L'accumulation
quasi quotidienne des révélations sur les « affaires » et les errements de la
politique sarkozienne commence à créer un trouble profond en France.
Indignation,
amusement, consternation : c'est les trois réactions successives ressenties
tout au long cet été de l'interminable fuilleton sur les « affaires »
concernant l'actuel gouvernement français.
Chaque jour apporte son lot de révélations
sur les très curieuses pratiques de l'exécutif sarkozien.
Les clameurs de plus en plus indignées d'une
partie de l'opinion publique font écho, fait inaccoutumé, aux protestations
d'institutions plus vénérables telles que l'ONU, la Commission européenne ou la
Papauté.
Le malaise survient principalement de deux
affaires.
La première nait des relations coupables
entre Liliane Bettencourt, vieille milliardaire fatiguée du bulbe et Eric
Woerth, ancien trésorier de l'UMP, ancien ministre du budget et toujours
ministre du Travail, en charge de faire passer actuellement au Parlement, une
très contestée réforme des retraites qui poussent régulièrement dans la rue des
millions de salariés mécontents.
La seconde est à l'initiative de Président de
la République lui-même qui dans un discours estival surprenant tenu à Grenoble,
s'en ait pris vivement d'un côté à l'ethnie des Roms (romanichels, tziganes,
romani, bohémiens…), de l'autre, à tous les citoyens français fraîchement
naturalisés.
Avec en arrière-fond, ce vieux fantasme de
l'extrême droite : « les étrangers sont dangereux ».
Indignation,
d'abord
A l'occasion
d'une plainte déposée par une fille sur le comportement étrange de sa vieille
maman un peu piquée, qui distribue les chèques comme des poignées de bonbons,
on débouche sur un scandale majeur de la Vème République. Parce que la famille
en question, c'est les Bettencourt, une des plus grosses fortunes de France et
qui possède le groupe international, L'Oréal. A l'occasion de l'enquête, on
découvre avec stupeur qu'en toute illégalité, des hommes et des partis
politiques de l'actuelle majorité ont bénéficié des largesses de la vielle
dame, et que des instances gouvernementales (procureur général en avant) ont
entravé le travail de la juge chargée du dossier. On apprend également que le
ministre du budget de l'époque, Eric Woerth, chargé de la fiscalité « sensible
» des grandes fortunes françaises, pourtant protégées par l'absurde « bouclier
fiscal » sarkozien, était dans le même temps le trésorier de l'UMP qui venait
solliciter les mêmes grandes fortune pour verser leur obole au parti
présidentiel !
Le tout assorti
de récompenses «morales» et divers passe-droits, légions d'honneur et autres
bimbeloteries… Toujours dans le registre de l'indignation, de nombreux
républicains de droite comme de gauche ont été choqués par les propos de
l'incontrôlable Nicolas à Grenoble.
Le président de
la République française, dépositaire de la Constitution et garant de l'égalité
des citoyens devant la Loi, s'est laissé aller une double faute grave :
- il a stigmatisé
publiquement une communauté ethnique comme responsable de l'insécurité.
Les romanichels
constituent une population de 450 000 citoyens français auxquels il faut
ajouter quelques dizaines de milliers d'immigrants européens venant des pays de
l'Est.
Qu'un
gouvernement dénonce une population ciblée comme dangereuse, n'a pas hélas de
précédent depuis la période pétainiste.
- Le même
président a établit une distinction, totalement inconstitutionnelle entre les
Français de fraîche souche et les autres, en menaçant les 1ers de déchéance de
leur naturalisation ; ce qui est contraire à nos lois, et à certains accords
internationaux comme européens.
Ricanements
énervés, ensuite
Les révélations
quasi-quotidiennes des médias, très excités sur les affaires, ont par leur
accumulation, prêtés à sourire, parfois d'une « joie mauvaise », devant les
errements d'un gouvernement ou certains ministres se sont comportés comme de
purs guignolos.
Eric Woerth, multipliant les demis et les
vrais mensonges, les démentis laborieux malgré des documents écrits publiés par
la presse, n'a plus qu'une seule ligne de défense aussi simple qu'imparable : «
je suis un honnête homme parce que je suis un honnête homme »…
Quelques
ministres, tendance « sarkozysme excité », tels Brice Hortefeux, ministre de
l'intérieur ou Eric Besson, transfuge de la gauche et ministre de
l'immigration, ont rivalisé tout l'été, jusqu'à la caricature, dans les
déclarations sécuritaires outrancières. Pris la main dans le sac dans des
mensonges avérés dans des déclarations faites à la Commission européenne, le
même Besson fait marche arrière et explique que ses services ne l'avait pas
tenu au courant de certaines circulaires d'application des camps de Roms,
totalement contraires au droit français et européens. A l'accusation
d'illégitimité de ses actions, notre bon Besson préfère arguer de son
incompétence… C'est le même argument que celui avancé par l'Elysée qui dément
mollement d'avoir commandité aux services secrets français, une enquête et des
écoutes encore là, illégales de journalistes du quotidien Le Monde, qui
suivaient l'affaire Woerth.
Bref, tout est
devenu « erreurs » de la machine administrative, mauvaise application de la
juste pensée présidentielle. Bien sûr, le Président n'était pas au courant, le
1er Ministre non plus, les ministres ne sont pas informés des actions de leurs
plus proches collaborateurs. Ces derniers, par ailleurs, souffrent tous d'une
crise amnésique généralisée… Tous innocents, tous irresponsables. Bien
évidemment, on trouvera bien au bout de la ligne hiérarchique quelques clampins
qui paieront pour les autres.
Consternation,
enfin
Vient enfin, à
cette rentrée, le moment d'une certaine consternation. Côté Woerth, les
journalistes d'investigation commencent à s'interroger sur la très curieuse
privatisation du PMU et de l'industrie des jeux.
La condamnation de la politique menée contre
les Roms par le Pape qui se mêle très rarement des problèmes séculiers, a
fortement ébranlé l'électorat catholique et même les autres citoyens pourtant
nourris d'une forte tradition laïque, voire anticléricale. Après l'ONU, c'est
la Commission européenne qui s'y met et qui par la bouche d'un commissaire
chargée de la justice, rappelle que « les discriminations ethniques ou raciales
n'avaient pas leur place en Europe » et accuse de «duplicité» le gouvernement
français.
Certes, Mme Viviane Reding, qui avait gagné
le doux surnom de « raide-dingue » quand elle était commissaire à la
Concurrence, est bien connue pour ses propos à l'emporte-pièce. Mais dans le
cas, elle s'exprimait au nom de l'ensemble de la Commission.
Une majorité de mes concitoyens adorent dire
du mal de leur propre pays, mais ils détestent que le reste de la planète les
critiquent. Surtout quand c'est à juste raison. D'où une humiliation
perceptible.
Beaucoup de mes concitoyens sont las de
l'agitation brouillonne d'un Président qui multiplient les déclarations
outrancières et populistes pour masquer ses échecs en matière de sécurité comme
sur le plan économique et social. Et sans pour autant réussir à reprendre la
main sur l'échiquier politique. Remaniement ministeriel en octobre ou pas.
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Posté Le : 23/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Pierre Morville
Source : www.lequotidien-oran.com