechoquent entre les Hauts-Plateaux, le Sahara, le Gourara, Béchar, tous ces patrimoines nous parlent. El Ourban est un hommage à ce grand monsieur de la chanson «aiyeye», c'est-à-dire la poésie chiîr malhoun des Hauts-Plateaux.». A propos du célèbre morceau Gourara qu'interprète avec classe et grâce Aïcha Lebgaâ, Tayeb Laâoufi explique que ce chant-là, appelé tagarebt, est le chant profane de Ahl Elili. «C'est une façon pour nous de rendre hommage à Ahl Elil, des rythmiques complètement différents, par essence berbère qui ont une filiation très profonde avec l'Afrique.» Et pour résumer l'esprit du groupe, il dira: «On s'inspire de la mystique. On a un grand respect pour cette tradition mais on n'est pas un groupe dans le sens cérémonie mystique. On est un groupe qui s'inspire de la tradition mais qui est complètement ancré dans l'urbain, dans la modernité, y compris dans l'utilisation de la scène, des instruments, avec des racines très profondes dans la tradition et le terroir...». En tout cas, vendredi dernier, le public a dansé comme un diable en écho avec les invocations du ciel du groupe qui s'est déchaîné comme lui seul sait le faire. Comme d'habitude.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)