Sans doute pour des raisons de protocole, les écrivains ne font pas l'objet, à l'instar des chefs d'Etat malades, de bulletins de santé.Ils sont pourtant parfois plus connus que leurs présidents ou leurs rois. Mais il en est ainsi. La souveraineté l'emporte sur la notoriété, la politique sur la littérature. Aussi ignorons-nous comment se porte précisément Assia Djebar à propos de laquelle, depuis au moins deux ans, les microcosmes culturels de Paris, d'Alger et d'ailleurs bruissent de nouvelles inquiétantes. Lors du Salon international du livre d'Alger (SILA) de 2012, un hommage lui avait été rendu et, dans les allées, sa «maladie» se chuchotait comme une triste évidence. Certains de ses nombreux admirateurs tentaient de se convaincre qu'il ne s'agissait que d'une rumeur et qu'elle s'était retirée en quelque havre d'écriture.Tout porte à croire que ce n'est pas le cas. Elle n'a pas publié depuis sept ans. Cela dit, ce n'est pas par la prolifération qu'elle a construit sa réputation. Entre sa première publication, La Soif (1957) et la plus récente, Nulle part dans la maison de mon père (2007), un demi-siècle pile et 16 livres, soit un tous les trois ans et quelques. Un rythme honorable d'écriture qu'explique la qualité de l'ouvrage, un ciselage littéraire limpide, un sens élevé du rythme narratif, une flamboyance du verbe sertie de simplicité. De même, on a beau chercher sur le site de l'Académie française, aucune nouvelle récente. Idem pour celui de la New York University où elle enseigne depuis 2001 parmi les 22 Silvers Professors de l'institution.Mais où qu'elle soit et comment, sa grandeur est là (lire p. 18). Elle est l'écrivain algérien le plus honoré dans le monde et, au-delà de son élection à l'Académie française, elle est membre de l'Académie royale de Belgique et lauréate de prix prestigieux en Allemagne, en Italie, aux USA, etc. Pressentie plusieurs fois pour le Nobel, son ?uvre est traduite dans 23 langues, mais pas en arabe comme elle l'a toujours espéré. Elle est aussi ? et on l'oublie souvent ? un des cinéastes les mieux primés d'Algérie avec La Nouba des femmes du mont Chenoua, prix de la Critique internationale à la Biennale de Venise (1979) et La Zerda et les chants de l'oubli primé au Festival de Berlin (1983) comme Meilleur film historique. Hélas, ces succès lui valurent une ignominieuse campagne, en Algérie même et par de prétendus hommes de culture qui eurent raison de son retour au pays, en 1974, où elle était venue enseigner.En dehors de ses séjours discrets, en sa Cherchell natale surtout, depuis quand n'est-elle pas «venue» en Algérie, elle qui l'a sublimée dans toute son ?uvre, la portant par son talent et sa beauté si algérienne ' Aussi, où qu'elle soit et comment, nous voulions, en votre nom, lui transmettre nos v?ux les plus chaleureux et lui exprimer notre fierté de nous prévaloir de son ?uvre qui appartient aussi au monde comme une part universelle de notre pays.
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Posté Le : 11/01/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ameziane Ferhani
Source : www.elwatan.com