Algérie

Fronton : A toute fin, utile


La culture est souvent rangée dans le tiroir de l’agréable pour la distinguer de l’utile. Agréable ' Elle peut l’être, oui. Mais quand on voit un film de guerre, quand on lit un roman dramatique, quand on contemple un tableau tel que Guernica de Picasso qui exprime le massacre du village éponyme d’Espagne, que peut-il y avoir d’agréable ' Utile, la culture l’est assurément, quasi biologiquement, puisque déjà elle nous distingue du règne animal. Elle est, de plus, loin de se résumer aux arts puisqu’elle englobe aussi le savoir, le savoir-faire et le savoir-être. Elle est donc, à toutes fins, utile, très utile, ce qu’il y a de plus utile. Il en est pourtant qui ne la rangent pas même dans le tiroir de l’agréable, mais dans celui du superflu, soit ce qui peut venir (ou d’ailleurs ne pas venir du tout) quand on a tout réglé. Comme si l’on pouvait tout régler ! Il en est chez nous qui, à ce propos, citent avec fierté, et en le détournant, le proverbe populaire qui veut que «la tête ne chante que lorsque le ventre est rassasié». Faut-il être ignare pour citer en la circonstance un proverbe qui est aussi de la culture, l’oublient-ils ' Sans sa tête, l’homme n’aurait jamais pu nourrir son ventre. Tiens, ce pourrait être un sujet à l’épreuve de philo du bac… D’autant, comme l’ont cru des générations de candidats, que l’actualité serait toujours de la partie à cet examen.  
Il se trouve que le 20 décembre 2010, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution qui est passée presqu’inaperçue dans le monde. Bien sûr, on peut tout dire des résolutions de cette vénérable assemblée ! Sur leur contenu et surtout leur application. Pourtant, c’est la première fois, au niveau planétaire, qu’on affirme «la contribution de la culture à la réalisation des objectifs de développement durable nationaux et internationaux». Jusque-là, la dimension culturelle avait été exclue du monde de l’utile et ne figurait pas même dans les fameux OMD, soit les objectifs du millénaire pour le développement. Cela n’a l’air de rien, mais les citeurs de proverbes à l’emporte-pièce devraient en considérer toute la portée. Ils devaient, par exemple, se demander pourquoi les pays les plus avancés économiquement et techniquement sont ceux où l’on enregistre les plus grandes avancées culturelles. Bien sûr, ils pourraient rétorquer que c’est parce que ces pays sont riches que leur culture l’est aussi. Toutes les recherches menées récemment en la matière prouvent que l’un et l’autre s’enrichissent mutuellement. Elles montrent même que la culture, entendue dans sa globalité, est un intrant économique indirect, mais puissant. Le formidable essor actuel de la Chine est d’abord le fait d’une culture millénaire que rien n’a érodé, et on pourrait citer des dizaines d’exemples, moins spectaculaires peut-être, mais probants.Là dessus, on peut se demander s’il y aurait un seul spectacle dans le pays si le baril de pétrole ne flirtait pas avec les 100 dollars '
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