Les marchés et les boutiques sont pris d'assaut par toutes les catégories sociales. Il ne s'agit pas de faire des provisions de peur de lendemains incertains, comme à Damas en Syrie, mais de cette frénésie acheteuse qui se saisit de tous les Algériens à la veille et pendant le mois de Ramadhan. Ils seront pourtant nombreux à expliquer que le pouvoir d'achat de nos compatriotes est faible. Pour un faible pourcentage de la population joindre les deux bouts doit être bien difficile. Mais à la vue de l'excitation des uns et des autres face au moindre fruit ou légume et à l'agilité qu'ils possèdent pour dégainer des centaines et des milliers de dinars, la question du pouvoir d'achat doit être posée différemment.Les Algériens ne semblent pas se priver de quoique ce soit en raison des faibles coûts de certains postes qui entrent dans le budget familial. Les montants des loyers LSP et Opgi sont faibles, les factures d'électricité et d'eau ne reflètent pas la réalité des coûts de production, etc'Cet assistanat des riches et des pauvres Algériens n'encourage pas à l'effort et au travail. Avec de grandes différences de niveau de revenus, les Algériens bénéficient pratiquement des mêmes privilèges les uns et les autres. Le patronat algérien, composé dans sa majorité par des commerçants et des importateurs de produits finis, découvre que l'Algérie est un bazar et que ses habitants sont pour la plupart commerçants. Les consommateurs algériens achètent sans négocier les prix mais demandent l'intervention de l'Etat.Tous les intervenants de la sphère économique souhaitent l'intervention forte de l'Etat mais rejettent le socialisme comme mode de production et de partage des richesses. Tout le monde veut que l'économie de marché soit la règle mais à condition que l'Etat évite la faillite aux entreprises et que les investisseurs puissent devenir milliardaires en un temps record. La satisfaction de l'appât du gain et de la soif de consommer serait, selon nos compatriotes, le devoir de l'Etat. Même les fonctionnaires pensent qu'ils doivent bénéficier de salaires de rentiers. Même les politiques et les syndicalistes se mettent en phase avec ces incohérences dogmatiques et idéologiques. «Chacun mange sa part de pétrole et on verra pour plus tard», semble être la pensée dominante chez l'Algérien.Les appels au boycott de la viande ou d'autres denrées ne seront réels que le jour où 3 kilogrammes de viande ovine ne représenteront pas un trimestre de location d'un logement de trois pièces chez les organismes publiques. Le jour où les prix du marché seront appliqués pour tous les produits, biens et services, ce jour là, la frénésie mercantile laissera place à une autre réflexion et à d'autres comportements.
A. E.
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Posté Le : 20/07/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amine Echikr
Source : www.latribune-online.com