Algérie

Fronton



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L'usine flambant neuve de montage de voitures de Ouled Tlelat, près d'Oran, a capté les attentions cette semaine. C'était sans doute un événement attendu. C'est, sans conteste, une réalisation industrielle prometteuse, pour peu que s'affirment ses perspectives d'intégration économique en développant autour d'elle un réseau de sous-traitants en mesure de fabriquer des pièces et accessoires. Ce sont, assurément ? et ce n'est pas peu ? des emplois qui concernent déjà plus de trois centaines de familles de la région.C'est indéniablement un exemple de coopération entre l'Algérie et la France dont les volontés longuement réaffirmées de partenariat ont souvent eu du mal à se traduire en effets visibles pour le commun des mortels, au-delà des communiqués et des statistiques sur les échanges bilatéraux. Ce sont encore d'autres bienfaits que mes confrères de la nationale ou de l'économique ont exposés avec suffisamment de précision et de perspicacité. Mais, ce ne peut être, comme l'affirmait avec un enthousiasme généreux mais ravageur un spot radio de promotion, un «symbole de l'Algérie» !La tentation du jeu de mots (à laquelle je cède aussi pour le titre de cette chronique) a peut-être outrepassé l'intention du rédacteur. Une automobile, symbole de l'Algérie ' C'est un peu cavalier, non ' D'ailleurs, s'il fallait forcément choisir un symbole dans le registre des moyens de locomotion, ma préférence irait plutôt au cheval barbe qui fut celui de la cavalerie numide de Massinissa comme des escadrons de l'Emir Abdelkader, traversant au galop notre histoire si tumultueuse.Et s'il fallait choisir en dehors de cette catégorie, ce serait dans la vastitude de notre histoire et de notre patrimoine, qui regorge de personnages, de motifs, d'exemples, de sites, d'histoires et de légendes, que j'irai chercher l'allégorie. Mais, franchement, par quel miracle un châssis monté sur des roues et doté d'un habitacle et d'un moteur, fussent-ils les fleurons de l'intelligence industrielle contemporaine, pourrait représenter une nation toute entière ' Trop bezef, comme dirait le fils de mon voisin.Et, après tout, comme me le rappelait son père, jusqu'au milieu des années soixante-dix, on pouvait se rendre à Rouiba acheter une R4 et rentrer avec par la Moutonnière. Donc, s'il y a lieu de se féliciter chaleureusement de cette belle réalisation, il ne faut pas non plus lui donner plus d'envergure qu'elle n'en a réellement.Sinon, nous risquons d'atrophier nos ambitions. Et pour s'élever et s'accomplir, les ambitions ont besoin de symboles. Mais ? vous serez bien d'accord ? comme la plus belle des filles, la Symbol ne peut être que le symbole de ce qu'elle est. De grâce, pas celui de l'Algérie toute entière ! Par un effet paradoxal, la culture de la glorification, où fleurissent les exagérations, peut souvent mener à la dévalorisation de soi.




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