Algérie

Frontières, crise en Libye, conflit sahélo-sahélien



Frontières, crise en Libye, conflit sahélo-sahélien
Pendant que les partis politiques se perdent en conjectures absurdes, la diplomatie algérienne participe à la constitution d'un pôle géopolitique tendant à contrecarrer des visées hégémonistes dont les conséquences risquent de faire voler en éclats la sécurité des Etats de la région et leur cohésion sociale.Il semble que la stratégie de la mise à mort des différentes strates du régime politique telles que fabriquées depuis l'indépendance du pays et même dès le déclenchement de sa guerre de libération a été conçue minutieusement pour être exécutée étape par étape. C'est ce qui a pris forme dès l'intronisation de Bouteflika à la présidence de la République. Il a fixé un temps à tout. Tout au début, c'était le temps de la revanche sur les hommes dont tous, à quelques exceptions près, ont accepté de le servir sans rechigner, y compris ceux qui ne le portaient pas dans leur c?ur. Une tactique intelligente que celle de ramener à son niveau tous «les personnels» comme pour les tenir en laisse. L'opportunisme a été légion. Le président n'avait même pas besoin de convaincre qui que ce soit. On nous affirme que pour le financement de sa première campagne électorale, son staff lui avait établi une liste de plus d'une centaine de richissimes hommes d'affaires qui étaient prêts à donner de l'argent sans compter. Il y a eu même un d'entre eux, connu par les rouages de la révolution, qui a voulu prendre à sa charge toute sorte de dépenses pour la campagne électorale présidentielle. Bouteflika avait, nous dit-on, refusé catégoriquement, pour «ne pas se sentir redevable toute sa vie à une personne ou à un clan». Il avait alors réduit la longue liste qui lui a été présentée pour n'en retenir qu'à peine une vingtaine d'hommes d'affaires à qui il avait lui-même fixé le montant avec lequel ils devaient participer à sa campagne. Les faits sont têtus et l'homme l'est aussi.La stratégie des «étapes»Bouteflika continuera sa chevauchée de l'accaparement des pouvoirs à ce jour. Pour les trois campagnes électorales présidentielles qui ont suivi, ses «hommes » étaient très à l'aise. Ils recevaient de l'argent jusqu'à ne plus pouvoir le compter. Le premier pari de Bouteflika était gagné haut la main. Tous les serviteurs du pouvoir étaient conquis sans difficulté aucune, même ceux qui lui vouaient une haine viscérale. Deuxième étape de la stratégie du président, c'était de faire rentrer les militaires dans les casernes et de préparer la déstructuration des services de renseignements. C'est l'étape qui a pris le plus de temps en raison de son caractère sensible et de la difficulté à récupérer des parts importantes de pouvoir qui avaient miné et gangrené depuis très longtemps l'ensemble des institutions et de là, le pays tout entier.Entre-temps, le pays a connu l'émergence de tout ce qui semblait caché ou activait à l'ombre des institutions, qu'il en fasse partie ou non. Les compétences, les incompétences, les hommes purs, les mauvais, les méchants, les voleurs, les cadres crédibles, intègres, ceux qui ne le sont pas et faisaient semblant, enfin, tout ce qui donnait l'impression de faire marcher le pays vers le bon ou vers le mauvais. Aujourd'hui, l'on sait presque qui fait quoi. Les fortunes continuent d'être amassées mais au grand jour, les réseaux des trafiquants de drogue activent sans arrêt et sans même craindre d'être pris même si beaucoup de leurs opérations sont avortées par les forces de sécurité. Le pays a été retourné sur toutes ses facettes. Ce qui n'est pas forcément néfaste pour l'avenir. A condition, bien sûr, qu'il trouve les hommes et les femmes qui le construisent sur des bases saines et solides.Le temps des partis politiques 'Mais la décantation n'est pas terminée. Les partis politiques, qu'ils soient grands ou petits, pro- ou anti- pouvoir Bouteflika s'insultent comme du poisson pourri. Comme si l'étape actuelle devrait être consacrée à leur étêtement notamment pour ceux dont les chefs durent en tant que tels depuis des lustres. Si l'insulte est devenue le moyen le plus sûr pour faire de la politique «nationale», c'est qu'elle est permise en haut lieu. Des polémiques stériles, il y en a eu jusqu'à penser que certains chefs de partis ont sombré dans la débilité. Le temps des partis politiques ignorants, vaniteux et inconscients devra, en principe, être révolu dans peu de temps. Toutes les corporations civiles, militaires, professionnelles, toutes catégories confondues, publiques, privées, ont connu plus