Algérie

Front national ou le miroir aux alouettes



Front national ou le miroir aux alouettes
Avec l'embellie électorale du Front national qui décroche des villes au premier tour des municipales, et en raflera d'autres au second, les médias vont beaucoup causer sur une poussée de fièvre caractérisée, cherchant des remèdes là où il n'y a que des causes bien établies. Explication.LyonDe notre correspondantToutes les zones où dimanche les listes d'extrême droite ont obtenu les plus forts scores, ont la particularité d'être les plus déshéritées du pays suite à la désindustrialisation de ces dernières années : c'est le cas à Forbach en Moselle, Béziers dans l'Hérault ? avec la victoire de Robert Ménard, ancien président de Reporters sans frontières ?, ou encore dans le Gard à Saint-Gilles, à Perpignan (Pyrénées-Orientales) à Valréas dans le Vaucluse, et même à Avignon, chef-lieu du département où le Front national arrive en tête, dans cette capitale mondiale estivale du théâtre. La liste est longue. Ne parlons pas de Marseille, ville de tous les possibles et de tous les dangers. Et bien sûr du Nord-Pas-de-Calais, région de la calamité post-industrielle, avec l'éclatante victoire à Hénin-Beaumont.C'est que dans l'arc méditerranéen, qui va de la frontière espagnole jusqu'à Nice, le chômage est dans le rouge vif, comme il l'est dans la région Nord ou en Alsace-Lorraine. Ailleurs, là où on est mieux loti, si le FN marque des points, c'est en raison de la peur qui gagne du terrain et de la dilution de la confiance politique envers les partis traditionnels. Un vrai miroir aux alouettes, comme le fut en 1991 en Algérie le Front islamique du salut, qui rafla la mise en guise de fausse médication heureuse.Nous sommes en pleine «dépression collective», estimait l'analyste politique Patrick Perrineau. Il y a quelques semaines, dans les colonnes du Monde, il dressait «le tableau extrêmement préoccupant d'une France qui s'enfonce de plus en plus dans l'angoisse et le pessimisme, mais aussi qui se fragmente». Le rédacteur ajoutant que «la morosité arrive en tête des sentiments qui caractérisent le mieux les Français».C'est là-dessus qu'a surfé le Front national. Détournant à son profit le label social et presque socialiste (national-socialisme '), le parti séduit, face à une classe politique, de droite comme de gauche, jugée ringarde. Le sentiment qui domine est que l'UMP (droite) et le PS (gauche, au pouvoir) sont plus préoccupés par leurs petites affaires plutôt que par celles des Français. Marine Le Pen a eu ces derniers temps les formules choc qui frappent : «Loin du marécage UMPS des affaires, garder le cap des vrais problèmes des Français !» Selon des études les plus pointues, ces problèmes sont l'absence de perspectives d'emploi, les impôts et les taxes qui pèsent lourdement sur les ménages, le pouvoir d'achat en berne, l'avenir des retraites de plus en plus aléatoire, les inégalités sociales vivement ressenties.A cela s'ajoutent bien sûr les questions relatives à l'immigration et quand il s'agit des musulmans, l'intégrisme religieux. Dans ce contexte, 47% de sondés estiment que le FN est un parti utile, et dans l'échantillon de droite, 67% vont jusqu'à estimer qu'il «incarne une alternative politique crédible au niveau national», parce qu'il propose des «solutions réalistes» et qu'il est proche des préoccupations. De là à lui accorder son vote, il n'y a qu'un pas. Inutile d'épiloguer sur le sentiment anti-immigration, alors que les études d'opinion relèvent que 66% des Français pensent qu'il y a trop d'étrangers et que se développe l'idée qu'«on ne se sent plus chez soi comme avant». La suite de ce mauvais film dimanche prochain pour le second tour.




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