Moins de trois mois après leur offensive, les milliardaires brésiliens Jose Luis Cutrale et Joseph Safra sont parvenus à leurs fins. Ils vont racheter le spécialiste américain de la banane Chiquita Brands après avoir évincé au passage l'irlandais Fyffes.Le groupe américain et Cutrale Group Safra Group, propriétés de MM. Cutrale et Safra, ont signé un accord selon lequel le spécialiste de la banane va devenir leur filiale avec son siège dans le New Jersey (nord-est), d'après un communiqué commun publié lundi. Chiquita, qui emploie environ 20 000 personnes et opère dans près de 70 pays à travers le globe, est basé pour l'instant à Charlotte (Caroline du nord). Cette annonce met fin à des semaines de rebondissements et de coups de théâtre comme le rejet vendredi par les actionnaires de Chiquita du rapprochement proposé avec l'importateur et distributeur de fruits irlandais Fyffes.Pour l'emporter, les deux milliardaires ont mis sur la table 681 millions de dollars en cash et reprennent la dette de Chiquita, soit une valorisation totale de l'entreprise de près de 1,3 milliard de dollars.Dans le détail, le prix offert de 14,50 dollars par titre représente une prime de 33,8% sur le cours de clôture de la société américaine le 7 mars, veille de l'annonce de fiançailles avortées entre Chiquita et Fyffes.A Wall Street, le titre Chiquita prenait 1,20% à 14,33 dollars dans les premiers échanges, approchant du prix offert. Jus d'orange et banane"Cette opération démontre la détermination du conseil d'administration à produire de meilleurs retours sur investissements aux actionnaires", a déclaré le directeur général de Chiquita, Ed Lonergan. Ce Conseil a toutefois dû se plier à la volonté des actionnaires qui ont préféré l'offre brésilienne à celle de Fyffes.Cutrale Group est connu pour ses jus d'orange et Safra Group est un fonds d'investissement gérant pour 200 milliards de dollars d'actifs. MM. Cutrale et Safra veulent sortir de la cote Chiquita et espèrent finaliser l'opération d'ici la fin de l'année voire début 2015. Ils promettent de faire croître l'activité en permettant au groupe de bananes d'accéder "à tous les aspects de la chaîne de production et de distribution des jus de fruits", secteur dont est spécialisé Cutrale Group et de l'"expérience financière" de Safra Group. Cette opération met fin à la tentative de Chiquita de se redomicilier à l'étranger pour bénéficier d'un taux d'imposition plus favorable qu'aux Etats-Unis ou "Tax inversion". La fusion Chiquita-Fyffes, qui devait donner naissance au numéro un mondial de la banane, avec une part du marché mondial de 18,7%, devait surtout permettre au groupe américain des d'installer en Irlande. Mais l'administration Obama a annoncé récemment une série de mesures pour compliquer l'exil fiscal des multinationales américaines, souvent tentées de se domicilier artificiellement à l'étranger pour échapper à l'impôt aux Etats-Unis. Ce durcissement de ton a déjà fait d'autres victimes, notamment le mariage annoncé à 54 milliards de dollars entre les groupes pharmaceutiques américain AbbVie et européen Shire.Cutrale et Safra avaient décidé de contrecarrer les plans entre Chiquita et Fyffes en août en faisant une contre-offre sur le groupe américain au prix initial de 13 dollars par action. Cette surenchère avait forcé les "fiancés" d'alors à modifier leur projet fin septembre. Mais Cutrale Group et Safra Group sont revenus à la charge en portant à 14 dollars leur offre, relevée par la suite à 14,50 dollars. Fyffes devrait normalement percevoir une indemnité de rupture estimée à 3,5% de la valeur du groupe américain, selon l'accord avec Chiquita.Chiquita, qui a réalisé un chiffre d'affaires de plus de 3 milliards de dollars l'an dernier, fait partie avec ses compatriotes Fresh Del Monte et Dole Food du petit groupe d'entreprises qui ont longtemps dominé le marché mondial de la banane mais dont la position est de plus en plus battue en brèche. Une incitation, donc, aux regroupements.Même si ce trio conserve un rôle significatif dans le commerce mondial, sa part de marché est tombée en 30 ans à 36,6% des échanges contre "près des deux tiers (65,3%)" dans les années 80, notait dans un récent rapport l'Organisation des Nations unies pour l'Agriculture et l'Alimentation (FAO).
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Posté Le : 29/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Arab F Z
Source : www.lemaghrebdz.com