Algérie

François Gouyette à c'ur ouvert...



Dans une rencontre donnée mardi à Alger, l'ambassadeur de France, M. François Gouyette, est revenu devant une assistance composée majoritairement d'éditeurs, de cinéastes et d'auteurs sur sa relation avec l'Algérie et son attachement à la culture, ainsi que sur l'introduction de la langue arabe à l'IFA.Loin des questions politiques et économiques qui lient les deux pays, pour sa première sortie l'ambassadeur de France en Algérie, M. François Gouyette, fraîchement installé, a animé une rencontre "informelle" avec le monde artistique et culturel. Donnée mardi à l'Institut français d'Alger (IFA), le conférencier, maîtrisant la langue arabe à la perfection, est revenu sur sa relation personnelle avec l'Algérie, son attachement à la culture en général et à la musique en particulier, ainsi que sur les projets futurs des antennes de l'institut français.
Devant une assistance composée majoritairement d'éditeurs, d'auteurs, de cinéastes et de musiciens, M. François Gouyette a raconté que son intérêt pour la langue arabe (il maîtrise le classique et la daridja) lui a été transmis par son père, qui a longtemps vécu en Algérie. "Mon grand-père était cadre d'une banque à Paris. Il a été engagé par le département de Constantine pour diriger des agences. Il a fait le tour de plusieurs villes ; Bougie, Alger, Constantine...", a-t-il confié. Et de poursuivre : "Ils sont retournés en France au début des années 1950, juste avant la guerre de l'indépendance.
Mon père a toujours été marqué par son enfance en Kabylie. D'ailleurs, il parle assez bien le kabyle." Au sujet de sa nomination au poste d'ambassadeur de France à Alger, il a indiqué que c'est un "couronnement". Car, dans la carrière des postes diplomatiques pour la France, "l'Algérie est de première importance. Pour moi, c'est une boucle qui se boucle, car ce sera le dernier poste de ma carrière", a signalé l'ambassadeur. Et d'ajouter : "Ici, je n'ai pas commencé ma carrière, mais la fréquentation du monde arabe et de la culture arabo-musulmane." En effet, M. Gouyette, durant les années 1970, passait ses vacances d'été à Alger, plus précisément à El-Biar où "l'influence linguistique et culturelle de la France était encore très forte".
Dans son intervention, il s'est remémoré cette période, durant laquelle il "se sentait tout à fait à l'aise dans un milieu algérien. Je ne me sentais pas étranger". Ces voyages au pays lui ont permis de s'intéresser notamment au patrimoine culturel et à la musique. "Mélomane, je suis venu à la musique arabo-andalouse et aux différentes musiques d'Algérie progressivement."
À ce propos, il a informé être venu à la musique grâce à un ami de Tlemcen, qui l'a initié à l'andalouse. "J'ai acheté tous les 33-tours des festivals de musique andalouse d'Alger de 1966, 1969 et 1972." Concernant les artistes et les écrivains qu'il apprécie, le conférencier a cité des auteurs de la jeune génération qui l'a "impressionné" par la qualité de son écriture et son "originalité", à l'instar de Kaouther Adimi avec Nos Richesses. Très porté sur l'univers culturel et artistique, il a raconté avoir été, entre autres, marqué par le cinéma à son âge d'or, notamment par le film Omar Guetlato de Merzak Allouache : "Un film non représentatif de ce qu'on faisait à ce moment-là en Algérie."
Inclure la langue arabe dans les instituts français en Algérie
Interrogé par le journaliste Fayçal Métaoui, modérateur de la rencontre, sur la coopération culturelle, M. Gouyette a souligné qu'il y a des priorités : la coopération éducative, la coopération en matière d'enseignement supérieur et en matière de formation professionnelle. "Nous avons un budget important, le plus important au monde. Nous sommes en appui à tous les systèmes d'enseignement et éducatifs. Nous avons aussi le système de bourse dont bénéficient les Algériens." La deuxième priorité touche la francophonie.
Quant à la troisième, elle concerne le secteur culturel : édition, musique, création artistique... "Je souhaite que l'échange à l'institut français soit davantage au pays d'accueil, à sa culture. Je pense à des conférences en arabe ; qu'il y ait des conférenciers français arabophones qui peuvent venir à l'IFA", a-t-il proposé. Et de renchérir : "Il y a un public arabophone qui ne maîtrise pas tous les codes de la langue française et qui ne peut pas se sentir exclus des activités que nous organisons." Tout en insistant sur le fait que "les instituts doivent s'ouvrir plus à la culture algérienne, il faut que ce soit plus interactif et tenir compte du public arabophone".
À ce sujet, il "pense" à inviter des personnalités qui puissent tenir une conférence en arabe comme Alain Gresh, Gilles Kepel... Pour la programmation, il sera question, notamment, de traduction d'ouvrages (arabe-français), "valoriser" la scène locale entre musique, expositions, rencontres, cinéma...

Hana Menasria


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