Algérie

Fuite et fin



Arrêté à Dubaï le 20 mars dernier, l'ex P-DG de Sonatrach Abdelmoumen Ould Kaddour a été remis hier aux autorités algériennes. Les Emiratis assurent avoir décidé de l'extrader vers l'Algérie en juin dernierIl est poursuivi pour plusieurs chefs d'inculpation, notamment l'affaire de l'acquisition de la raffinerie Augusta.
Poursuivi par la justice algérienne pour des faits de corruption, l'ancien président-directeur général du groupe Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour, vient d'être officiellement extradé des Emirats arabes unis vers l'Algérie. L'avion qui le transportait est arrivé hier en fin d'après-midi à l'aéroport d'Alger, où il a été livré aux services de sécurité, selon des images diffusées par des chaînes de télévision.
En cavale entre la France et les Emirats arabes unis depuis son limogeage en avril 2019, l'ancien P-DG de Sonatrach est accusé de corruption et de dilapidation de biens publics, notamment dans l'affaire du rachat en 2018 de la raffinerie d'Augusta en Italie par la compagnie nationale des hydrocarbures dont il était alors le premier responsable.
En février dernier, l'ex-premier ministre Abdelaziz Djerad, avait affirmé pour la première fois que le pôle pénal économique et financier d'Alger avait ouvert une enquête sur l'affaire de la raffinerie d'Augusta, "dans laquelle un mandat d'arrêt international a été émis contre le principal accusé", allusion à l'ancien P-DG de Sonatrach, sans le citer nommément. A peine quelques semaines après, Ould Kaddour avait été interpellé au cours d'une escale à l'aéroport de Dubai aux Emirats arabes unis et la procédure de son extradition avait été aussitôt lancée par les autorités algériennes. Une procédure qui aura donc fini par aboutir au bout de quelques mois, bien que l'ancien P-DG de Sonatrach ait tenté de faire valoir le motif de sa nationalité américaine pour éviter d'être extradé vers l'Algérie.
Désormais entre les mains de la justice algérienne, Ould Kaddour devra notamment répondre de son implication directe, en sa qualité de premier responsable de Sonatrach de l'époque, dans l'affaire de l'acquisition de la raffinerie d'Augusta, conclue en 2018 dans des conditions jugées douteuses et préjudiciables aux intérêts économiques et financiers de l'Algérie.
La firme pétrolière nationale, Sonatrach, faut-t-il le rappeler, avait procédé, en 2018, sous la direction d'Ould Kaddour, au rachat de la raffinerie d'Augusta, une structure vétuste et vieille de 70 ans, qui appartenait à la filiale italienne d'ExxonMobil, pour un montant total de près de 740 millions de dollars. Un prix jugé surcoté et douteux en raison de la qualité des équipements et des conditions entourant cette transaction, d'autant que des coûts supplémentaires de mise en exploitation ont porté par la suite le montant total de cette acquisition "scabreuse" à plus d'un milliard de dollars aux dépends de Sonatrach.
Celle-ci avait d'ailleurs dû recourir à des formules d'emprunts externes pour réhabiliter et mettre en marche l'usine de raffinage d'Augusta, alors que de nombreux experts et acteurs du secteur énergétique national plaidaient à l'époque pour la modernisation et le renforcement des capacités de raffinage locales, plutôt que de s'aventurer dans des acquisitions improbables à l'étranger. Quoi qu'il en soit, trois ans après l'annonce en grande pompe de son rachat par Sonatrach, la raffinerie d'Augusta devient aujourd'hui le centre d'un scandale économique retentissant, dont le dernier rebondissement est l'extradition hier d'Ould Kaddour vers l'Algérie.
L'ancien P-DG de Sonatrach, dont certains proches collaborateurs sont déjà en détention pour la même affaire, avait purgé, faut-il le rappelé, une peine de 20 mois de prison dans une affaire de passation de marchés publics de gré à gré, lorsqu'il était à la tête de la société BRC. Juste après sa libération, il s'est vu propulsé à la tête de la compagnie nationale des hydrocarbures au début 2017, poste qu'il occupera jusqu'à son limogeage en avril 2019 dans un contexte de révolte populaire, qui a précipité par la suite la chute de nombreux oligarques et puissants ministres de l'ère Bouteflika.

Akli Rezouali


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