Algérie

FRANCE Une élection présidentielle incertaine



La France s'apprête à voter dans l'incertitude. La campagne électoralepour le premier tour de la présidentielle a pris officiellement fin hier.Depuis ce matin, les 12 candidats ne sont plus autorisés à s'exprimer enpublic. Aucun sondage ne sera publié avant dimanche soir à 20 heures, l'heure àlaquelle les premières estimations de vote seront annoncées en direct surtoutes les chaînes de télévision du pays et à la radio. Le temps ensoleilléannoncé pour ce week-end fait craindre un fort taux d'abstention. Cetteperspective risque de pénaliser fortement les principaux candidats. La campagne électorale a étémarquée par l'incertitude sur les résultats et l'absence de débats sur lessujets de fond. En effet, selon les instituts de sondage, la candidate socialisteSégolène Royal n'est pas assurée de figurer au second tour. Elle serait menacéepar le centriste François Bayrou. Ce dernier a réussi à séduire de nombreuxFrançais, notamment dans les classes moyennes et parmi les déçus du Partisocialiste, en axant sa campagne électorale sur sa capacité à rassembler dansun gouvernement d'union nationale à la fois des compétences de gauche et dedroite. François Bayrou risque aussi de bénéficier du « vote utile ». De quois'agit-il ? Selon les sondages, il serait le seul à pouvoir battre NicolasSarkozy au second tour. Du coup, de nombreux Français qui votenttraditionnellement à gauche estimeraient qu'il serait plus logique de voterpour lui dès le premier tour pour permettre sa qualification et s'assurer ainsid'une défaite de Nicolas Sarkozy. Dans un pays habitué à unealternance régulière gauche-droite depuis 1981, la perspective d'une absence dela gauche au second tour aurait été difficilement envisageable sans leprécédent de 2002 quand le candidat socialiste avait été battu à la surprisegénérale par celui d'extrême droite. Dans ce contexte, les socialistes ont toutau long de la campagne appelé les Français à voter « utile » en faveur de leurcandidate. Ils veulent ainsi éviter un éparpillement des voix de la gaucheentre les différents candidats issus de cette mouvance: communistes, extrêmegauche et écologistes. Le candidat de la droite, Nicolas Sarkozy, à l'issued'une campagne musclée centrée sur les thèmes porteurs de l'immigration et dela sécurité, semble assuré de figurer au second tour. Mais, ces derniers jours,il s'est montré nettement plus prudent sur ses chances qu'au début de lacampagne.  Cette incertitude sur le sort desprincipaux candidats a donné lieu à une campagne électorale terne, sans vraisdébats de fond. Proaméricain, Nicolas Sarkozy a soigneusement évité de seprononcer sur les dossiers internationaux, sans doute de peur d'être accusé devouloir s'aligner sur la politique de George Bush. Une perspective quidéplairait fortement à de nombreux Français. Pour éviter de froisser à la foisles électeurs d'origine arabe et ceux issus de la communauté juive, tous lescandidats ont presque ignoré le conflit au Proche-Orient, se contentant devagues engagements en faveur de la paix.  Même l'initiative de paix lancéedepuis l'Arabie Saoudite par la Ligue arabe n'a pas été commentée. Seul lenucléaire iranien, sujet consensuel dans le pays, a donné lieu à une surenchèreentre les candidats. Les relations avec les pays du Maghreb n'ont pas bénéficiéd'un meilleur traitement. Elles ont été totalement ignorées par les candidats.Il est vrai que, depuis quelques années, la France n'est plus vraiment unegrande puissance capable de faire entendre sa voix sur la scène internationale.Les candidats à la présidentielle de dimanche prochain semblent l'avoircompris.


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