Un certain cafouillage règne, actuellement, sur le front social et
économique, ballotté entre remise en cause du système économique, réformes
qualifiées de boiteuses et décisions qui se font dans une totale opacité.
L'absence de visibilité donne lieu à un malaise qui semble gagner de plus
en plus toutes les strates de la société, outre les salariés qui attendent
impatiemment la revalorisation du SNMG, dont l'évolution se fait au ralenti et
en total déphasage avec le pouvoir d'achat et le taux d'inflation. Même le
patronat commence à voir le terrain glisser sous ses pieds et entrevoit
l'approche d'une période de vaches maigres, alors que le bas de laine est bien
rempli et le matelas financier plus que confortable. Il semble aujourd'hui
qu'en dépit de la loi de la pyramide qui différencie un salarié d'un patron,
ces deux défient cette loi pour se rejoindre sur le même palier. C'est ainsi
que le marasme continue à grignoter le terrain de l'optimisme.
Dans un communiqué, parvenu à
notre rédaction, le Conseil supérieur du patronat algérien (CSPA) par la voix
de son président Saïd Kahoul indique que «la situation économique de notre pays
se caractérise essentiellement ces derniers temps par deux objectifs majeurs de
nos gouvernants, à savoir comment réduire les dépenses commerciales liées à
l'importation et le retour progressif à un dirigisme économique digne des
années de plomb où les pénuries constituaient l'essentiel du quotidien de tous
les Algériens». En enchaînant que «de ces deux facteurs, le gouvernement nous
donne la preuve que nous sommes bien loin d'une relance économique et que ce
dernier loin encore de penser à un quelconque développement donne l'impression
d'être indécis quant à la démarche ou voie à suivre, puisque empêtré dans des
considérations d'ordre politique ou existentiel». Le document ajoute que «la
batterie de lois et décisions auxquelles nous assistons ces derniers mois ne
sont pas pour atténuer le malaise quasi grandissant des opérateurs économiques
qui attendent depuis des années un signe d'encouragement ou une mesure tendant
à booster l'investissement productif autre que celui des pizzerias et des
épiceries de quartiers».
Pour l'organisation patronale,
«elles répondent de manière habituelle et peu habile à une situation explosive
du front social en vue de réduire un tant soit peu une contestation liée à un
ras-le-bol n'épargnant aucune couche de la société». Constatant qu'«il est en
effet établi que la confiance de l'Algérien en l'administration s'estompe de
jour en jour, voire même en voie de disparition, faisant place à un
désintéressement prononcé à l'investissement ou à la participation à la vie
active, convaincu plus que jamais d'un avenir meilleur ailleurs qu'en son pays...
L'exemple des harraga, de la main-d'oeuvre chinoise, des jeunes cadres
rémunérés par l'Etat à la moitié du SMIG, auxquels s'ajoute une lenteur
administrative sournoise pour tout investissement porteur de richesse et
d'emplois nouveaux sont autant de facteurs déterminant à plus d'un titre».
L'absence de consultation est à l'origine de la confusion, selon le CSPA qui
fait remarquer que «les différentes démarches arrêtées unilatéralement par nos
gouvernants pour l'amélioration du climat d'investissement n'ont pu avoir
d'impact positif en raison de la complexité et l'ambiguïté des procédures,
aggravées par l'instabilité et l'application à contresens d'une réglementation
à deux vitesses qui dissuade l'investisseur à travers un parcours administratif
laborieux et éreintant».
Précisant que «le traitement de
ces problèmes est d'une importance capitale pour le futur immédiat et ne peut
trouver de solution qu'à travers une mobilisation accrue et combinée du
législatif et de l'exécutif avec le concours de la société civile et dans une
large mesure de la population». En se référant à «l'expérience des pays
développés montre que les systèmes économiques fondés sur le marché sont le
meilleur cadre possible pour créer l'emploi, susciter une activité économique
saine et améliorer les conditions de vie de la population. Néanmoins, les
marchés ne créent pas nécessairement les conditions voulues pour leur bon
fonctionnement». L'entité patronale propose pour générer des investissements
reposant sur la libre concurrence «le maintien du cap d'une politique
macro-économique appropriée, l'encouragement de l'investisseur et la
participation des pouvoirs publics pour garantir le droit et mettre un terme,
voire diminuer les effets néfastes dans la sphère économique sont évidemment
nécessaires». Et d'ajouter «l'investissement a ses propres règles. L'absence de
réglementation crée le chaos, trop de réglementation favorise la corruption et
la bureaucratie, il s'agit donc dans une juste mesure de mettre en place et en
urgence un système réglementaire transparent, prévisible et pérenne, faire en
sorte que le privé soit actif et indépendant, mettre à disposition les
assiettes foncières et les infrastructures établies capable de soutenir les
entreprises créatrices de richesse et surtout s'intéresser de très près aux
problèmes que vivent ces potentiels investisseurs dans les différents secteurs
d'activité».
A condition, indique-t-il, que
«le gouvernement contribue à créer un cadre convivial à l'investissement en
régulant et en mettant en oeuvre les réformes nécessaires, qui sont parfois
difficiles ou politiquement impopulaires mais vitales, hélas, pour l'avenir de
notre pays tout en réduisant progressivement le rôle de l'Etat dans
l'économie». Et ce, par «une réforme en profondeur de l'administration qui
s'impose donc, avant d'envisager toute autre réforme sectorielle. En allégeant
et assouplissant les procédures d'accès au foncier et développer des mécanismes
et outils de financement adaptés à son acquisition, en diminuer les cotisations
parafiscales de manière à encourager l'emploi. En mettant fin à la formule
ANSEJ, et accompagner les jeunes désirant créer des micro-entreprises
directement par un partenaire financier (banques) à des taux bonifiés. Sans
oublier qu'il faut mener une lutte contre la corruption en interpellant
certains responsables centraux et locaux sur les injonctions confirmées en
matière d'octroi de complaisance de terrains ou de marchés en direction de
pseudo investisseurs. Abolir la discrimination public/ privé. Arrêter l'hémorragie
des contrats politiques avec main-d'oeuvre étrangère. Et enfin cesser de
considérer l'Algérien comme incapable et faire confiance en son génie de
relever les défis lorsqu'il s'agit de cause nationale», conclut le communiqué.
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Posté Le : 10/11/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Moufida R
Source : www.lequotidien-oran.com