Algérie

Fronton : E-lecteurs et numéros Arts et lettres : les autres articles



Fronton : E-lecteurs et numéros                                    Arts et lettres : les autres articles
Bientôt, retour aux urnes pour les élections municipales. Il y a quelque temps, on avait pu entendre certains partis se plaindre des préparatifs. Bizarrement, ils mettaient l'accent sur un point particulier, insistant tellement qu'il semblait gravissime. Voilà : la commission en charge des élections ne leur avait pas alors attribué leurs numéros d'apparition dans ces joutes électorales, lesquels numéros, précisons-le, sont affectés à chaque parti, à l'échelle nationale, et non aux listes locales.
Un moment, je me suis demandé si ces honorables formations ne s'étaient pas prises d'une passion soudaine pour la numérologie, discipline plus ou moins occulte. Puis, j'ai espéré qu'au contraire elles se mettaient à la page, versant dans la culture contemporaine du numérique. Il a fallu que je consulte Nabila Amir, cons'ur de la rubrique politique, pour m'expliquer les tenants et aboutissants de cette étrange et ardente inclination pour le chiffre.
Il en ressort notamment que ces partis accordent une confiance bien limitée à leurs propres candidats, puisqu'ils ne semblent pas beaucoup compter sur leur notoriété, leur popularité et leur charisme. Si cela est, on peut se demander alors pourquoi les citoyens devraient-ils faire plus confiance à des nombres qu'à des figures ' Franchement, si quelqu'un n'est pas capable de se faire connaître des habitants de sa commune autrement que par un matricule'
Mais je n'aimerais pas que mes collègues de la rubrique politique pensent que je chasse sur leurs thèmes. Non, restons humblement culturel et positivons la revendication numérique de ces partis. Après tout, bien qu'ils ne l'aient pas déclaré, elle peut avoir un lien avec l'analphabétisme qui continue à sévir en Algérie.
Cinquantenaire oblige, rappelons qu'à l'indépendance, son taux était de 85%, n'en déplaise à cet individu qui nous a montré tantôt qu'il n'avait de l'honneur que dans le bras. Et encore, dans l'avant-bras seulement. Depuis, bien du chemin a été parcouru. Mais, selon l'association Iqra', ce taux se situerait encore à 22%. C'est quand même près du quart de la population ! L'Office national d'alphabétisation et d'enseignement pour adultes estime qu'à la fin 2013, il tomberait à moins de 18%. C'est encore trop, dans un pays qui a tant dépensé pour l'enseignement que de devoir supporter une maladie aussi moyenâgeuse. On ne répétera jamais assez que le mot «lecteur» fait l'essentiel du mot «électeur» et que sans culture tout court, il ne peut y avoir de véritable culture politique.
Si attachés à leurs numéros d'identification ' quand même les courses de chevaux présentent des noms ' les partis et leurs futurs maires ne devraient-ils pas être les premiers à lutter contre l'ignorance ' Apprendre à lire aux autres n'exige pas de gros budgets, mais surtout de la bonne volonté. Si toutes les municipalités du pays s'y mettaient, si elles ne faisaient que ça, eh bien, ce serait déjà un beau bilan pour elles.


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