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France : Nouvelle journée de manifestations des "gilets jaunes"



Les "gilets jaunes" étaient de retour dans la rue samedi pour une douzième journée de manifestations dans toute la France, marquée notamment par un défilé à Paris contre les violences policières, ont rapporté des médias.
Une "grande marche des blessés" est prévue dans la capitale française, deux mois et demi après le début de ce mouvement inédit contre la politique sociale et fiscale du gouvernement. Les manifestants entendent notamment protester contre l'usage par les forces de l'ordre des lanceurs de balle de défense (LBD), mis en cause dans plusieurs graves blessures, selon ces médias.
Peu avant midi, quelques centaines de "gilets jaunes" étaient rassemblés dans l'est de Paris derrière une banderole réclamant l'"interdiction des grenades et des LBD". Dans la foule, quelques manifestants portaient un faux bandage à l'oeil en solidarité avec les blessés.
Selon le collectif militant "Désarmons-les", 20 personnes ont été gravement blessées à l'oeil la plupart éborgnées depuis le 17 novembre, date du début du mouvement de protestation. La police des polices a été saisie de 116 enquêtes selon une source policière, portant pour dix d'entre elles sur de graves blessures aux yeux.
Saisi en urgence, le Conseil d'Etat - la plus haute juridiction administrative française - a toutefois estimé vendredi que le risque de violences dans les manifestations rendait "nécessaire de permettre aux forces de l'ordre de recourir" aux LBD, une décision jugée "incompréhensible" par des "gilets jaunes".

Les "gilets jaunes" rendent hommage à leurs blessés
Les "gilets jaunes", mouvement populaire né du ras-le-bol fiscal et de la dégradation du pouvoir d'achat en France, ont rendu hommage samedi, à travers son douzième samedi de mobilisation dans plusieurs villes, à leurs blessés victimes de "violences policières".
Selon un recensement du journaliste indépendant David Dufresne sur les violences policières, qui a dressé une typologie des blessures publiée sur son compte Twitter, il y aurait eu 168 blessés à la tête, 11 blessés à la main, 9 blessés au dos, 41 blessés aux membres inférieurs, 3 blessés aux parties génitales, 56 autres non encore renseignés et 58 intimidations, insultes et entraves à la liberté de la presse.
Parmi ces blessés, il y a eu 1 décès, 17 éborgnés et 4 manifestants dont les mains ont été arrachées.
Les chiffres du ministère de l'Intérieur du 31 janvier 2019 font état de 1.900 blessés, 7.000 interpellations, dont 2.415 à Paris, 1.000 condamnations. Il y a eu également 243 signalements déposés à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) qui a déclenché 116 enquêtes.
Les mêmes chiffres évoquent 9.228 tirs de lanceurs de balles de défense (LBD) et 1.200 blessés parmi les forces de l'ordre.
Vendredi, le Conseil d'Etat, saisi par des demandes tendant à ce qu'il ne soit plus fait usage de lanceurs de balle de défense (LBD) lors des manifestations de "gilets jaunes", a estimé que l'usage du LBD de 40 mm "ne peut être regardé, en l'état, comme de nature à caractériser une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester et au droit de ne pas être soumis à des traitements inhumains ou dégradants".
Hormis la capitale, qui draine chaque samedi une foule nombreuse de "gilets jaunes" où un décompte du cabinet Occurrence pour les médias a recensé 13.500 manifestants, c'est Valence (sud-est de la France) qui a volé la vedette où on a annoncé très tôt la mobilisation de quelques 10.000 manifestants.
Les accès à la ville sont contrôlés et le centre est interdit par les forces de sécurité, sauf aux habitants et aux commerçants sur présentation d'une carte d'identité et d'un justificatif de domicile ou d'activité.
Selon France Bleu Drôme Ardèche, Valence a pris en fin de matinée des allures de ville morte, mais on signale des tensions en début d'après-midi où, d'après des sources policières, 18 personnes ont été interpellées près de 80 "armes" saisies.
A Paris, le défilé qui s'est ébranlé de la place Félix Eboué (Daumesnil 12earrondissement) a atteint la place de la République où on signale déjà les premières tensions entre les manifestants et les forces de sécurité.
Dix personnes ont été interpellées et la police lance des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, alors que la manifestation s'est déroulée depuis le début dans le calme.
Plusieurs villes ont connu la même mobilisation en attendant la grève générale, appelée par le syndicat la CGT, pour mardi prochain.
La France, rappelle-t-on, connaît depuis novembre une crise sociale dont les manifestations sont menées par le mouvement des "gilets jaunes", apartisan et asyndical, qui a pris naissance à travers les réseaux sociaux.
Plusieurs autres mouvements sociaux se sont greffés à cette colère dont celles des retraités qui ont manifesté jeudi pour la reconquête de leur pouvoir d'achat.
En marge de la mobilisation de ce samedi des "gilets jaunes", une autre mobilisation des "stylos rouges", celle des enseignants et des professeurs du secteur de l'éducation, a été organisée à travers nombre de villes françaises qui s'offusquent de leurs conditions de travail, du manque de reconnaissance et des dernières réformes, dont notamment celle liée au lycée professionnel.
En organisant le "grand débat national", le président Emmanuel Macron et son gouvernement n'arrivent pas, pour le moment, à apporter des solutions à cette crise malgré les mesures sociales annoncées en fin d'année.

