La découverte, ci-contre, d'une des plus belles associations de musique andalouse du pays est pleine d'enseignements sur le rôle de ces institutions artistiques citoyennes sans lesquelles nous aurions irrémédiablement perdu un pan précieux de notre patrimoine. Un petit point a attiré mon attention : l'association veille aux résultats scolaires des musiciens en herbe. Je me suis souvenu ainsi de ces entraîneurs de clubs des années 60' et 70' qui exigeaient que nous leur présentions nos bulletins trimestriels. En dessous de la moyenne, on était illico interdit d'entraînement et de match, sauf autorisation expresse des parents qui devaient se présenter au stade !On apprend en outre que les élèves de Dar El Gharnatia assurent des taux de réussite scolaires supérieurs à 90%. Et toc à tous ceux qui pensent que les arts conduisent à la dissipation et à la fainéantise ! Et puisqu'avant-hier c'était le 1er Mai, comment ne pas relever que l'on entretient, à quelque chose près, les mêmes distances entre le monde du travail et la culture qu'entre cette dernière et les études scolaires ' Là, m'est revenu le souvenir du chanteur Abdelmadjid Meskoud qui, dans une vie antérieure, fut le comptable d'Algérie-Actualités. Il faisait ses comptes en chantant, ajustant à sa mélodie le rythme de ses frappes sur la machine à calculer. Et il ne commettait que rarement des erreurs !Aujourd'hui, le monde des administrations et des entreprises semble complètement déconnecté des arts. Comment imaginer que l'Action culturelle des travailleurs, créée par Kateb Yacine avec la bénédiction et le soutien du ministère du Travail, tenu par un certain Mohamed Saïd Mazouzi ? quel grand homme ! ? ait réellement existé ' A l'université, un professeur d'économie nous avait relaté une expérience de productivité dans une usine soviétique du début du siècle dernier. On avait donné aux ouvriers d'un atelier une formation technique approfondie et, à ceux d'un autre atelier, des cours de culture générale. Devinez qui devinrent les plus performants ' Eh bien, la réponse est la même que pour les enfants de Dar El Gharnatia ! Et, de Koléa à Témouchent, faites donc le pas pour découvrir (page 13) ces enfants sourds qui ont formé un improbable et merveilleux orchestre. C'est Lamine Bechichi, auteur-compositeur et ancien ministre à ses heures, qui aime à raconter une version inversée de la fable de La cigale et la fourmi dans laquelle il loue, peut-être par solidarité corporatiste mais non sans raison, l'insecte-artiste. Pendant de longues années, un des dirigeants les plus en vue du secteur bancaire suisse fut un docteur en histoire de l'art. J'ai oublié son nom comme celui de l'instigateur de l'expérience russe. Mais, s'il est sûr que les artistes et les érudits ne peuvent pas tous devenir de bons travailleurs et gestionnaires, il est certain que des esprits-fourmis ne peuvent véritablement enfanter de la performance.
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Posté Le : 03/05/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ameziane Ferhani
Source : www.elwatan.com