On espérait que la télévision algérienne allait réellement se faire distinguer au 13e festival arabe de la radio et de la télévision qui vient d?être organisé à Tunis par l?ABSU (l?Union des radios et des télévisions arabes). Avec des productions annuelles, toutes catégories télévisuelles confondues, qui paraissaient d?un certain calibre ? du moins ce sont les responsables de l?Unique qui le disent? par rapport à celles en provenance des pays du Golfe, et même maghrébines, le label national pensait-on était en droit de jouer dans la cour des grands, c?est-à-dire avait théoriquement les capacités de rafler un maximum de prix dans une compétition certes ouverte, mais qui ne faisait aucune concession à l?amateurisme. Loin de nous l?idée de verser dans un nombrilisme chauvin, en tout cas mal placé, en affirmant que notre télé, compte tenu de son expérience et de sa notoriété à travers le monde arabe, ne pouvait que prétendre aux premiers rôles dans un festival à dimension régionale où la concurrence était singulièrement abordable. Il n?en fut rien, hélas, puisque notre représentation dut se contenter de deux ?accessits? sur l?ensemble des réalisations (dix au total) admises au concours, maigre consolation s?il en est pour une ambition qui finalement a démontré qu?elle n?avait pas les moyens de sa politique. Autant avouer que la désillusion a été sûrement dure à avaler, mais faut-il s?en étonner ? Le premier est à mettre à l?actif de ?Douar N?sa? signé par Mohamed Chouikh qui a obtenu dans la catégorie téléfilm le prix offert par le centre Cawtar de la femme arabe. Doté d?une enveloppe de 2000 dollars, ce prix est venu récompenser la meilleure ?uvre télévisuelle de 40 minutes qui a su mettre en relief le courage et la résistance de la femme arabe. Dans ?Douar N?sa?, Mohamed Chouikh effectivement a réussi une ?uvre esthétique de premier plan, cinématographiquement parlant, en hommage aux femmes algériennes qui avaient mené une résistance héroïque face au terrorisme intégriste durant les années noires qu?a vécues l?Algérie. Il faut cependant relever ici la bizarrerie d?une telle consécration, sachant que la réalisation de Chouikh est, en termes techniques, un authentique long métrage, déjà primé sur le plan international, qui se retrouve, pour des raisons qu?on ignore, aligné comme téléfilm. Comment se fait-il aussi que le jury ait accepté une telle entorse aux usages de la compétition qui risque de porter atteinte à la crédibilité du festival ? Voulait-on faire une fleur à l?Algérie ? Sinon pourquoi cette mutation alors que le film algérien était suffisamment pointu pour être apprécié dans sa catégorie originelle. Le second est allé à ?Samidoun? qui a remporté le deuxième prix dans la catégorie réservée aux films documentaires consacrés à la cause palestinienne. D?une durée de 51 minutes, cette production retrace, comme l?indique la dépêche de l?APS, le combat et la résistance du peuple palestinien face aux multiples agressions, sous différentes manifestations, de l?occupation israélienne. ?uvre bien faite selon les observateurs, ?Samidoun? (Résistants) a donc valu une autre satisfaction à notre pays qui curieusement n?a pu tirer son épingle du jeu que sur un thème identique, celui de la révolution, du combat contre l?oppresseur, de la résistance... Un terrain dans lequel le cinéma et la télévision algériens ont certes fait leurs preuves, mais qui semble désormais mettre nos productions un peu à l?étroit, puisque pour tout ce qui est spectacle, fiction divertissement, programme pour enfants... l?Algérie a évalué, au terme de ce festival tenu pour confronter les niveaux des télévisions arabes, son grand retard (ou plutôt recul) par rapport aux productions moyen-orientales qui n?ont pas manqué de faire impression à Tunis. En effet, le public comme les spécialistes présents à Hammamet, lieu du Festival, ont été agréablement séduits par la progression notable des télévisions des pays du Golfe qui, en plus des moyens financiers et techniques dont elles disposent, ont fait surtout preuve de professionnalisme évident avant de s?imposer. Ce n?est donc pas par hasard que ces dernières en viennent aujourd?hui à surclasser des pays comme l?Algérie qui visiblement a du mal à suivre le rythme. Au demeurant, les téléspectateurs algériens connaissent de mieux en mieux ce qui se fait par ces télévisions à travers des émissions de variétés ou autres conçues avec un sens aigu de la perfection technique. Les clips musicaux arabes venant de ces pays par exemple n?ont rien à envier à ceux réalisés en Occident qui reste dans ce domaine la référence universelle. Faut-il croire que cette avancée des productions koweïtienne, qatarie, libanaise ou saoudienne n?est dépendante que des moyens financiers ? Ce serait faire injure à la valeur artistique et aux compétences en la matière qui donnent un poids réel à ces pays. La balle est en revanche dans le camp de notre télé qui n?arrive plus à percer. A l?image de certaines émissions (Saraha Raha, Choumou Etalfaza...) qui ronronnent, il y a urgence à introduire un souffle nouveau dans les mécanismes de production si on veut éviter d?autres frustrations.
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Posté Le : 14/06/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : A. Merad
Source : www.elwatan.com