Algérie

Fronton : Lire seul, rêver ensemble


Cela a été dit, redit et re-redit, l'évidence-même : l'enfant est l'avenir de la culture. Aussi, s'il faut considérer le Salon international du livre d'Alger avec les égards qui lui sont dus, comment ne pas signaler que son destin se joue au Festival du livre de
jeunesse ' Si le premier est international, le second est stratégique. Si le premier est grand, le second est immense. Immense comme les millions de futurs citoyens de l'Algérie, immense par ses enjeux qui s'inscrivent dans l'évolution profonde de la société. Bien sûr, ce n'est pas un festival qui, à  lui seul, rendra au livre sa place auprès des enfants et des jeunes. Mais si l'on veut bien croire qu'une hirondelle peut encourager le printemps – puisqu'on admet que les battements d'ailes d'un papillon ont un effet à  l'autre bout de la planète –, alors oui, le Feliv, en tant que promoteur de livres mais également de modèles culturels, en tant que rassembleur des partenaires concernés, en tant que lieu d'animation, d'échanges et de propositions, peut apporter une contribution considérable au retour de la lecture en Algérie. Pour cette 4e édition (21-29 juin), la manifestation fait montre, en tout cas, d'une bien meilleure disposition à  assurer ce rôle avec une ligne de programmation riche et dynamique. Le Village du livre de Riadh El Feth sort de ses toiles, se prolongeant vers Bab El Oued mais aussi Tlemcen et Constantine. Deux grands espaces internationaux (littérature, livre de jeunesse) seront montés en partenariat avec l'Association des libraires algériens. Soixante éditeurs algériens seront présents et uniquement avec leurs catalogues juniors. Des journées professionnelles sont prévues, de même qu'une rencontre auteurs de jeunesse et un colloque sur les bibliothèques publiques. Sans compter les ateliers d'apprentissage, délocalisés aussi, les cycles cinéma-littérature avec le ciné-club Chrysalide et celui de Constantine. Ajoutons 12 auteurs en dialogue, 13 présentations d'ouvrages, des soirées poétiques, musicales et autres, dont la chorégraphie de Ben Mahi inspirée du roman Géographie du danger de Hamid Skif. Un programme copieux en somme, une vision surtout.
Mais, car il y a un mais, pour reprendre l'expression favorite de notre écologiste préféré, Hamid Belkessam, dans cette fête intelligente du livre, il manquera, pourtant, quelque chose de fondamental si l'on puit dire : le projet, que nous avions qualifié de révolutionnaire : l'introduction de la lecture d'œuvres à  l'école. Annoncé par les ministres de l'Education nationale et de la Culture, il n'a pas fait, depuis, l'objet de communication sur son état d'avancement. Et pourquoi donc ne pas profiter du Feliv  pour associer les parents, les professionnels du livre, et bien sûr les jeunes et les enfants ' On lit seul, mais il vaut mieux rêver ensemble.