Algérie

France: La reconnaissance du massacre du 17 octobre mobilise



Un «Appel pour la reconnaissance officielle de la tragédie du 17 octobre 1961» a été lancé par le site d'informations Mediapart que dirige Edwy Plenel et il a reçu le soutien de nombreuses personnalités françaises.

Cet appel intervient alors que le déni marque encore très largement les esprits de la droite française. A l'image de ce Conseil général qui a interdit à la municipalité de Colombes, sans motivation, d'installer une plaque commémorative de l'évènement «sur le domaine public départemental». C'est une responsable locale de droite, Nicole Goueta, qui a livré «l'explication» avec des argumentaires de type OAS. «Cette commémoration n'a pas lieu d'être. Souvenons-nous que les gens du FLN étaient des terroristes à l'époque….». Aussi simple que ça. Cette vision de l'histoire est très répandue au sein de l'establishment français, de droite notamment, ce qui explique la fameuse loi glorifiant le colonialisme. Pour eux, les massacres étaient aussi des «bienfaits» dont ils n'auraient pas à rougir. Et qu'ils seraient même enclins à revendiquer. Au niveau officiel, on se refuse toujours à admettre que c'est à Paris qu'a eu lieu le premier crime de masse en Europe après la Seconde Guerre mondiale.

LE TEMPS DE LA «RECONNAISSANCE OFFICIELLE»

Pendant longtemps, il n'y a eu «officiellement» que 3 morts avant d'admettre «32 morts» alors que le bilan tourne autour de centaines. Face à ces justificateurs du crime, l'appel de Mediapart fait un rappel historique concis sur un évènement que les pouvoirs français successifs veulent faire oublier. Et que certains voudraient au fond légitimer. Face à cet esprit OAS persistant, les faits sont énoncés. Un couvre-feu «raciste» visant exclusivement les «Français musulmans d'Algérie» a été imposé, avec l'accord du gouvernement français, par le préfet Maurice Papon. Une manifestation pacifique contre ce couvre-feu a été organisée le mardi du 17 octobre avec la participation de près de 30.000 personnes. «La répression policière de cette protestation non violente est une des pages les plus sombres de notre histoire» souligne l'appel. «Longtemps dissimulée à l'opinion et désormais établie par les historiens, elle fut féroce : onze mille arrestations, des dizaines d'assassinats, dont de nombreux manifestants noyés dans la Seine, tués par balles, frappés à mort». Les auteurs de l'appel estiment que «le temps est venu d'une reconnaissance officielle de cette tragédie dont la mémoire est aussi bien française qu'algérienne. Les victimes oubliées du 17 octobre 1961 travaillaient, habitaient et vivaient en France. Nous leur devons cette justice élémentaire, celle du souvenir». Pour eux, la reconnaissance des «crimes du 17 octobre 1961» permettra d'ouvrir les «pages d'une histoire apaisée entre les deux rives de la Méditerranée. En 2012, l'Algérie fêtera cinquante ans d'une indépendance qui fut aussi une déchirure française. A l'orée de cette commémoration, seule la vérité est gage de réconciliation». L'appel a reçu l'appui des personnalités connues dont le résistant Raymond Aubrac, Stéphane Hessel, auteur de «Indignez-vous», le sociologue Edgar Morin, l'écrivain et philosophe Régis Debray et l'ancien Premier ministre Michel Rocard. Les écrivains Azouz Begag, Nancy Huston, François Maspero, le patron du «Nouvel Observateur», Jean Daniel, du responsable associatif Mouloud Aounit ou de l'anthropologue Dounia Bouzar. Parmi les signataires on retrouve également les historiens Jean-Luc Einaudi et Benjamin Stora.

INDIGENES DE LA REPUBLIQUE : «UNE MISE EN GARDE INAPPROPRIEE»

«Ni vengeance, ni repentance, mais justice de la vérité et réconciliation des peuples : c'est ainsi que nous construirons une nouvelle fraternité franco-algérienne.», c'est ainsi que se termine l'appel. Une conclusion qui semble s'adresser à ceux qui, en Algérie, réclament des excuses à la France. En tout cas, le Parti des Indigènes de la République (PIR), en relève l'ambiguïté : «Si l'on s'accorde sur la nécessité d'une reconnaissance du crime par l'État français, qu'est-ce qui est au juste mis en cause sous les termes de «vengeance» et de «repentance» ? Les initiateurs de cet appel craignent-ils que les anciens colonisés et leurs descendants aillent «trop loin», qu'ils et elles fassent preuve de «ressentiment» ou de «haine» ?...».

Le PIR estime de ce fait nécessaire de rétablir les choses : «nous n'exigeons pas de chaque Français qu'il se «repente» mais de l'État qu'il reconnaisse ses crimes comme nous exigeons de lui des excuses officielles ainsi que l'inscription dans les programmes scolaires des crimes coloniaux». Pour le PIR, les «mises en garde de l'appel parrainé par Mediapart sont donc au mieux inappropriées, au pire insultantes».




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