Algérie

Fronton



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En ces temps moroses où le printemps est bafoué par les caprices du ciel et les outrages humains, les bonnes nouvelles ne sont pas de trop. Le récent classement au patrimoine culturel national de trois monuments (J.O. du 23 mars) en est une assurément.On y trouve le Mausolée royal de Syphax près de Aïn Témouchent (IIIe siècle av. J.C). C'était «moins une» pour cet édifice funéraire, objet d'agressions diverses et répétées, dont des fouilles anarchiques. Ceci devrait mettre à l'abri ce précieux témoin de l'histoire de la Numidie et du célèbre rival de Massinissa. Plus récent, le siège de l'Exécutif du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) à Boumerdès, anciennement Rocher Noir. C'est là, entre le 19 mars et le 3 juillet 1962, que l'Algérie indépendante a récupéré solennellement sa souveraineté. Il était donc important que l'incarnation matérielle de cette institution soit enfin reconnue et protégée.Enfin, une surprise : les Abattoirs d'Alger qui échappent ainsi aux appétits fonciers qui gargouillaient autour (24 000 m² en plein c?ur de la ville !). Le projet de construction de nouveaux abattoirs, en dehors d'Alger, avait laissé planer le doute sur le sort de ces installations du début du XXe siècle, à l'architecture particulièrement intéressante. Des rumeurs avançaient déjà leur destruction. Arts et Lettres avait alors attiré l'attention sur cette triste éventualité («On achève bien les Abattoirs», 02/11/10) et souligné les expériences mondiales de réhabilitation de ce type d'infrastructures en lieux culturels.En février 2012, l'APS s'était faite l'écho des propos de notre confrère Mustapha Benfodil et du peintre Karim Sergoua à propos des «bâtisses à l'abandon qui devraient être mises au service de l'art», dont les Abattoirs. En septembre 2013, ces messages ont été relayés sur Internet par des artistes algériens, qui lançaient, 700 signatures à l'appui, un appel aux autorités pour transformer cet ancien patrimoine manufacturier en lieu d'art et de culture. Comme quoi, il n'est jamais inutile d'écrire et de revendiquer?En attendant le transfert ? encore lointain, semble-t-il ? des Abattoirs vers Baba Ali, il faut envisager déjà, au travers d'un large débat, l'avenir de ce lieu situé dans une configuration urbaine culturellement dense : Bibliothèque nationale, Jardin d'Essai, Palais de la Culture, Riad El Feth, Musées des Beaux-arts, de l'Armée, du Moudjahid... y compris l'Hôtel des Monnaies qui pourrait donner lieu, un jour, à un grand musée de numismatique.Mais la tentation est grande, tant sont compréhensibles et pressants les besoins de «dépecer» le lieu en ateliers permanents d'artistes. Il est donc indispensable de penser un véritable projet culturel tenant compte à la fois des artistes, des publics et de la ville, de réfléchir à la gestion et à l'animation, etc. Bref, ne pas abattre le rêve par excès de précipitation, absence de rigueur et manque de consultation.




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