Les "gilets jaunes" décidés à ne plus "se laisser faire"
Les "gilets jaunes" en France ont indiqué dans un appel rendu public lundi qu'ils "ne se laisseront plus faire", se disant "révoltés contre la vie chère, la précarité et la misère".
Réunis samedi et dimanche en "assemblée des assemblées" dans la région de la Meuse, ils s'identifient comme des "gilets jaunes" des ronds-points, des parkings, des places, des assemblées et des manifestations.
"Depuis le 17 novembre, du plus petit village, du monde rural à la plus grande ville, nous nous sommes soulevés contre cette société profondément violente, injuste et insupportable", ont-ils mentionné affirmant qu'ils "ne se laisseront plus faire".
"Nous nous révoltons contre la vie chère, la précarité et la misère. Nous voulons, pour nos proches, nos familles et nos enfants, vivre dans la dignité", ont-ils ajouté, appelant les Français à "partager la richesse et pas la misère".
Dont leur appel, qui sera proposé aux assemblées locales, les "gilets jaunes" exigent l'augmentation "immédiate" des salaires, des "minimas" sociaux, des allocations et des pensions, ainsi que le droit "inconditionnel" au logement et à la santé, à l'éducation et l'accès à des services publics "gratuits et pour tous".
"C'est pour tous ces droits que nous occupons quotidiennement des ronds-points, que nous organisons des actions, des manifestations et que nous débattons partout. Avec nos gilets jaunes, nous reprenons la parole, nous qui ne l'avons jamais obtenu", ont-ils expliqué, rejetant la réponse du gouvernement déclinée dans "la répression et le mépris ".
Regrettant la mort de manifestants (onze depuis le début du mouvement) et des milliers de blessés, les gilets jaunes ont dénoncé l'utilisation "massive" d'armes par tirs tendus qui "mutilent, éborgnent, blessent et traumatisent", indiquant que plus de 1000 personnes ont été "arbitrairement condamnées et emprisonnées".
A partir du Caire où il entame lundi une visite en Egypte, le président Emmanuel Macron a "déploré" que "11 personnes aient perdu la vie", soulignant qu'aucune n'avait "été victime des forces de l'ordre".
Par ailleurs, les "gilets jaunes" ont estimé que le "grand débat national", lancé par le chef de l'Etat, est en fait "une campagne de communication du gouvernement, qui instrumentalise nos volontés de débattre et décider".
Ils appellent à "poursuivre les actes (acte 12 contre les violences policières devant les commissariats, actes 13, 14...), à continuer les occupations des ronds-points et le blocage de l'économie, à construire une grève massive et reconductible à partir de mardi (5 février).
Initiée par la Confédération générale du travail (CGT), la grève, soutenue par les "gilets jaunes", est une "urgence sociale", dont les revendications concernent la hausse des salaires et des minimas sociaux, et une réforme de la fiscalité.
L'autre syndicat, considéré comme le numéro 1, la Confédération française démocratique du travail (CFDT) a déclaré ne pas répondre à l'appel de la CGT.
Son secrétaire général, Laurent Berger a affirmé que le ralliement à cette grève de certains "gilets jaunes" pose problème. "Je crois que certains gilets jaunes qui les rejoignent, dont les plus radicaux au niveau politique, ce n'est pas un très bon signe" a-t-il fait savoir.
Pour sa part, le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui a affirmé que la France vit "un moment d'histoire", a considéré que la grève de mardi prochain "ouvrirait une nouvelle phase de l'insurrection citoyenne qui dure depuis onze semaines", tandis que le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) a annoncé qu'il se joindra à cette grève.