ou moins des changements qui les ont poussées à dégurgiter leurs «constituants» les plus retirés. C'est certainement la fin des bouffons du roi puisque les faiseurs de rois ont été délogés les premiers des cimes du pouvoir pour sortir de sa plus petite porte. La fin d'une époque est sans conteste, bien avancée. Elle l'est en tout cas par cette diabolisation programmée des personnels qui ont été pendant longtemps les instruments du pouvoir, ses devantures, ses adeptes, ses annexes, ses satellites et même ses contremaîtres. Bientôt, ne restera plus de responsable qui devra recevoir les pics d'un énergumène dont la mission principale est de déstabiliser des personnes ou des institutions pour que leur éviction devienne facile et sans danger.«Je suis militant du FLN depuis 1967»Abdelmalek Sellal doit se sentir bien seul dans ces moments de crise économique et financière sous-tendue par de fortes perturbations sécuritaires, d'autant lorsqu'il entend que ses jours sont comptés et que son remplaçant devra être issu de la majorité. Le FLN a dû oublier que le 1er ministre a assisté à son dernier congrès, en tant que militant. Sellal lui-même nous avait affirmé ce jour-là que « je suis militant du FLN depuis 1967.»Ce sont ces élucubrations de partis comme le FLN dont le SG pense renforcer ses positions en se payant la tête des gens et le RND dont le SG par intérim perd pied mais veut s'agripper aux flancs du premier, qui montrent le fort degré d'incrédulité et d'insolence du personnel politique en activité.La visite du ministre russe des Affaires étrangères à Alger est venue, si besoin est, démontrer le niveau d'élévation de la diplomatie algérienne par rapport à ce magma de conjectures absurdes. Sergueï Lavrov est venu pour parler avec Ramthane Lamamra des grandes questions qui bouleversent la région et le monde. Le chef de la diplomatie russe a évoqué précisément le conflit libyen et ses répercussions sur la sécurité des frontières algériennes. Un sujet que les partis politiques ne savent pas aborder par manque de maturité et de capacité de réflexion. La plupart en est restée à douter de la probabilité de «la main de l'étranger » et du « complot ». Pourtant, les desseins géostratégiques des Américains et leurs acolytes français, britanniques et italiens (pour ce qui est de la Libye notamment) pour émietter la région ne font plus de doute notamment à l'étranger où les laboratoires s'activent à en fabriquer les feuilles de route. Les politologues pensent que la Russie négocie la constitution d'un pôle qui soit capable de déjouer les stratégies de (re)partage de zones d'influence des puissants de ce monde.Quand l'Algérie se fixe un capDepuis que l'idéologie socialiste a cédé le pas à un libéralisme anarchique et sauvage dans les pays où l'URSS avait pied par les slogans, mais surtout par l'exclusivité des contrats d'armement, la Russie de Poutine veut recentrer ses intérêts dans le Maghreb et l'Afrique. Il s'avère que l'Algérie partage avec elle plus qu'avec d'autres des positions politiques dont la défense lui permettra de préserver ses territoires et de s'imposer comme leader de «l'exportation de la paix » comme le dit souvent Lamamra. Ce n'est pas pour rien que Lavrov en est à sa quatrième visite depuis sa nomination en 2005 en tant que MAE. L'Algérie compte bien s'adosser sur la Russie et l'Iran pour pouvoir défendre ses intérêts tout en gardant une position de force en Afrique. La Chine n'est pas à exclure de ce pôle qui ?uvre inlassablement à se constituer depuis que les tambours de la guerre battent la cadence des marines dans la région. Elle a déjà fait part de ses intentions en Afrique. Elle veut que l'Algérie lui serve de port(e) d'entrée pour conquérir économiquement le continent. L'Algérie compte bien profiter de ce rapprochement avec Moscou et Téhéran pour aussi renverser les équilibres inventés par les pays du Golfe pour faire chuter le pétrole aux niveaux qu'ils ont fixés. C'est dire que les intérêts nationaux peuvent converger avec ceux de Poutine ou de Rohani sans pour autant atteindre à la souveraineté du pays. Il faut croire que l'Algérie n'a ni le temps ni le choix de surseoir à sa décision de confirmer son rapprochement de ce nouveau « front de refus » que les politologues donnent en gestation. Entre les résurgences de l'accord Sykes-Picot, les relents colonialistes français, les visées hégémonistes américaines pour « pacifier » les territoires de Kaboul à Tanger, elle se doit de se fixer un cap, celui qui lui paraît le moins contraignant.




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