L'investigation, dont l'objet consiste à décrire de façon précise les trajectoires professionnelles des femmes cadres et la manière avec laquelle est perçue l'évolution de leurs carrières au sein de ce groupe tout au long de ces dix dernières années, a mis en évidence une percée aussi bien quantitative (nombre de femmes cadres recrutées) que qualitative (nombre de femmes propulsées à de hauts postes de responsabilité).
S'agissant de l'aspect quantitatif, les résultats de l'enquête font apparaître un spectaculaire gonflement des effectifs de femmes cadres résultant d'une politique de recrutement volontariste favorable aux femmes fraîchement sorties des universités et des grandes écoles. Les statistiques recueillies font en effet état d'un recrutement massif de femmes diplômées (essentiellement des ingénieurs et des titulaires de licences en sciences humaines et sociales) durant la période 1991-2007, faisant passer la proportion des femmes cadres aux commandes du groupe Sonatrach de 7,1% en 1990 à 28,6% en 2007.
Selon les projections chiffrées du Cread, le taux de participation global des femmes à l'encadrement de la compagnie pétrolière ira en augmentant durant la prochaine décennie pour atteindre, voire même dépasser 25% en 2020. Les cadres interrogés sur les causes de ce spectaculaire bond quantitatif de recrutement de femmes diplômées n'ont pas hésité à mettre en relief le rôle, éminemment positif, joué par l'ancien ministre de l'Energie et patron de Sonatrach, Chakib Khelil, qui avait instruit les directions des ressources humaines du groupe, à l'effet d'ouvrir les portes aux femmes cadres et de favoriser leurs promotions aux postes de responsabilité, lorsque ces dernières en prouvent manifestement l'aptitude.
Pour ce qui est du bond qualitatif réalisé par le groupe Sonatrach, il apparaît, on ne peut plus clairement, à travers le nombre de promotions dont ont pu bénéficier les femmes cadres durant la décennie en question. Les investigations montrent à l'évidence que les promotions au profit de cadres, ayant plus de dix années d'expérience dans l'entreprise, ont beaucoup plus profité aux cadres de sexe féminin que masculin.
Après avoir constaté que plus de 70% des directeurs et du staff dirigeant sont titulaires d'un diplôme d'ingénieur, d'une licence en sciences exactes ou d'une licence en sciences humaines et sociales, l'enquête du Cread a mis en évidence que la présence en nombre des femmes cadres (près de 40%) est beaucoup plus significative dans le corps des cadres issus du domaine des sciences sociales (gestion des ressources humaines et financières, notamment). La part des femmes ingénieurs étant beaucoup plus faible que celle des hommes (9,17%), il est tout à fait normal que le corps des cadres issus des sciences de l'ingénieur soit encore l'apanage des hommes. Mais sans doute pas pour très longtemps, au regard du nombre grandissant de filles qui effectuent aujourd'hui des études d'ingéniorat. L'étude sociologique réalisée par le Cread indique, enfin, que si la percée des femmes aux postes de cadres de niveaux 1 et 2 est indéniable, elle l'est, par contre, beaucoup moins quand il s'agit d'accéder aux statuts valorisants de directeurs de niveaux 1 et 2. Même si quelques femmes diplômées et hautement expérimentées ont fait une timide apparition à ces hautes sphères hiérarchiques, on peut  affirmer qu'elles ne se bousculent pas à ces postes outrageusement dominés par les hommes. Le temps, l'arrivée massive de femmes diplômées sur le marché du travail, les avancées législatives et les combats démocratiques multiformes contribueront très certainement à changer la donne dans les toutes prochaines années.
Interrogé sur les résultats spectaculaires en matière de promotion des femmes diplômées obtenus par le groupe Sonatrach en un laps de temps somme toute très court (moins de 10 ans), Mohamed Benguerna, directeur de recherche au Cread, estime, en effet, «qu'en matière de promotion de femmes cadres, Sonatrach n'a rien à envier aux multinationales qui ont le mieux réussi dans le domaine. Les dirigeants du groupe ont effectivement réussi à démontrer que l'émergence des femmes diplômées à des postes élevés de la hiérarchie de l'entreprise est avant tout une affaire de volonté politique et de cap managérial parfaitement orienté sur la valorisation des ressources humaines et la performance. Le cas de Sonatrach devrait àªtre médité et servir d'exemple, à l'ensemble de nos entreprises, aussi bien publiques que privées, à commencer par les plus importantes d'entre elles».
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Posté Le : 16/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Nordine Grim
Source : www.elwatan.com