Algérie

France : un attentisme mesuré


Après l'officialisation, mardi soir, de la présentation de sa démission au Conseil constitutionnel, il y a eu peu de réactions politiques tonitruantes avant-hier en France. Celle qui était la plus attendue était celle du gouvernement français qui, en termes convenus, a salué le départ de Abdelaziz Bouteflika.En un communiqué extrêmement pesé : «Nous sommes confiants dans la capacité de tous les Algériens à poursuivre cette transition démocratique dans ce même esprit de calme et de responsabilité». Gérard Larcher, président du Sénat (républicains), Chambre haute du Parlement, était l'invité avant-hier matin de CNews.
Il a répété ce qu'il dit depuis le début du mouvement de protestation en Algérie, ne concédant même pas que le président Bouteflika n'était pas au mieux de sa forme ces dernières années : «Le président Bouteflika, je l'ai rencontré il y a quatre ans lors d'un déplacement, il était déjà malade et nous avons pu, j'allais dire, dialoguer réellement.» Il a cependant expliqué que «l'Algérie n'est pas un pays comme les autres pour la France (?). Une clé de voûte pour l'Afrique du Nord, pour l'Afrique subsaharienne», rappelant que selon lui, l'ex-président «est un homme du retour à la paix civile, sans doute l'homme de la réconciliation sans avoir toute la vérité, ne l'oublions pas».
Quant à l'hypothèse de Bensalah, président du Conseil de la nation, soit le président intérimaire, Gérard Larcher le décrit comme «un homme calme, qui a grandi dans le système algérien, un homme de conciliation, d'écoute qui a de bonnes relations avec la France». «Certains disent qu'il ne faut pas sous-estimer le danger islamiste. Je crois que la force des institutions aussi imparfaites soient-elles, c'est de créer les conditions d'une transition. Avant de porter des jugements, nous devons respecter les institutions algériennes et l'accompagner chaque fois que l'Algérie le souhaitera.»
Avec enfin un coup de chapeau à l'ANP : «L'Armée nationale populaire, qui est une armée de conscription, a joué un rôle de stabilisateur et de sérénité». Sur BFM-RMC, Nadine Morano, députée européenne (républicains), a estimé qu'«on savait que Bouteflika ne pouvait plus rester au pouvoir. Ce n'était plus possible mais toujours est-il par qui sera-t-il remplacé '» Elle a ajouté : «Ce que je crains, c'est politiquement ne pas laisser un avenir se construire avec l'armée.
Le risque aussi est de voir peut-être s'infiltrer les islamistes.» Prenant acte de la révolution tranquille, elle a espéré que «cela continuera du fait de notre histoire commune et que ce sont nos voisins. Nous devons avoir un ?il attentif.
Laissons d'abord l'avenir se dessiner au regard de la construction d'un vrai débat démocratique. On ne peut voir des gens qui se maintiennent au pouvoir comme dans certains pays d'Afrique.»
A gauche, Benoît Hamon, ancien candidat à la présidence de la République, a twitté : «La démission d'Abdelaziz Bouteflika est une nouvelle et grande victoire pacifique du peuple algérien. Par sa force et sa maturité, la société algérienne impressionne.»