La diplomatie française en difficulté
La diplomatie française est de plus en plus mise en difficulté par la crise des "gilets jaunes" où l'on ne se gêne pas d'évoquer, à l'étranger, la colère des Français qui dure depuis le 17 novembre dernier.
Lundi, au cours de la conférence de presse conjointe au Caire avec son homologue égyptien, le président français Emmanuel Macron a été obligé de défendre les forces de sécurité qui interviennent dans les manifestations des "gilets jaunes".
Au moment où des journalistes français interpellaient le président Abdel Fatah al-Sissi sur la question des droits de l'Homme en Egypte, un de leurs confrères du pays des Pharaons a demandé des réponses au président français sur les violences policières.
Selon le mouvement des "gilets jaunes", né du ras-le-bol fiscal et du déclin du pouvoir d'achat des Français, des milliers de manifestants ont été blessés par des tirs tendus de la police qui "mutilent, éborgnent, blessent et traumatisent".
La crise sociale que traverse la France a même été invité à l'Onu où, lors des discussions sur la crise vénézuélienne, des diplomates ont évoqué samedi la gestion par la France de la contestation des "gilets jaunes".
"Et si on parlait des gilets jaunes au Conseil de sécurité '", a suggéré samedi l'ambassadeur russe à l'ONU Vassily Nebenzia à son homologue allemand Christoph Heusgen, pour qui, discuter du Venezuela relève de la "diplomatie préventive".
Pour sa part, plus tard, le chef de la diplomatie vénézuélienne, Jorge Arreaza, s'est insurgé en déclarant : "De quel droit la France et d'autres posent un ultimatum de 8 jours" pour convoquer des élections au Venezuela, suggérant au président Macron de "se pencher sur les gilets jaunes au lieu de parler du Venezuela".
"Mêlez-vous de vos affaires !", a-t-il lancé en direction du président français. Des déclarations qui ont déplu à la France qui n'a pas voulu répondre, lors de cette session, mais un diplomate français, sous couvert de l'anonymat, a jugé dans une déclaration en marge, ces remarques (russes et vénézuéliennes) sur la France de "déplacées et hors sujet".
La crise des "gilets jaunes" s'était également invitée dans la brouille diplomatique, il y a quelques semaines, entre l'Italie et la France, en désaccord sur la crise migratoire, rappelle-t-on.
Au cours de la première semaine de janvier, le vice-Premier ministre italien et ministre du Développement économique, Luigi Di Maio a écrit sur son blog : "Gilets jaunes, ne faiblissez pas !", au moment où l'autre vice-Premier ministre, Matteo Salvini, en charge du portefeuille de l'Intérieur, a affiché clairement son soutien à ce mouvement.
"Je soutiens les citoyens honnêtes qui protestent contre un président gouvernant contre son peuple", avait-il dit.


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